Retraite

Retraite par répartition : pour 73 % des Français, elle aura disparu en 2050


Selon un sondage Toluna – Harris Interactive réalisé pour le Haut-commissariat au Plan, près de trois quarts des Français estiment que le modèle de retraite par répartition, pilier historique du système social français, n’existera plus en 2050. Une perception qui traduit une crise profonde de confiance dans la capacité du pays à préserver cet équilibre intergénérationnel.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le 09/10/2025

Une inquiétude générationnelle face à l’avenir du modèle social

Dans cette enquête d’opinion publiée début octobre, 73% des personnes interrogées déclarent que le système par répartition aura disparu d’ici vingt-cinq ans, tandis que 70% jugent qu’il se sera déjà fortement dégradé à l’horizon 2035. Ce pessimisme, relevé par le Haut-commissariat au Plan, illustre une perte de confiance structurelle dans les institutions sociales françaises.

Pour beaucoup, le vieillissement démographique, la stagnation économique et les tensions sur les finances publiques rendent le modèle actuel intenable. « Les Français redoutent que la solidarité intergénérationnelle, principe fondateur du système par répartition, ne tienne plus face au déséquilibre démographique », note le rapport.

Un système sous pression démographique et financière

Depuis plusieurs années, le Conseil d’orientation des retraites (COR) alerte sur la dégradation du ratio entre actifs et retraités. Celui-ci, aujourd’hui proche de 1,7, pourrait tomber à 1,4 en 2050. Dans le même temps, le déficit du système s’élève déjà à près de 1,7 milliard d’euros en 2024 et devrait se creuser progressivement malgré les ajustements récents.

Ces données alimentent l’idée que le modèle de répartition, dans sa forme actuelle, pourrait ne plus suffire à garantir le financement des pensions. Le ralentissement de la croissance, l’allongement de la durée de vie et la baisse du nombre de cotisants accentuent cette fragilité.


Entre réformes paramétriques et tentation de la capitalisation

Face à ce constat, les pouvoirs publics misent sur des réformes dites « paramétriques » – relèvement de l’âge de départ, durée de cotisation accrue, ajustement des pensions – afin de prolonger la viabilité du système. Mais ces mesures ne suffiraient pas, selon plusieurs économistes, à stabiliser durablement les comptes.

Parallèlement, la question d’une part accrue de capitalisation refait surface. Si une majorité de Français reste attachée à la logique solidaire de la répartition, ils sont de plus en plus nombreux à envisager une diversification des sources de financement, notamment via l’épargne retraite individuelle.


Un symbole du doute français face à l’avenir collectif

Au-delà de la question technique, ce sondage traduit un malaise sociétal plus large : la crainte que les grands équilibres collectifs – santé, retraites, solidarité – ne puissent être maintenus. La défiance exprimée à l’égard du modèle par répartition n’est pas seulement financière : elle reflète une inquiétude politique et culturelle, celle d’un pays qui doute de sa capacité à assurer l’équité entre les générations.

Rien n’indique toutefois que le système par répartition soit condamné à disparaître. Mais son maintien, à long terme, supposera une évolution profonde : adaptation démographique, relance de la productivité et réforme de la gouvernance sociale. Autant de chantiers qu’aucun gouvernement ne pourra durablement esquiver.
 

Sources : Haut-commissariat au Plan / Toluna-Harris Interactive (octobre 2025) ; Conseil d’orientation des retraites (rapport 2025).




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