Trois hommes seuls de Christian Oster : Corse poursuite

Pour accéder au village de Marie situé au Cap Corse l’auteur doit parcourir « des chaussées et virages problématiques au gré d’une route de plus en plus étroite, bordée de parapets effondrés qui (….) révélaient des gouffres » en s’efforçant, «vraiment d’arriver, maintenant vite, freinant au contraire dans un mélange de précaution et d’impatience ».





Pour apprécier le nouveau roman de Christian Oster, le lecteur suivra ce rythme qui doit plus aux caractères des personnages qu’à la géographie routière.

On ne parlera pourtant pas de psychologie : les héros de Christian Oster n’en ont pas. Ils sont dessinés en gros traits puissants décrivant des êtres aux prises avec leur désœuvrement, leur déréliction, leurs quêtes indécises.

Dans Trois hommes seuls, Serge, le narrateur, doit rapporter une chaise que Marie, son ex-compagne, a laissée à Paris voici deux ans.

Il se fait accompagner par Marc, une récente connaissance qu’il pratique de temps en temps sur un court de tennis et qui n’a pas grand-chose à faire en ce mois de juillet, si ce n’est apercevoir une femme au métro Miromesnil mais qu’il n’ose aborder.

Se joint à eux Kontcharski, un ami de Marc qui pourchasse sa passion : il est funambule mais ne peut plus pratiquer son activité depuis son accident. On trouvera peut-être en lui l’allégorie de l’auteur en équilibre entre l’anecdotique et la virtuosité de son écriture.

Les trois hommes qui se connaissent à peine, conjuguent leur errance dans un périple où le hasard, l’hésitation, les possibilités de l’espoir où toutes les hypothèses de l’échec sont examinées, en sont les principaux ingrédients.

Sur cette route, ils poursuivent chacun de leur coté leur propre quête : l’amour de Marie, la rencontre avec la belle inconnue, l’émotion de l’équilibre.

Cet ouvrage ne diffère pas des autres romans de Christian Oster qui, livre après livre, dresse toute une variation chromatique sur le désenchantement et l’ambition velléitaire. Sur le mode anodin, ajoutant l’humour au sourd désespoir, cet écrivain construit une œuvre magistrale où il ouvre des questions dont on sent qu’elles n’ont pas de réponse.

Trois hommes seuls
Christian Oster
Les Editions de Minuit
174 pages
13 euros
Trois hommes seuls

Article publié le 27/10/2008 à 09:16 | Lu 3485 fois