Alzheimer : se sentir en mauvaise santé augmente le risque de démence

« J'ai la rate qui s'dilate / J'ai le foie qui est pas droit / J'ai le ventre qui se rentre / J'ai le pylore qui s'colore (…) / Ah mon dieu qu'c'est embêtant d'être toujours patraque / Ah mon dieu je n'suis pas bien portant » dit la chanson… Cet air bien connu (surtout des grands-parents) pourrait avoir plus de conséquences qu’on le pense. En effet, selon une récente étude, se sentir en mauvaise santé augmenterait le risque de démence… Explications.


Alors que l'état de santé perçu est un facteur prédictif avéré de morbidité et de mortalité dans le domaine cardiovasculaire, une étude dirigée par des chercheurs de l’Inserm suggère que se sentir en mauvaise santé est également un facteur de risque de survenue de démence.

En l'absence de tout symptôme évocateur, il est difficile d'identifier les personnes à risque de démence. L'impression d'être en mauvaise santé, indépendamment de l'état de santé réel, pourrait-il être un signal d'alerte, comme pour les maladies cardiovasculaires ?

Pour évaluer la pertinence de cette question et l'isoler d'autres événements qui peuvent favoriser l'apparition d'une démence (dépression, troubles cognitifs, handicap sévère), une équipe de chercheurs de l'Unité Inserm 708 a analysé les données provenant de la cohorte des Trois Cités. Cette cohorte, qui a pour but d'étudier les facteurs de risque des démences, comprend plus de 8.000 personnes âgées de plus de 65 ans issues de la population générale et suivies depuis plus de dix ans.

Les chercheurs ont demandé aux participants d'évaluer leur état de santé au début de l'étude en 1999-2001, puis les ont suivis en moyenne durant six ans pour dépister notamment une démence d'origine vasculaire ou une maladie d'Alzheimer.

Comme attendu, les patients déclarant une mauvaise santé avaient globalement un plus grand risque de mortalité lors du suivi.

Mais fait nouveau ! Les personnes déclarant une santé mauvaise ou moyenne avaient un plus grand risque de devenir démentes lors du suivi et notamment un risque 48% plus élevé de développer une maladie d'Alzheimer. Ce résultat est d'autant plus marqué qu'elles ne se plaignaient pas de troubles de mémoire, n'avaient pas de dépression ou de handicap.

« L'explication la plus vraisemblable de cette observation, explique Annick Alpérovitch, est que se déclarer en mauvaise santé sans raison serait associé à un trouble plus général du comportement se traduisant par un repli et une baisse des interactions sociales et des activités de l'individu. Or ce repli est connu pour être un accélérateur du processus clinique aboutissant à la démence ».

Quelle que soit l'explication, soulignent les auteurs, cette découverte a des conséquences pratiques importantes. « Les généralistes devraient s'aider de cette question toute simple pour être alertés d'un risque possible de démence future chez les personnes disant avoir une mauvaise santé, a fortiori si ces personnes n'ont aucun symptôme évocateur de début de démence ».

Cette étude a été publiée récemment dans la revue scientifique Neurology.

Publié le 11/10/2011 à 10:52 | Lu 1814 fois