Baromètre européen du vieillissement actif : focus sur le bien-vieillir et les personnes âgées en Europe

A l’occasion du premier baromètre européen du vieillissement actif mené par Odoxa pour le compte d’Orpea, réalisé en novembre 2021 auprès de près de 6.000 personnes (dont 444 résidents d’EHPAD), voici un intéressant focus sur le bien-vieillir et les personnes âgées en Europe.


Les pays d’Europe interrogés dans cette enquête s’interrogent tous sur l’adaptation de nos sociétés au vieillissement de leurs populations. Ils mettent en particulier en avant un problème d’intégration des 80 ans et plus et une solidarité intergénérationnelle parfois défaillante.
 
Toutefois, deux pays se distinguent en se montrant moins critiques : la France, c’est assez rare pour le souligner, et, surtout, l’Autriche.
 
Notre société permet‐elle aux personnes âgées de bien vieillir ? Les Européens sont très partagés : 50% dit non et 49% oui. Les Italiens se montrent particulièrement sévères puisque 60% répondent non.
 
Cette opinion est certainement liée au vieillissement accéléré de l’Italie depuis les années 70. C’est le seul pays industrialisé, avec le Japon, à subir un phénomène d’une telle ampleur qui déstabilise le fonctionnement des institutions économiques et sociales.
 
La France ‐dont le solde naturel est le plus élevé des grands pays d’Europe, grâce notamment à ses populations d’origine immigrées‐ est un peu au‐dessus de la moyenne avec 53% de « oui ». Les autres pays sont sous la barre des 50% à part l’Autriche.
 
Les Autrichiens qui se montrent eux très positifs puisque 70% disent « oui ». Pourquoi cet enthousiasme qui tranche avec la dubitation des autres pays européens ? L’Autriche et la France doivent certes aussi faire face au vieillissement de leurs populations, mais il y a proportionnellement moins de retraités « pauvres » dans ces deux pays (moins de 12% selon les chiffres de l’OCDE).
 
Par ailleurs, toujours selon les chiffres de l’OCDE (2018), les Autrichiens perçoivent en moyenne 90% de leur dernier salaire net, c’est beaucoup plus que la moyenne des pays de l’OCDE (52%). Un meilleur revenu ne fait certes pas tout, mais il permet de maintenir un certain niveau de confort et de parer plus facilement aux accidents de la vie.
 
D’autre part, et nous le verrons plus loin, ce sont eux qui considèrent le plus que la solidarité intergénérationnelle fonctionne bien et qui ont la meilleure image des métiers qui prennent en charge les personnes âgées dépendantes.
 
Les 80 ans et plus sont‐ils bien intégrés dans notre société ? 60% des Européens disent « non » et 39% « oui ». Ce sont les Français qui font le constat le moins critique considérant à 48% qu’ils sont bien intégrés. L’Autriche affiche un score proche de 47% et l’Espagne se distingue au contraire négativement avec 67% de « non ».
 
L’Espagne est le pays où la vie en solitaire des personnes de plus de 65 ans est la moins fréquente (la famille reste importante) mais le pays connait un vieillissement accéléré depuis le début des années 90 et la solitude résidentielle devient plus courante. Un phénomène qui choque encore de nombreux Espagnols, la proximité de la parentèle continuant à structurer la vision du sentiment familial.
 
La solidarité entre les générations fonctionne‐t‐elle bien ? Plus de la moitié, 53% des Européens disent qu’elle fonctionne bien, 47% disent qu’elle fonctionne mal. Ceux qui considèrent qu’elle fonctionne « très bien » sont une toute petite minorité.

C’est sur cette question qu’on obtient les résultats les plus contrastés : les Autrichiens sont encore ceux qui font le constat le plus positif (71% disent « bien »), quand certains pays répondent majoritairement par la négative : 58% en Italie (de nouveau), 55% en Allemagne, 54% en Espagne. Les Français se positionnent presque sur un 50‐50 (51% « bien », 49% « mal »).
 
Les Britanniques, sans être aussi enthousiastes que les Autrichiens, sont une nette majorité de 59% à trouver que la solidarité intergénérationnelle fonctionne bien.
 
Avec la crise sanitaire, une attention plus forte accordée aux personnes âgées partout en Europe. Lorsqu’au printemps 2020 surgit en Europe l’épidémie de Covid‐19, l’inquiétude est immense pour les personnes âgées, largement les plus vulnérables face au virus. Suivent les épisodes de confinement nécessaires mais si cruels pour les personnes seules et/ou nos aînés.
 
De toute épreuve des leçons peuvent être tirées, en l’occurrence les Européens sont presque unanimes à considérer que la crise sanitaire les a rendus plus attentifs à la place des personnes âgées dans la société.
 
L’attention que nous portons aux personnes âgées est‐elle plus forte depuis la crise sanitaire ? Les trois-quarts des Européens l’affirment quand seulement 24% considèrent que la crise sanitaire n’a rien changé en la matière. L’Espagne qui considère le moins que les 80 ans et plus sont bien intégrés dans notre société est le pays dans lequel la prise de conscience est la plus marquée (83%).
 
A contrario  ‐et logiquement‐ les Français, les plus positifs sur l’intégration des aînés dans notre pays, affichent le score le moins élevé : 61% d’entre eux disent qu’ils sont désormais plus attentifs à la place des personnes âgées dans la société.
 
Conserver son autonomie : un enjeu prioritaire partout en Europe : dans tous les pays interrogés, l’autonomie apparaît comme l’enjeu clef du « bien vieillir ». Pour vous bien vieillir c’est… 50% des Européens citent le fait de « rester autonome », cet item arrive en tête Cet item est systématiquement le plus cité dans chaque pays (sauf en Espagne, c’est le 2e le plus cité).
 
Dans certains pays, c’est même une majorité d’habitants qui le placent en tête : la France en premier (59%), le Royaume‐Uni (57%), l’Italie (53%) et l’Allemagne (52%). Dans l’Hexagone, l’idée de l’autonomie semble aller de pair avec le fait de « pouvoir rester à son domicile le plus longtemps possible ».
 
Cet item est en effet presque autant cité à 55% tandis qu’il ressort de façon plus marginale dans les autres pays qui complètent chacun le « bien vieillir » à leur façon : pour les Allemands (45%) comme les Espagnols (49%) c’est moins le fait de rester chez soi que de disposer d’un lieu de vie adapté aux besoins liés à l’âge.
 
Pour les Autrichiens chez qui la solidarité intergénérationnelle n’est pas un vain mot, c’est continuer à voir régulièrement ses proches (44%), pour les Italiens, c’est avoir facilement accès aux soins (49%), ce sujet fut particulièrement douloureux pendant le pic de la pandémie, lorsque les recommandations officielles furent de mettre une limite d’âge pour l’accès aux soins intensifs.
 
Enfin, pour les Britanniques ‐qui ont du mal à choisir un item plus qu’un autre en dehors de l’autonomie‐ c’est continuer d’exercer une activité physique et ses loisirs (38%).
 
L’excellente image des métiers du soin et de la prise en charge des personnes âgées dépendantes : si les Européens peuvent parfois douter de la capacité de leur société à inclure toutes les générations ‐et en l’occurrence les plus âgées d’entre‐elles‐, ils n’expriment pas de doutes sur les métiers de la prise en charge des personnes âgées dépendantes. Leur image est excellente partout, en particulier en Autriche où cela contribue sans doute à forger l’opinion d’un pays « inclusif » pour les seniors. 
 
Quelle image avez‐vous des métiers du soin et de la prise en charge des personnes âgées dépendantes ? 72% des Européens répondent « une bonne image ». Au moins 6 habitants sur 10 partagent cette opinion avec un point haut en Autriche (82% dont un tiers de « très bonne image ».

Les Italiens sont les moins enthousiastes (60% de bonnes opinions), ce sont justement ceux qui décrient le plus le comportement de « leur » société à l’égard des personnes âgées. La France se situe en milieu de tableau, exactement sur la moyenne européenne (72%).

Publié le 26/01/2022 à 01:00 | Lu 5238 fois





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