Un message clair du patronat : pas question de détricoter la réforme
Invité sur plusieurs médias économiques, le président du MEDEF, Patrick Martin, a rappelé que la réforme des retraites – qui a relevé l’âge légal de départ à 64 ans – constitue selon lui une « condition de stabilité financière du pays ». « Suspendre ou abroger la réforme serait une faute politique et budgétaire majeure », a-t-il déclaré.
Le patronat redoute qu’un recul gouvernemental envoie un signal négatif aux marchés financiers et accentue les inquiétudes sur la soutenabilité de la dette publique. Le MEDEF estime qu’un retour à 62 ans, ou même un gel de la réforme, ferait peser un risque immédiat sur les comptes sociaux déjà fragilisés.
Un enjeu de crédibilité économique pour la France
Pour les milieux économiques, la réforme de 2023 représente un acte de crédibilité budgétaire vis-à-vis des partenaires européens et des agences de notation. Elle doit permettre, selon les estimations de Bercy, d’économiser environ 17 milliards d’euros par an d’ici 2030. Une suspension serait donc perçue comme un renoncement à l’effort de redressement engagé.
« La France ne peut pas à la fois réclamer des marges budgétaires et revenir sur une réforme structurelle qui vise précisément à les restaurer », résume un économiste proche du patronat.
Le MEDEF rappelle également que le vieillissement démographique rend inévitable le prolongement des carrières : la part des plus de 65 ans dans la population active devrait passer de 21 % aujourd’hui à près de 30 % en 2050, selon l’Insee.
Une opposition frontale avec les syndicats et une partie de la classe politique
Cette position du patronat s’oppose frontalement à celle des organisations syndicales, qui réclament toujours le retrait de la réforme ou, à défaut, un moratoire sur son application. La CFDT et la CGT dénoncent un système jugé « injuste socialement » et « déconnecté des réalités du travail ».
De son côté, une partie de la gauche et du Rassemblement national ont récemment plaidé pour une suspension de la loi, arguant de l’impopularité persistante du texte et de la nécessité d’ouvrir un nouveau cycle de concertation.
Mais pour le MEDEF, céder à cette pression reviendrait à affaiblir durablement la confiance des entreprises et des investisseurs. Le syndicat patronal appelle au contraire à « stabiliser les règles du jeu » et à concentrer les efforts sur la création d’emploi des seniors.
Le gouvernement sous tension entre équilibre budgétaire et opinion publique
À Matignon, la question reste politiquement sensible. Si l’exécutif assure ne pas envisager de remise en cause du texte, il reste attentif à la contestation sociale persistante. Plusieurs ministres ont reconnu que la réforme, bien que nécessaire, devait désormais s’accompagner de mesures d’accompagnement pour les carrières longues et les travailleurs usés.
Mais du point de vue du MEDEF, il n’est pas question de temporiser. « Les entreprises ont besoin de visibilité, pas de nouvelles incertitudes », insiste Patrick Martin.
Dans un contexte de ralentissement économique et de déficit public élevé, la position du patronat apparaît comme un signal de fermeté adressé à la classe politique. Reste à savoir si le gouvernement résistera à la tentation de réajuster une réforme devenue emblématique de sa politique économique.






