Le Montespan de Jean Teulé : ébats c’est moi !





Jean Teulé s’est fait une spécialité de débusquer des personnages extravagants, tantôt imaginaires, tantôt historiques. Ils ont pour point commun d’être en décalage avec la société dans laquelle ils vivent. Ce sont des naïfs et des gens purs.

Est-ce pour cela que leurs actes passent pour des provocations ? Louis Henri de Pardaillan, l’oublié mari de l’illustre marquise de Montespan, est l’un d’eux.

Son incongruité c’est l’amour qu’il porte à son épouse car au 17ème siècle, il était risible d’aimer sa conjointe, qui plus est quand celle-ci est la favorite du Roi Soleil.

Le marquis est déjà ruiné quand sa femme entre à la cour du roi. Là où n’importe quel courtisan y verrait un immense honneur et une source de profit, Louis-Henri, passionnément amoureux de sa marquise n’a de cesse de la reprendre et refuse tous les avantages incombant à sa condition de cocu.
Le Montespan de Jean Teulé : ébats c’est moi !

Son aventure est relatée par un Jean Teulé au meilleur de son art. Son écriture nous plonge dans l’atmosphère du Grand Siècle, mélange de raffinement et de préciosité où la férocité des épigrammes relève de l’orfèvrerie. C’est aussi, Jean Teulé le restitue à merveille, un siècle ou la vulgarité confine à l’ignominie.

C’est un roman historique à la manière de Dumas. C’est aussi un roman de mœurs à la manière de Balzac. Rebondissement, duel, escarmouche, emprisonnement, tentative d’assassinat, évasion, déguisement, ruse s’enchaînent tout au long de ce récit.

Les épisodes sont mis au service d’une histoire qui raconte à quel point la convoitise est le moteur de la société qui gravite autour du Roi Soleil et est érigée en vertu cardinale.

Ridicule est celui qui ne joue pas le jeu. Ridicule mais touchant.

Le Montespan
Jean Teulé
Editions Julliard
333 pages
20 euros

Article publié le 09/06/2008 à 08:44 | Lu 3691 fois