Personnes âgées au volant ? Faut-il légiférer ?

C’est une question qui revient sans cesse… A chaque fois qu’une personne âgée est responsable d’un accident de la route grave… Alors qu’un conducteur de 92 ans a fauché samedi dernier, sept passants à Paris blessant grièvement une jeune femme, le père de la victime demande à ce que l’on contrôle l’aptitude des ainés à continuer à conduire.





La conduite des seniors et plus précisément, celle des personnes âgées est un sujet toujours délicat… En effet, avec le vieillissement des populations, de plus en plus d’ainés se retrouvent sur les routes derrière un volant.
 
Or, pour ces ainés, conduite rime souvent avec autonomie et liberté d’action. Notamment en province et à la campagne où les transports en commun sont moins développés que dans les grandes villes.
 
Mais dans ce contexte démographique sans précédent, une question revient régulièrement sur le devant de la scène : les seniors doivent-ils être contrôlés pour vérifier leur aptitude à la conduire ? Sont-ils responsables de plus d’accidents de la circulation que les autres conducteurs plus jeunes ? Les ainés sont-ils plus dangereux sur la route ?
 
Des questions que l’on se repose depuis le week-end dernier. En effet, un monsieur de 92 ans, a fauché sept personnes à Paris en blessant grièvement trois. Parmi elle, une jeune femme qui a du être amputée d’une jambe. C’est le papa de cette jeune femme, très en colère et cela se comprend, qui réclame que les personnes âgées soient contrôlées afin qu’on vérifie leurs aptitudes à la conduire.
 
En l’occurrence, il semblerait que le conducteur nonagénaire ait fait un malaise au volant ; s’encastrant avec son véhicule dans un magasin de fleurs de Convention dans le 15ème arrondissement.
 
Suite à ce dramatique accident, le père de la victime interrogé par RTL a indiqué : « ce que je constate c'est qu'il y a une législation qui est tout à fait normal contre l'alcool au volant mais qu'il n'y a rien pour les personnes qui conduisent mais qui ne sont pas aptes à conduire. Ce n’est pas un combat contre les personnes âgées, c’est vérifier l’aptitude des personnes au volant. A partir d’un certain âge, il y a vraiment des contrôles, des visites médicales qui me semblent nécessaires ».
 
L’année dernière, l’Institut coréen de recherche en assurances, le Kiri, estimait que plus de 29.000 accidents de la route avaient été causés en Corée du sud par des conducteurs de 70 ans et plus, soit quatre fois plus que le chiffre enregistré en 2006… Pour le Kiri, en 2016, les seniors ont été responsables de 3,8% des accidents routiers, soit une multiplication par trois (vs 1,3%) par rapport à il y a dix ans.
 
Selon Anne Laveau, la directrice de la Prévention routière, a assuré sur RTL que, sur les routes, les seniors sont davantage tués que les autres : « les chiffres sont là, les seniors ne sont pas plus responsables que les autres d'accidents et ils sont plutôt davantage victimes, puisqu'il y a 25% des décès en France qui sont des seniors, alors qu'ils représentent 19% de la population. Et la plupart du temps, ils sont victimes en tant que piétons ».
 
Et d’ajouter : « il ne faut absolument pas stigmatiser les seniors parce qu'ils savent gérer la baisse de leurs fonctions cognitives et souvent, simplement, tout naturellement ils cessent eux-mêmes de conduire ».
 
Rappelons qu’en France, tout comme en Allemagne ou en Suède d’ailleurs, une fois délivré, le permis se conserve à vie. En revanche, en Suisse ou en Italie, le permis est remis en question régulièrement par le biais de visites médicales.

Chez nos amis Helvètes, l’Office fédéral des routes indiquait en 2017 que le nombre de retrait de permis pour « inaptitude à la conduite » avait augmenté de plus de 10% chez les personnes âgées. Chez nos voisins italiens, le permis de conduire doit être renouvelé tous les 5 ans après 50 ans. De son côté, le ministre l’Intérieur Christophe Castaner a exclu toute idée de limiter l’usage du permis de conduire pour les personnes âgées ou de mettre en place un examen médical.
 
Il y a deux ans, on apprenait que la police nationale japonaise lançait une action offrant aux conducteurs/trices âgé(es) d’échanger leur permis de conduire contre des ramens (plats de nouilles) à prix réduits. Un « deal » pour le moins étonnant. Autre option ? Une entreprise japonaise de pompes funèbres de la préfecture d’Aichi, toujours au Japon, propose d’échanger le permis contre des obsèques à tarifs réduits.

Article publié le 02/11/2018 à 00:05 | Lu 3325 fois