Québec : installation d’un Comité national d’éthique sur le vieillissement et les changements démographiques

Le Conseil des aînés du Québec, un organisme gouvernemental qui a pour fonction principale de promouvoir les droits des aînés, leurs intérêts et leur participation à la vie collective vient d’installer un Comité national d’éthique sur le vieillissement et les changements démographiques… Un lieu de réflexion sur ces grands enjeux sociétaux.





Par Georges Lalande, président du Conseil des aînés du Québec

Avec les changements démographiques qui surviennent au Québec, caractérisés par une accélération sans précédent du vieillissement, les enjeux éthiques liés à ce dernier sont devenus d’une exceptionnelle acuité, si bien que le Conseil des aînés du Québec a maintenant décidé d’aller de l’avant et d’entreprendre les démarches visant à mettre sur pied un Comité national d’éthique sur le vieillissement et les changements démographiques.

Le Conseil des aînés du Québec définit l’éthique comme une « démarche discursive et réflexive qui porte sur le caractère moral de nos pensées et de nos actes, c’est-à-dire sur leur potentiel de correspondance à nos aspirations les plus profondes, à nos valeurs ».

L’éthique est donc définie ici comme une réflexion qui mène inévitablement à clarifier les valeurs qui guident nos actions, et donc à mieux se représenter les balises à adopter au regard de différents contextes de son vécu individuel ou de la vie collective.

L’évolution de la société québécoise, à l’instar de celle des autres sociétés occidentales, impose à la fois de questionner et de clarifier les valeurs qui concernent le vieillissement, et ce, tant du point de vue de l’individu que de la société. La création du Comité national d’éthique sur le vieillissement et les changements démographiques suppose que notre adaptation aux valeurs portées par la société, passe inévitablement par une connaissance approfondie de ces valeurs et de leurs implications concrètes dans la réalité des individus et des communautés.

Il est en effet reconnu que depuis les années 1960, les repères qui orientent nos actions individuelles et sociales ont été constamment remis en question et ont donc connu des mutations importantes. En relation avec cette redéfinition de nos valeurs sociales et individuelles, la structure de la vie en société s’est profondément modifiée. Par exemple, la reconnaissance de l’égalité des sexes s’est réalisée parallèlement à une participation accrue des femmes au marché du travail, ce qui s’est répercuté notamment sur une nouvelle façon de concevoir les rapports familiaux.

La contribution du Comité national d’éthique sur le vieillissement et les changements démographiques aux débats sociaux visera, notamment, à soutenir l’élaboration de politiques et d’orientations, que ce soit au sein du gouvernement lui-même ou dans tout organisme qui souhaite préciser les valeurs qui sont à privilégier dans le cadre de ses propres activités. Le Conseil des aînés du Québec, en premier lieu, sera dès lors mieux outillé pour accomplir son travail de vigie et comme interlocuteur privilégié du gouvernement en matière de vieillissement.

Dès le commencement des travaux, les membres du Comité national d’éthique sur le vieillissement et les changements démographiques, qui ont été sélectionnés de façon à assurer une diversité d’expertises, de points de vue, de groupes d’âge et d’appartenances culturelles, auront à déterminer ensemble les préoccupations sur lesquelles se pencher de façon prioritaire. Assurément, les thèmes à aborder sont nombreux et complexes : la dignité, le respect et l’autonomie de la personne humaine, le plaisir, le sens de la vie, la réalité du vieillissement, le rôle des proches aidants et les responsabilités filiales, la distribution des ressources de l’État entre les individus, entre les missions sociales et entre les générations, la responsabilité citoyenne et la solidarité sociale, la justice distributive, l’organisation du travail et les nouveaux enjeux de la retraite, les conditions nécessaires à l’épanouissement d’une société civile dynamique, les orientations de la recherche en santé et en biotechnologie, le deuil et les décisions de fin de vie, les différentes figures de l’âgisme et de l’exclusion, etc.

Par la création de ce comité d'éthique, le Conseil des aînés cherche à se doter de repères éthiques susceptibles d'éclairer ses consultations et ses avis, et ainsi, de contribuer à l'orientation d'ensemble de la politique québécoise concernant nos aînés. Il va sans dire que ce comité sera également, par son impartialité notamment, un lieu privilégié pour réaliser les débats qui s’imposent afin de contribuer à une orientation cohérente de notre devenir collectif au regard du vieillissement et des changements démographiques. Le processus de production des avis et autres travaux du comité visera donc à susciter la participation la plus large possible de la population, des divers groupes d’intérêt et des experts dans les différents domaines concernés par les travaux du comité.

Article publié le 20/02/2008 à 15:09 | Lu 3651 fois