Super Pif : Pif Gadget ressort en kioques... sans gadget !

Pif revient ! Encore une fois. Ce magazine pratiquement quinquagénaire est ressorti hier dans les kiosques dans un numéro hors-série estival. Sans gadget mais avec tous les héros de l’époque ! En tout, 192 pages de BD et de jeux avec bien sûr, Rahan, Corto Maltese, Supermatou, etc. Alors assurément, Super Pif, un magazine totalement transgénérationnel ! Nostalgie, nostalgie...


Voici une information qui devrait ravir les baby-boomers… En effet, le magazine Pif ressort en kiosques sous le nom de Super Pif. Une nouvelle fois. Né en 1969, ce journal pour enfants avait disparu en 1993 pour renaitre en 2004 et redisparaitre en 2009… Aujourd’hui Pif revient dans un beau hors-série estival de 192 pages. Mais sans gadget. Pourquoi pas finalement…
 
A l’occasion de cette reparution revenons sur l’histoire de ce magazine mythique. A l’origine, Pif Gadget est une émanation de Vaillant, magazine proche du Parti Communiste, lancé à la Libération, en 1945. Après plus de vingt années d’existence, les ventes s’effritaient à chaque nouveau numéro. Son orientation politique, faisait que le magazine était boycotté par certains kiosquiers ou même par les parents.
 
La direction du journal s’inquiète alors et cherche une solution pour relancer le titre. Le magazine commence par changer de nom. En 1965 il est devient le Journal de Pif, du nom d’un personnage de BD publié dès 1948 dans le quotidien L’Humanité. Puis, la rédaction décide d’abandonner les histoires « à suivre » pour proposer un hebdomadaire « tout en récits complets ». Mais l’éclair de génie, le coup de maître, reste sans aucun doute l’arrivée du fameux gadget.
 
La nouvelle version du magazine Pif, inscrit en grosses lettres blanches sur fond rouge, est officiellement lancée le lundi 24 février 1969 au prix de 2 francs avec un premier gadget : les lunettes sidérales. A cette époque les gadgets ne sont pas de simples jouets à construire, ils se doivent d’être pédagogiques. Selon Richard Medioni, ancien redac’chef et responsable en charge du choix de ces gadgets, « l’objectif était à la fois d’étonner et d’apprendre, il fallait permettre aux enfants de mener des vraies expériences ».
 
Qu’elles proviennent de l’extérieur ou du cerveau en perpétuelle ébullition de Nicolau, le dessinateur de Placid et Muzo, le magazine n’est pas à cours d’idées : montre à cadran solaire, sous-marin, parachute… Nicolau aura même à sa disposition dans les locaux parisiens du magazine, un petit atelier pour y construire et tester ces créations. C’est ainsi que certains numéros vont devenir de véritables succès et leurs tirages feraient pâlir de jalousie un bon nombre de titres actuels.
 
Parmi ses grandes réussites, le numéro 60, proposait sa « poudre de vie », baptisée les « Pifises », petit crustacé phyllopode. Résultat, il s’en vendra un million d’exemplaires ! C’est d’ailleurs à partir de cette édition que la couverture sera entièrement consacrée au gadget. L’année suivante, nouveau succès avec le numéro 137 paru le 4 octobre 71. En accroche sur la couverture « son cœur bat comme le tien !... Le pois sauteur du Mexique ». Tous les quinquas s’en souviennent ! Le rédacteur en chef, Limansky partira au Mexique acheter 5 millions de pois dans les tribus navajos. Mais, ces pois poussant sur un arbre dont la sève sécrète un redoutable poison, des analyses devront être réalisées in extremis avant la mise en vente du magazine afin de s’assurer qu’ils ne représentent aucun danger pour les enfants.
 
Si le gadget est très certainement la raison principale du succès de cet hebdomadaire, qui tirait régulièrement à 500 000 exemplaires, il ne faut oublier que ce magazine est avant tout une BD où se côtoyaient Pif (le chien) et Hercule (le chat) ; Rahan (l’homme blond préhistorique) ; Placid et Muzo ; Gai Luron ; Arthur le fantôme, Docteur Justice… C’est aussi grâce à lui que Gotlib fait paraître ses premiers dessins, ou que sortent les premières planches de Corto Maltese… Bref, du beau monde dans l’univers de la BD.
 
Toutefois, au fil du temps, le gadget va abandonner son caractère éducatif pour devenir un simple jouet. Et petit à petit, Pif Gadget, va perdre ses lecteurs et le journal va disparaître des kiosques en 93. Depuis des collectionneurs quadra-quinqua s’arrachent certains numéros à 30, 50 voire 100 euros pour certains.
 
Pas certain finalement, que ce magazine séduise tellement les jeunes générations, déjà ultra-sollicitées par leur smartphones, tablettes, consoles, ordinateurs, etc. En revanche, il y a fort à parier que ce journal attire tous les nostalgiques des années 70… Les baby-boomers donc, qui pourront se replonger avec délice (et dans l’enfance) avec les aventures de Placide et Muzo, d’Hercule, de Rahan tout en surveillant leurs petits-enfants jouer sur la plage... Espérons que ce hors-série soit le début d’une belle série ! 

Publié le 26/06/2015 à 03:38 | Lu 1358 fois