La cantatrice avariée de Pierre Jourde : la croupie du pianiste

C’est un drôle de roman et un roman drôle où des personnages beckettiens évoluent entre burlesque et profondeur, flatulence et évanescence. Ils ébrouent leur exténuation, et celles de leurs comparses, dans un récit au titre tout aussi absurde que celui de Ionesco.


Chauve, la cantatrice, on la connaissait. Avariée, on se précipite pour la rencontrer.

Ce livre ne se résume pas. On dira seulement que l’action se passe dans un vieux château qui abrite une secte dont les deux héros, Bada et Bolo, ont la charge de recruter et de préserver le dogme.

Le gourou, avant de disparaître, avait préconisé de « manger des flageolets », « d’honorer la nature et vivre nus ». Le pétomane avait fixé le canon et les théoriciens d’expliquer que le fayot « éveille dans l’intimité cette circulation de souffles en lesquels la vile matière se spiritualise ».

Laissés à eux-mêmes les membres de la secte sont entraînés dans les péripéties les plus absurdes.

Cette littérature de l’excès dessine des personnages qui pourraient bien être moins extravagants qu’il n’y parait. La démesure de la narration (à elle seule elle suffit à faire aimer le livre), cache un propos plus sérieux. N’est-ce pas Bala qui lance cette sentence : « Nous sommes (…) des personnages dans les histoires que le Très Haut se raconte pour tromper l’ennui de l’éternité ».

A l’image d’un autre personnage, on lit ce roman pour « jouer avec les hypothèses métaphysiques, pour me dérouiller le cerveau, pour meubler mon ennui ». Réussi.

La cantatrice avariée
Pierre Jourde
Editions l’Esprit des péninsules
261 pages
19.90 euros
La cantatrice avariée

Publié le 13/10/2008 à 09:34 | Lu 3533 fois





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