Aides à domicile

Le rôle de l'aidant ; trois questions au célèbre athlète Philippe Croizon

Philippe Croizon, le célèbre athlète, partage son témoignage poignant sur le rôle crucial des aidants. Après avoir surmonté un parcours de vie hors du commun, Philippe Croizon revient sur le soutien sans faille de Suzana, sa compagne et aidante, et l’épuisement mental et physique des aidants.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le 10/10/2025

« Les aidants portent une charge mentale énorme, souvent sans reconnaissance. L’aidant ne se rend pas toujours compte qu’il s’oublie, et la société doit prendre conscience de l’impact de ce rôle », témoigne Philippe Croizon. 
 
Il appelle à une reconnaissance officielle et à un véritable répit pour les aidants, soulignant qu’« il faut donner aux aidants la possibilité de souffler pour pouvoir mieux prendre soin de leurs proches ».
 
En tant que personne ayant surmonté de nombreux défis, quel regard portez-vous sur le rôle souvent invisible des aidants dans le parcours de soin ?
Je vais parler de Suzana qui est à la fois mon aimante et mon aidante. Ce qui est délicat c’est cette limite entre l’aidante et l’aimante. J’en demandais toujours plus, sans réaliser qu’elle s’épuisait.
 
Beaucoup d’aidants se dévouent par amour, mais s’oublient totalement. Ils portent une charge mentale énorme, souvent sans reconnaissance et sans aide : Il faut savoir que l’espérance de vie d’un aidant est de 15 ans inférieure à la moyenne !

On parle de 11 millions d’aidants en France, et pourtant, ils restent invisibles.
 
Aujourd’hui, je protège Suzana. Après tout ce qu’elle a fait pour moi, je veux qu’elle se repose, qu’elle vive sa vie et qu’elle soit heureuse. Malheureusement, tout le monde n’a pas l’opportunité d’offrir du répit à leurs aidants, alors que c’est souvent tout ce qu’ils demandent.
 
Quel message souhaiteriez-vous adresser à tous les aidants ?
Le plus gros problème des aidants, c’est la solitude. Alors je leur dirais : « Parlez ! Protégez-vous ! Parlez et osez demander un coup de main ! ».
 
La plupart des aidants le sont par amour et ils ne se rendent même plus compte qu’ils sont dans la difficulté. Il faut pouvoir dire : « Je n’y arrive plus seul », que ce soit à un proche, un professionnel ou un service d’accompagnement. Ce n’est pas un aveu de faiblesse, c’est un acte de courage.
 
Pour mieux accompagner les aidants, selon vous, quelles actions concrètes pourraient (ou devraient) être mises en place en priorité ?
Avant tout, une véritable reconnaissance par l’État. Les aidants ont besoin d’un statut clair, qui leur garantisse une retraite, des droits, une dignité. 
 
Il faut aussi penser au répit : des lieux pour souffler, pour se reconstruire, même quelques jours par an. Cela existe, mais reste trop rare.
 
Investir pour les aidants, c’est prévenir des maladies, des burnouts, des drames. C’est aussi protéger les familles.
 
J’ai également un message pour les aidés : « Faites attention à vos aidants. Faites attention à ceux qui vous aident, à ceux qui vous aiment. ». Aimer, ce n’est pas tout demander.



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