Moustic en gros : contre le jeunisme à tout prix

Dans son premier spectacle « Moustic en gros », qui passe actuellement à Paris au Théâtre du Rond Point, le célèbre présentateur du journal « Bienvenue au Groland » de Canal+, le trublion quinquagénaire Jules-Édouard Moustic part en guerre contre le jeunisme ambiant...





« Ce matin, je me suis levé heureux comme un lapin. Le chien du voisin n’a pas encore aboyé, signe répétitivement chronique m’indiquant qu’il est dehors. Ses maîtres dorment encore, le cabot doit être rempli de pisse. »

Il lui en arrive de belles, des histoires pas ordinaires… À force de regarder autour de lui Moustic (Christian Jules-Édouard Borde) voit le monde autrement. Autrement, c’est-à-dire tel qu’il est dans la vie de tous les jours –celle qu’on ne voit pas justement parce qu’on l’a devant les yeux. Jules-Édouard Moustic a le don de l’observation.

L’oeil vif, l’oreille fine, les sens en éveil. À force de présenter le magazine de l’actualité hebdomadaire d’un pays imaginaire, la présipauté de Groland, il darde sur notre quotidien un oeil aiguisé. À sa façon, il sait prendre de la distance et noter des détails inaperçus sur lesquels il ne manque pas d’exercer son esprit critique. Alors, observant le monde, il s’observe lui-même au passage et constate autour de lui, partout, un jeunisme qui fait rage. Or, dit-il, « en tant qu’ancien jeune, pour ma part je vieillis ».

Est-ce normal ? Faut-il s’en inquiéter ? Il ne voudrait pas passer, quand même, pour un de ces vieux râleurs donneurs de leçons dont il se gausse lui-même régulièrement. Sauf que depuis un certain temps, quand il regarde un boîtier de cd, il a du mal à lire ce qui est écrit dessus. Sur le moment, c’est vexant. Puis on s’y fait. Alors voilà, face à la « juvénitude » ambiante, il l’affirme sans complexe : « c’est vrai, je suis vieux comme l’actrice, là. Mais si ! Oooh ! La blonde qui est mariée avec l’autre, là. Roooh ».

Jules-Edouard Moustic, de quoi parle ce spectacle ?
D’abord d’un constat, celui du jeunisme forcené qu’aujourd’hui on retrouve partout. Or, je suis contre cette mode du jeunisme à tout prix. Donc je me pose la question : à partir de quand est-ce qu’on vieillit ? Le personnage que j’interprète et qui n’est autre que moi-même, Christian Borde, s’adresse au public en lui montrant des photos avec son père, sa mère, etc. - précisons qu’en réalité, on ne voit rien sur ces photos, ce sont des carrés de lumière, c’est au spectateur d’imaginer. Cela remonte aux années d’enfance et, de cette façon, je peux évoquer plusieurs époques de ma vie.

Le tout pour en arriver à cette question amère, de l’ordre du constat : suis-je vieux ? C’est quelque chose qui vous prend par surprise, ce constat, quand, par exemple, vous essayez de lire le titre d’un album sur une pochette de CD et que c’est impossible sans lunettes. Sur le moment, c’est très vexant. Mais on sait qu’on a encore de la marge
.

On vous connaît notamment parce que vous présentez les informations de la Présipauté de Groland sur Canal +, mais c’est beaucoup plus surprenant de vous voir aujourd’hui sur les planches dans un one man show. C’est la première fois que vous faites ça ?
Oui, c’est plutôt nouveau pour moi. À la télévision je parle devant un public, mais ce n’est pas du tout pareil. Quand on est seul sur scène, on est à poil. J’entre, je n’ai rien à quoi m’accrocher, pas même un piano. Du coup, le premier rire qui éclate, c’est comme une couette ; aussitôt on se sent protégé. Après on est porté, stimulé. Quand Jean-Michel Ribes m’a proposé de faire ce spectacle, j’ai dit « oui », comme ça, sans réfléchir. Mais après j’étais mort de trouille. J’ai commencé à ne plus dormir. J’ai me suis mis à écrire, mais j’étais déconcerté. Il ne s’agissait plus de sketches de deux minutes comme ce que je fais pour la télévision. Cette fois il fallait capter l’attention du public pendant tout un spectacle. Et puis après quelques nuits blanches, c’est venu.

Petite bio de Christian Jules-Édouard Borde

Christian Borde a passé plus de 10 ans dans le son avant de devenir co-créateur de Groland, corédacteur et présentateur de Bienvenue Au Groland sur Canal+ en tant que Jules-Édouard Moustic.

En 1975, après avoir compris le but des études de commerce en quittant simplement ladite école, Christian décroche son premier boulot à RTL en devenant assistant du technicien de Michel Drucker. Il rejoint ensuite Radio Andorre en tant qu’animateur chargé de la programmation et de la réalisation musicale, avec entre autres, le passage remarqué du titre Flamenco de Moustaki en pleine agonie de Franco. Christian continue sa visite des principautés en 1978, intégrant la grande radio RMC de l’époque où il devint réalisateur, programmateur, concepteur et animateur de plusieurs émissions. En 1988 il intègre Europe 1 en tant que conseiller artistique tout en poursuivant son activité d'auteur pour les "Nuls".

Tout en poursuivant Groland, il crée la Radio périphérique "I Have A Dream" en Août 2006 sur les ondes du Pays Basque sur 95 FM, avec une programmation éclectique, alternative et diverse dans les couleurs des musiques d’ici ou d’ailleurs, Il y devient à la fois, technicien, réalisateur, programmateur. Débarrassée des publicités et autres blablas, la radio "I Have A Dream" est un projet complémentaire, unique en son genre dans le paysage radiophonique français, diffusée sur le site de www.canalplus.fr en streaming.

Infos pratiques

Moustic en gros
Mise en scène Ahmed Hamidi
Avec Jules-Édouard Moustic
Du 3 au 31 décembre, 21h
Représentations supplémentaires les samedis à 18h30 – dimanche, 15h30 – relâche les lundis et les jeudis
La représentation du 31 décembre aura lieu à 18h30.

Théâtre du Rond-Point - salle Jean Tardieu (176 places)

Plein tarif / 28 euros ; groupe (8 personnes minimum) / 20 euros ; plus de 60 ans / 24 euros demandeurs d’emploi/16 euros ; moins de 30 ans/14 euros ; carte imagine R/10 euros
Réservations au 01 44 95 98 21, au 0 892 701 603 (0,34 euros/min) et sur www.theatredurondpoint.fr

Article publié le 15/12/2008 à 11:16 | Lu 5799 fois