Antibiotique : légère baisse de la consommation mais peut mieux faire

A l’occasion de la journée européenne sur les antibiotiques 18 novembre, les acteurs engagés dans la lutte contre l’antibiorésistance ont publié un état des lieux de la consommation des antibiotiques et de la résistance bactérienne, en santé humaine et animale en France, ainsi que les pistes d’actions pour l’avenir dans une approche « une seule santé ». En voici les grandes lignes.


En 2020, la pandémie de COVID-19 et les mesures nécessaires à sa maîtrise (confinement, gestes barrières) ont modifié les comportements des Français, avec un effet bénéfique observé sur d’autres infections.
 
La pandémie a aussi eu pour conséquence une diminution des consultations médicales et des prescriptions d’antibiotiques : la baisse de consommation s’avère très significative en ville, mais moins nette en établissement de santé selon cet état des lieux.
 
De fait, la consommation varie en fonction des molécules et la résistance des bactéries aux antibiotiques évolue de manière contrastée. Malgré ces progrès, la France reste l’un des pays européens les plus consommateurs d’antibiotiques, se classant au 26ème rang sur 29.
 
Dans ce contexte, diminuer de façon durable la consommation des antibiotiques reste un enjeu prioritaire auquel le maintien de l’adoption de pratiques de prévention des infections au niveau individuel et collectif pourrait en partie contribuer.
 
En 2020, 44,4 millions de prescriptions « antibiotiques » ont été dispensées en ville. Une chute de 18% par rapport à 2019. Cette réduction de la consommation d’antibiotiques -jamais observée jusque-là- concerne toutes les classes d’âge quel que soit le sexe (moins marquée toutefois chez les personnes âgées de plus de 64 ans).
 
Pour autant, dans les établissements de santé, la consommation d’antibiotiques pour 1 000 journées d’hospitalisation a augmenté de 2,1 % en 2020, passant de 300 à 306 DDJ/1 000 JH dans un contexte de diminution d’activité des établissements de santé de 8 % du fait de la crise sanitaire.
 
L’augmentation de la consommation de certaines familles de molécules - telles que les macrolides (+35%) ou les carbapénèmes (+17%) pourrait être en lien avec la prise en charge de patients COVID-19.
 
De même, dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) rattachés à un établissement de santé, l’augmentation de la consommation de certaines familles de molécules, alors que la consommation globale a diminué en 2020, pourrait être expliquée par la prise en charge médicale de patients COVID-19.
 
Au final, la pandémie de COVID-19 a mis en évidence que nos comportements peuvent avoir un impact rapide sur certains indicateurs de l’antibiorésistance. L’hygiène des mains renforcée et les autres gestes barrières en limitant la diffusion des pathologies hivernales et en réduisant les opportunités de prescription ont pu contribuer à maîtriser l’antibiorésistance.
 
Néanmoins, l’équilibre entre strict respect de ces mesures, modes de vies et échanges sociaux est à trouver. Le niveau de consommation reste élevé et il est donc important de promouvoir le bon usage des antibiotiques afin d’éviter les prescriptions inutiles.
 
Les prochaines années diront si ces pratiques de prévention persistent au long cours dans la population et si les observations de 2020 perdurent.

Publié le 22/11/2021 à 01:00 | Lu 2090 fois