Peut-être une histoire d’amour de Martin Page : Clara et l‘échec type

Virgile est rédacteur dans une agence de publicité parisienne. On sait aussi de lui qu’il habite vers la gare du Nord, dans un immeuble où tous les autres appartements sont occupés par des prostituées.


Trois fois par semaine, il fait du yoga et se rend à la même fréquence chez sa psychanalyste. Il a trente et un ans, porte des cols en V, n’utilise que des Bic orange à pointe noire et est hypocondriaque.

Rien de bien enthousiasmant donc, ni de bien triste non plus. Il ne faut pas s’étonner si son travail dans la publicité lui convient : « De quelque chose d’apparemment très trivial, il avait trouvé matière à penser et à rêver. Cela participait à rendre sa condition supportable. »

On devine que sa vie sentimentale est à l’image de sa vie professionnelle. Il vit seul sans conviction, habitué à être régulièrement lâché par ses compagnes.

Attitude décevante pour qui voulait être un Rastignac de l’amour. « En arrivant à la gare Montparnasse, dit le narrateur, l’année de ses dix-huit ans, Virgile avait décidé que Paris serait l’objet de son amour, parce qu’il fallait bien mettre son amour quelque part ».

Pourtant un soir, sur son répondeur téléphonique, il écoute ce message : « Virgile, c’est Clara. Je suis désolée, mais je préfère qu’on arrête là. Je te quitte Virgile, je te quitte ». Une rupture n’est jamais agréable. Encore moins quand on ne connait pas la personne qui rompt.

Qui est cette Clara ? Existe-t-elle d’ailleurs ? L’a-t-il rencontrée lors d’une soirée chez Maud ? Est-ce là que tout a commencé, s’il y a eu un commencement ? Aucun souvenir. Mais ses amis sont déjà au courant de sa rupture.

« Comme on ne peut ni devenir heureux ni renoncer à l’être », il cherchera à faire, peut-être à refaire, sa connaissance.

Martin Page manie le drôle et la gravité dans cette comédie douce-amère des sentiments. Il fait apparaître dans ce roman attachant le visage de l’autre, si cher à Lévinas, qui à peine aperçu se noie dans l’inconsistance du réel.

Peut-être une histoire d’amour
Martin Page
Editions de l’Olivier
197 pages
18 euros
Peut-être une histoire d’amour de Martin Page : Clara et l‘échec  type

Publié le 15/12/2008 à 10:24 | Lu 4132 fois