Les déferlantes de Claudie Gallay : le retraité de La Hague


« A La Hague, les vieux et les arbres se ressemblent, pareillement torturés et silencieux ». Comme le fantasque Théo, l’ancien gardien de phare.

Le 19 octobre 1967, celui-ci éteignit la lanterne du phare car il ne supportait plus que les oiseaux, attirés par la lumière, viennent se fracasser dessus. Cette nuit-là, un voilier sombra, accroché par les rochers. Des passagers, on ne retrouva que le père et la mère, morts, rejetés par la mer. Paul, l’enfant, fut compté disparu.

Lambert, l’aîné des fils, resté sur la côte est le seul survivant de cette famille. Il revient quarante ans plus tard sur les lieux du drame pour vendre. La narratrice arrive au même moment. Elle est ornithologue et est nommée dans la région pour compter les oiseaux.
Les déferlantes de Claudie Gallay : le retraité de La Hague

Elle est témoin d’une scène qui se déroule dans la lande au bord de la mer : Lambert et Nan se rencontrent. La vieille déraisonne depuis que sa famille eut péri dans un naufrage non loin de là. Elle dit à Lambert : « c’est bien que tu sois revenu » et l’appelle Michel.

Qui est ce Michel ? La narratrice est là pour le découvrir. Lambert, lui suit une autre enquête. Il veut savoir pourquoi le vieux Théo a éteint le phare, s’il reconnaît sa culpabilité dans le naufrage du voilier.

Ce roman, on pourrait dire ce thriller de Claudie Gallay, est remarquablement maîtrisé. Petit à petit, l’auteur fait entrer le lecteur dans l’intimité de ses personnages, dans leur drame personnel qui cognent celui des autres, dans leurs interrogations, dans leurs frustrations.

Chaque protagoniste porte son propre roman. Dont celui de la narratrice toujours présent, jamais dit.

Et puis, il y a l’environnement de La Hague, de cette pointe rude et grandiose du Cotentin, la présence obsédante de la mer... des oiseaux, du vent et de… Prévert.

Les déferlantes
Claudie Gallay
Editions du Rouergue
525 pages
21.50 euros

Publié le 08/09/2008 à 07:56 | Lu 4193 fois