La science de la flore intestinale

Elie Metchnikoff a été parmi les premiers scientifiques à parler du microbiote intestinal (ou flore intestinale) qu'il a défini comme étant un arrangement intestinal complexe ouvrant sur un lieu de reproduction de microbes toxiques. Dans un article publié en janvier 1908, Metchnikoff précisait qu’il était possible de lutter contre la putréfaction qui se déroule dans ce lieu, notamment par l’alimentation ou l’hygiène et ainsi, d’augmenter ses chances d'atteindre une vieillesse saine et vigoureuse.


La théorie de Metchnikoff était, qu'en compensant les effets potentiellement nocifs des toxines produites par les bactéries dans l'intestin par de bons ferments lactiques, on pourrait prolonger la vie. Cette théorie était alors étayée par le fait que, parmi les personnes vivant dans les Balkans, ceux dont les régimes contenaient des quantités élevées de produits laitiers fermentés, vivaient réellement plus longtemps.
 
De fait, cette région du monde occidental était connue pour son grand nombre de centenaires, à une époque où il était extrêmement rare pour tout être humain d’atteindre cet âge « canonique ». Elie Metchnikoff adopta lui-même ce type de régime et déclara se sentir mieux. C'est cette science même qui est à l'origine des domaines en plein essor de la recherche autour de l’impact du microbiote sur la santé.
 
Aujourd'hui, ce qui se passe dans l'intestin représente un domaine florissant pour la science dans le monde entier. Des projets sont financés par les industriels comme des gouvernements qui y voient de grands espoirs pour aider les êtres humains à adopter de nouveaux modes de vie plus sains, voire de prévenir certaines maladies. Deux grands projets lancés en 2008 traduisent cet intérêt croissant pour la santé intestinale : le projet MetaHIT et le Human Microbiome Project (HMP) aux États-Unis.
 
MetaHIT a été en 2008 le plus grand projet européen de son genre visant à séquencer le génome du microbiote. Danone (le célèbre fabriquant de yaourts), qui a toujours été convaincu de l’intérêt de cette science, a été la seule entreprise alimentaire à investir dans ce projet lors de son démarrage.
 
Au cours de la même année, le NIH (National Institutes of Health) a créé un fonds commun pour un projet de microbiote humain (HMP) afin de recueillir les ressources nécessaires à une caractérisation complète du microbiote humain et à une analyse de son rôle sur la santé et la maladie.
 
Depuis, des milliers d’articles ont été publiés sur ce domaine dans diverses revues scientifiques à comité de lecture. Le nombre de nouveaux articles publiés a augmenté de façon constante au cours des dix dernières années. On s'attend à ce que cette tendance se poursuive.
 
L'une des principales raisons pour lesquelles cette science est capable de progresser est liée au développement d'outils de séquençage spécifiques et de modèles artificiels qui n'existaient pas il y a dix ans. Parce qu'il existe de nombreux types de bactéries qui composent le microbiote, il est important de pouvoir les distinguer aussi précisément que possible, avant de tirer des conclusions générales.
 
Fonctions métaboliques et cérébrales : nouvelles perspectives pour la santé intestinale
Un témoignage fort de l'intérêt grandissant pour le microbiote réside dans les symposiums de la Division Nutrition de la Harvard Medical School sur la santé intestinale, le microbiote et les probiotiques tout au long de la vie.
 
Cet événement a rassemblé plusieurs centaines de spécialistes dans les différents domaines de la science et de la médecine. Les discussions ont porté sur deux des questions de santé publique les plus importantes : les dysfonctionnements métaboliques et cérébraux. À cette occasion, des chercheurs ont pu échanger sur la science émergente autour du rôle du microbiote intestinal dans l'obésité, le diabète, les maladies cardiovasculaires et gastro-intestinales ainsi que certains troubles neurodégénératifs.
 
Parce que tous les aliments que nous mangeons entrent en contact avec les micro-organismes de notre intestin, ce domaine en plein essor offrira un nouvel éclairage sur les types de régimes alimentaires qui peuvent aider à programmer, protéger ou choyer la santé de notre intestin.

​A propos de la flore intestinale

La flore intestinale ou microbiote intestinal est composé de 100 000 milliards de bactéries. Celles-ci colonisent l’intestin dès la naissance et participent à la maturation des défenses immunitaires. Chaque individu est doté d’un microbiote qui lui est propre. La composition de cette flore est dictée par des facteurs génétiques, nutritionnels et environnementaux. Certaines bactéries peuvent favoriser la survenue de maladies, au contraire d’autres qui ont un effet protecteur.

Publié le 15/12/2016 à 08:52 | Lu 5045 fois