Retraite

Lettre rectificative : le gouvernement confirme la suspension de la réforme jusqu’en 2027


Le gouvernement a présenté le 23 octobre 2025 une « lettre rectificative » au projet de la loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour inscrire la suspension de la réforme des retraites de 2023. Pour les générations proches de la retraite à laquelle vous appartenez peut-être, c’est une mesure qui change le calendrier : âge de départ, nombre de trimestres, mais aussi financement : on vous explique tout.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le 23/10/2025

Pourquoi ce document apparaît-t-il subitement ?

Le gouvernement de Sébastien Lecornu a présenté, jeudi 23 octobre 2025, une « lettre rectificative » au projet de loi de financement de la Sécurité sociale. Ce document ajoute au budget 2026 une mesure très attendue : la suspension de la réforme des retraites votée en 2023.

Concrètement, cela signifie que la hausse progressive de l’âge légal et du nombre de trimestres, décidée il y a deux ans, est mise à l’arrêt jusqu’en 2027. L’exécutif avait promis de le faire, mais cette fois la décision devient juridique : elle est intégrée au texte budgétaire officiel, ce qui empêche qu’elle soit effacée par une simple manœuvre parlementaire.

Pourquoi cette « lettre rectificative » ?

Une lettre rectificative, c’est un outil rare qui permet de modifier un projet de loi déjà déposé. Plutôt que d’ajouter un amendement qui risquerait de disparaître en cours de route, le gouvernement choisit de graver la suspension dans le marbre du budget. Cette méthode, expliquent les constitutionnalistes, évite tout vide juridique.

Si le Parlement n’adopte pas le budget à temps, la suspension restera tout de même valable, puisqu’elle figure dans le texte de base. Une façon, selon Matignon, de « garantir la stabilité des règles » pour les salariés proches du départ.

Ce que cela signifie pour vous, proches de la retraite

Pour les générations nées dans les années 1960, cette suspension a un effet concret. L’âge de départ à la retraite reste à 62 ans et 9 mois pour les personnes nées en 1964, alors qu’il devait passer à 63 ans. Pour celles nées ensuite, le nombre de trimestres exigés sera gelé à 171, contre 172 dans la version initiale.

Autrement dit : le rythme du relèvement est ralenti, mais il n’est pas annulé. Après 2027, tout dépendra du futur gouvernement.

Un coût budgétaire maîtrisé

Selon les chiffres transmis par Bercy, la suspension représenterait 100 millions d’euros en 2026 et 1,4 milliard en 2027. Un coût moins élevé que prévu, car la réforme n’était pas encore pleinement appliquée.

Pour compenser, l’exécutif prévoit une hausse légère de la taxe sur les complémentaires santé, de 2,05 % à 2,25 %, et une participation accrue des retraités à certains financements sociaux. Ces ajustements devraient, selon le ministère, préserver l’équilibre du système sans réduire les pensions existantes.

Une mesure saluée mais jugée ambiguë

Les syndicats voient dans cette lettre rectificative une victoire partielle : « C’est un répit, mais pas un recul », résume la CFDT. L’opposition, elle, reste prudente. « Suspension ne veut pas dire abrogation », rappelle Marine Le Pen, qui demande l’annulation pure et simple du texte de 2023.

Le gouvernement répond qu’il s’agit d’un « gel temporaire », en attendant une concertation plus large sur la place du travail des seniors et le financement à long terme des retraites.

Ce que cela signifie pour vous

Pour les quinquas et jeunes retraités, cette suspension apporte un peu de clarté :
 
  • L’âge de départ n’augmentera pas avant 2027.
  • Les trimestres exigés resteront stables pour les deux prochaines générations.
  • Le débat sur la réforme reprendra après la présidentielle, ce qui laisse du temps pour préparer son dossier.
    En revanche, rien ne garantit que les règles actuelles seront pérennes. Comme le souligne Le Monde (23 octobre 2025), « la réforme est endormie, pas enterrée ».

La « lettre rectificative » transforme une promesse politique en mesure légale : la réforme des retraites est bien suspendue jusqu’à la fin du quinquennat. Pour les actifs proches de la soixantaine, c’est un signal de stabilité à court terme, même si l’avenir du système restera au cœur du débat public dès 2026.



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