Les petits sacrifices de Caroline Sers : une famille fort minable

C’est l’histoire d’une emprise matriarcale sur une famille où l’amour n’est que la forme polie du respect. Dans cette famille, chaque membre y est fermement ancré et n’a qu’un seul désir : en partir.


Peut-être parce que le ressentiment est un moteur plus puissant que le sentiment. Ce que l’on respecte ici le plus c’est le respect, la soumission à la tradition.

Caroline Sers raconte l’histoire de cette famille bourgeoise dans un livre glacial où l’on se prend de sympathie pour les personnages. Elle fait commencer la saga en 1914 pour la clore en 1953 ; de la mort de Jaurès à celle de Staline.

Le 31 juillet 1914, les Dutilleul organisent comme chaque année la « fête de l’été » où sont invités les notables de la région. Alors que l’assassinat du socialiste et que les rumeurs de l’imminence de la guerre commencent à courir parmi les convives, le maître des lieux apparait sur le perron tout ensanglanté : il vient de tuer un de ces meilleurs clients.

Pendant ce temps, la petite Charlotte confie à sa mère qui fera tout pour étouffer l’affaire, qu’elle venait d’être agressée dans le bois du domaine par un des invités.

Sur trois générations, l’auteur dresse le portrait accablant d’une certaine éducation à travers le destin de trois femmes implacables, tour à tour fille et mère.

La dénégation du malheur est le précepte principal. L’apparence, si ce n’est du bonheur, mais au moins de la tenue, est la vertu cardinale.

Caroline Sers rend envoutant ce récit grâce à une construction parfaitement maitrisée impliquant les époques et les personnages à la façon d’un puzzle, montrant ainsi que les drames, aussi tus soient-ils, sont toujours vivants.

Les petits sacrifices
Caroline Sers
Editions Buchet et Chastel
302 pages
19 euros
Les petits sacrifices de Caroline Sers : une famille fort minable

Publié le 17/11/2008 à 10:54 | Lu 4231 fois