Activité sexuelle et maladies cardiovasculaires : le rôle du cardiologue

Les 26èmes Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie se tiennent à partir d’aujourd’hui et jusqu’au 16 janvier 2016 à Paris, au Palais des Congrès de Paris. Le Pr Claire Mounier-Vehier de Lille fait le point sur l’activité sexuelle et les maladies cardiovasculaires.


Les patients gardent une certaine réserve « socio-culturelle » à parler de sexualité à leur cardiologue et pourtant, leur attente est importante. Les troubles sexuels, en particulier la dysfonction érectile (DE), sont une source majeure de dépression, de perte d’estime de soi et d’inobservance thérapeutique avec des répercussions sur le couple.
 
Plusieurs mécanismes sont à l’origine d’un trouble sexuel chez l’homme. La DE en est la cause la plus fréquente, la mieux connue et isolée dans un cas sur deux. Elle est définie comme l'incapacité permanente ou récurrente d’obtenir ou de maintenir une rigidité pénienne suffisante pour l'accomplissement d'un rapport sexuel.
 
La dysfonction érectile est un indicateur de mauvaise santé sexuelle, mentale et physique. Il s’agit d’un clignotant « avertisseur » d’une situation de santé pouvant engager le pronostic vital. La DE est le plus souvent d'origine multifactorielle et partage avec les maladies CV des facteurs de risque communs tels que : l'âge, l'hypertension, l’obésité, la dyslipidémie, le tabac, le diabète et le syndrome d’apnée du sommeil. La consommation excessive d’alcool est également un facteur favorisant.
 
Ces facteurs de risque concourent à la survenue d’une dysfonction endothéliale qui est le dénominateur commun DE et maladie cardiovasculaire. La présence de tels facteurs de risque cardiovasculaire doit faire rechercher une DE chez un homme de plus de 50 ans. A l’inverse, en présence d’une DE, le médecin doit proposer à son patient un bilan CV. Les symptômes doivent évoluer depuis au moins trois mois pour asseoir le diagnostic.
 
La prévalence de la dysfonction érectile augmente avec l’âge (1 à 9% de 18 à 39 ans, 2 à 30% de
40 à 59 ans, 20 à 40% de 60 à 69 ans et 50 à 75% au-delà de 70 ans) et dans le temps. Chez la femme, les troubles sexuels sont très fréquents et sont sous-dépistées, le sujet restant très « tabou ». Ils concerneraient pourtant presque 43% des femmes en âge de procréer et 60% des femmes en post-ménopause ayant conservé une activité sexuelle.

Publié le 14/01/2016 à 01:00 | Lu 2432 fois