Thierry Lopez EST Charlotte au Théâtre de poche Montparnasse

Le spectacle qui nous est proposé aujourd’hui fit un tabac cet été au festival Off d’Avignon. Il est donné en ce moment au Théâtre de Poche Montparnasse, qui mérite bien son nom puisque la salle où il se joue contient à peine 100 places. La pièce, écrite par Doug Wright, fut jouée sur de nombreuses scènes outre-Atlantique. Elle a reçu le Prix Pulitzer du texte dramatique.





Le texte est tiré d’une histoire vraie. Lothar Berfeld, né à Berlin dans les années 20, découvre bien vite qu’il préfère les robes de sa tante plutôt que les rudes pantalons que son père l’oblige à porter. C’est alors qu’il devient officiellement Charlotte von Mahlsdorf, au grand dam de ses parents, farouches partisans du régime en place.
 
Charlotte est une énigme : il a réussi à traverser le nazisme pendant la guerre, puis résister à la Stasi de l’Allemagne de l’Est sans jamais renoncer à son travestissement, ni être inquiété. Par quelles compromissions ? C’est ce que nous raconte l’intéressé dans une suite de confessions libres ou suscitées par l’interview de divers journalistes, rôles tous tenus par le même comédien.
 
On avait vu récemment Thierry Lopez dans une reprise de Nuit d’ivresse, de Josiane Balasko, au Théâtre de la Michodière. On retrouve avec plaisir son jeu tout en finesse, jusque dans ses silences et, son air malicieux.
 
Parti pris original, il a choisi de garder la barbe et son visage masculin, sans aucun maquillage, peut-être par allusion  à la chanteuse autrichienne qui se fit remarquer lors d’une récente édition de l’Eurovision. Pendant une heure et demie, au milieu d’un décor presque surréaliste, il égrène par fines touches, le fil de sa vie passée, dans une chronologie parfois bousculée, avec un humour souvent féroce.
 
La mise en scène est assurée par son complice de toujours, Steve Suissa, maintenant bien connu et reconnu par tout le milieu théâtral. Dans un ballet savamment réglé, Charlotte, toute de noir vêtue, balaye la scène sur ses hauts talons en entrouvrant puis refermant sa jupe finement plissée, laissant alors découvrir des dessous pailletés des plus affriolants.
 
Le décor où elle se déploie reproduit symboliquement le fameux musée de Berlin, qui existe encore, avec de nombreux gramophones à pavillon et un buffet dont les tiroirs sont remplis de meubles miniature.
 
Le temps passe bien vite et l’histoire se termine alors qu’on aimerait encore y goûter un peu plus longtemps. Mais en fait, comme le dit lui-même l’auteur, tout ceci n’est qu’un conte, juste là pour nous faire rêver.

Alex Kiev

Ich bin Charlotte de Doug Wright

Théâtre de Poche Montparnasse
75 Boulevard du Montparnasse
75006 Paris

du mardi au samedi 21h  dimanche 15h

Article publié le 25/09/2018 à 02:00 | Lu 2599 fois