Golden Gate de Vikram Seth : plus belle la rime

On ne sait pas s’il faut saluer le plus : l’exploit de l’auteur ou la prouesse du traducteur.
« Golden Gate » est un roman. Ce qui fait son attrait c’est qu’il est rédigé en vers octosyllabiques dans sa version originale, transformés en alexandrins car ils conviennent mieux au mètre français.


Certes, ce récit est à la poésie ce que « Plus belle la vie » est à la « Comédie humaine ».

Mais ne boudons pas notre plaisir, d’autant plus qu’il est grand.

L’histoire conte les tribulations amoureuses d’un petit groupe de Californiens trentenaires qui s’emberlificotent dans la complexité des sentiments. Union, désunion, rabibochage, dispute, espoir, désespoir sont les moteurs de l’intrigue.

Sont aussi abordés, sur le ton satirique, les thèmes du libéralisme, de l’écologie, du couple et de la religion.

Les 589 sonnets (et quelques autres tout aussi savoureux ; on laisse la surprise au lecteur de les découvrir) se lisent d’une seule traite tant le rythme est fluide, la sotie maitrisée, le rire, comme l’amertume, au rendez-vous.
Golden Gate de Vikram Seth : plus belle la rime

Extrait

Afin que ce début soit vif et non pesant
Salut, ô Muse. Il était une fois, lecteur,
Un homme vivant dans les années mil neuf cent
Quatre-vingt, du nom de John, et qui avait l'heur
De réussir en tout, bien qu'il ne fût âgé
Que de vingt-six printemps, solitaire et loué ;
Un soir, alors qu'il traversait Golden Gate Park,
Un frisbee rouge qui décrivait un mauvais arc
Manqua le raccourcir. De là cette question :
" Si je viens à mourir, qui donc me pleurera ?
Qui sera triste, allons, et qui se réjouira ?
Y aura-t-il quelqu'un ? " Cette interrogation
Etant trop déprimante, il préféra passer
A des cogitations un peu moins compassées.

(Source Grasset)

Golden Gate
Vikram Seth
(Traduit de l’anglais (inde) par Claro)
Editions Grasset
343 pages
20 euros

Publié le 22/06/2009 à 09:48 | Lu 2439 fois





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