Le Horla au théâtre Michel : conquis par la magie du texte et le jeu de l'acteur

Mettre en scène Le Horla, nouvelle écrite par Maupassant en 1887, semble une gageure difficile à réaliser. Le metteur en scène Slimane Kacioui y parvient pourtant parfaitement bien. Pour tout décor, il nous propose une chaise, un tréteau et un petit carnet que le narrateur ouvre et remplit de temps en temps. Il n’en faut pas plus pour camper le décor et nous plonger dans l’ambiance, bien aidé par un éclairage judicieusement réglé.


Lorsque Maupassant écrivit cette nouvelle, les ravages de la maladie se faisaient déjà fortement sentir, qui créaient chez lui, angoisses et hallucinations.
 
Pourtant, Florent Aumaître, par son jeu très original, nous donne une image très éloignée de la folie qu’on attribuait généralement à l’auteur et plus proche, au bout du compte, d’une forme de possession diabolique. Son narrateur est un être joyeux, plein d’humour, aimant la vie, la bonne chère et les femmes.
 
Mais un Trois Mâts brésilien est passé sur la Seine, juste sous ses fenêtres, par un bel après-midi de printemps, déposant sur son passage un être invisible qui ne se nourrit que de lait et d’eau et qui va s’installer chez notre narrateur.
 
Alors tout se dérègle pour lui. Le Horla -c’est ainsi qu’il le nomme- prend possession de son corps et de son esprit nuit et jour. Il va mieux quand il parvient à s’échapper de chez lui, mais retombe sous son emprise dès qu’il y revient. Pendant toute la durée du spectacle -une bonne heure- le spectateur qui ne connaît pas l’œuvre espère jusqu’au bout une heureuse issue. Mais l’inévitable se produira malgré tout.

Le metteur en scène a choisi de donner l’intégralité de l’œuvre et le connaisseur retrouvera toutes les scènes cultes de l’œuvre : le voyage au Mont Saint-Michel, la séance d’hypnose chez Madame Sablé et bien sûr, la scène finale que l’on ne dévoilera pas ici.
 
On ressort de la salle conquis par la magie du texte et le jeu de l’acteur, vaguement inquiet que cela puisse peut-être nous arriver à nous aussi mais pas vraiment effrayé car l’histoire qui nous a été contée était, grâce au ton de cette production, plus fantastique que terrifiante.
 
Belle performance d’acteur pour Florent Lemaître qui vit son texte chaque soir avec la même intensité depuis plusieurs années, en Avignon tout d’abord puis sur plusieurs scènes de province avant d’aboutir dans la capitale au Théâtre du Petit Hébertot  d’abord, puis maintenant au Théâtre Michel.
 
N’attendez pas le 6 mai, dernière date de ce spectacle, pour y aller ! Ce sera en plus l’occasion de (re)découvrir le ravissant Théâtre Michel, petit théâtre à l’italienne d’une capacité de 300 places qui convient bien à de telles productions et dont la programmation récente met en appétit les amateurs de beaux textes.

Par K. A.
 
Le Horla, de Guy de Maupassant, avec Florent Aumaître
Mise en scène de Slimane Kacioui
Théâtre Michel 38 rue des Mathurins 75008 Paris
Mardi et Mercredi à 19 heures 


Publié le 21/03/2017 à 01:00 | Lu 1227 fois





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