Vers une meilleure connaissance de la situation des aidants en France...

A l’occasion de la 1ère Journée Nationale des Aidants lancée aujourd’hui, le 6 octobre 2010 par Eric Woerth, ministre du Travail et de la Solidarité et Nora Berra, secrétaire d’Etat chargée des Ainés, les résultats du tout premier « Panel des aidants* » ont été révélés… Les informations collectées par vagues de sondage successives ont permis de mieux appréhender leur situation et ses impacts dans leur vie quotidienne, leurs relations avec les professionnels de santé, leur vie professionnelle, et plus largement la personne accompagnée. Détails.





1. Aidants familiaux & Vie quotidienne

Le lien familial est prédominant dans le couple aidant/aidé

• Il apparaît plus souvent de type ascendant (dans 60% des cas) qu’équivalent générationnel ou descendant. 39% des aidants s’occupent de leur père ou de leur mère (58% chez les 35-54 ans et 54% chez les 55-75 ans), 10% de leur beau-père ou de leur belle-mère. Un tiers des aidants de plus de 75 ans s’occupe de leur compagnon/conjoint(e).
• Dans ce contexte, les motivations initiales de l’aide sont principalement fondées sur les liens affectifs (75%), la conformité avec les valeurs de vie (55%) et le sentiment de devoir le faire (48%). 10% avouent en avoir tiré une satisfaction personnelle.

Les aidants sont extrêmement impliqués dans leur rôle

• Lorsqu’ils ne vivent pas déjà avec la personne qu’ils aident, dans la quasi-totalité des cas (89%), ils s’en occupent tous les jours ou plusieurs fois par semaine (seulement un aidant sur dix s’occupe de la personne aidée qu’une fois par semaine).
• En moyenne, les aidants apportent quatre grands types d’aides, parmi lesquels figurent prioritairement le soutien moral (96%), la surveillance (88%), l’aide pour les activités domestiques (68%) et l’aide pour la gestion financière et administrative (60%).
• 80% des personnes interrogées expliquent qu’elles acceptent que leur proche dépendant les contacte à n’importe quel moment de la journée. Pour la majorité d’entre-eux, leur mission apparaît difficilement « délégable » : 54% préfèrent s’occuper eux-mêmes de la coordination et de l’organisation des soins de la personne aidée.
• Alors que 73% disposent de solutions de recours, ils sont seulement 37% à se déclarer prêts à y faire appel. Lorsque c’est le cas, 42% en éprouvent du soulagement et 27% de la satisfaction.

Un impact réel, mais contrasté

• 90% des aidants ont le sentiment d’arriver à faire face à leur situation tout en appréhendant ce sentiment de manière contrastée. Dans ce contexte, 23% d’entre-eux ne citent aucune répercussion négative tandis que 30% en citent au moins cinq.
• En moyenne, les répercussions négatives les plus marquées touchent aux loisirs (70%), à la forme physique (57%) et à la situation financière (56%). A noter que l’aide familiale semble aussi avoir un impact positif sur la relation avec la personne qu’ils aident (84%), sur leur vie de famille (65%), sur leur vie conjugale (57%) et sur les relations avec leurs amis (57%).
• Enfin, une minorité a déjà mis entre parenthèses sa santé afin d’assurer son rôle d’aidant : 16% ont, en effet, été amenés à reculer un soin médical, une consultation ou une hospitalisation en raison de la dépendance de leur proche.
• La problématique centrale demeure la gestion du temps : le fait de devoir le gérer différemment (59%) et le souci permanent de l’autre (33%) apparaissent comme les deux répercussions les plus significatives.

Des attentes fortes vis-à-vis des pouvoirs publics

• 71% des aidants s’estiment insuffisamment aidés et considérés de la part des pouvoirs publics.
• Au titre des actions prioritaires à mettre en oeuvre, il faut sans doute souligner le caractère altruiste de leurs attentes : 73% des aidants se déclarent favorables à une meilleure prise en charge des personnes malades ou dépendantes sans entourage contre 57% sur des actions visant à préserver leur propre santé (plusieurs items possibles).
Vers une meilleure connaissance de la situation des aidants en France...

2. Aidants familiaux & Professionnels de santé

L’aidant s’estime devenir progressivement un partenaire incontournable, reconnu par les professionnels de santé

• 70% des aidants estiment que les professionnels de santé les considèrent comme de véritables partenaires de soin.
• Les résultats des sondages montrent que c’est en majorité l’aidant qui prend les décisions concernant la santé du proche aidé (38% des décisions).
• Au-delà de l’aide aux soins, de l’aide à la prise de médicaments, la préparation des repas, l’aidant doit répondre aux questions de l’aidé sur sa maladie et son évolution (83% des aidants disent discuter de ces sujets avec les personnes malades).

Les relations sont appréhendées de façon plutôt positive

• 71% des aidants estiment que ces mêmes professionnels apportent en général une bonne réponse à leurs difficultés.
• Les points d’accord portent principalement sur : le fait que le professionnel de santé leur explique la situation de la personne aidée : 72% ; le fait que ce professionnel s’assure de pouvoir les contacter facilement : 70% ; et le fait d’être impliqué dans les soins et le suivi thérapeutique : 52%
• Des attentes fortes subsistent quant au fait que les professionnels leur apportent des conseils pour se préserver (59%) et fassent plus attention à leur propre santé (67%).

Des difficultés relationnelles demeurent

• Les aidants soulignent notamment le fait que les professionnels de santé visitent la personne aidée en leur absence (17%), et qu’ils leur parlent directement plutôt qu’à la personne aidée (16%). De plus, ils déplorent également que les professionnels de santé aient du mal à accepter que l’aidant prenne différents avis médicaux.
• Par ailleurs, 11% des aidants soulignent que les professionnels de santé ne s’aperçoivent pas qu’ils sont en train de s’épuiser.

Une approche contrastée des dispositifs de formation

• Si près de 10% des aidants ont déjà participé à une formation dédiée aux aidants, 45% ne sont pas intéressés par ce type de démarche : parmi eux, 65% n’en voient pas l’utilité et 27% estiment ne pas en avoir le temps.
• Sur les 55% d’aidants intéressés pour participer à une formation, l’objectif majoritaire est l’amélioration de la qualité de vie de la personne aidée (42%) et l’acquisition des bons gestes pour éviter de nuire (32 %).
• 75% des aidants intéressés militent pour des formations courtes et régulières (75%) plutôt que longues et à fréquence plus espacée. La présence du formateur est plébiscitée (83%) au détriment de dispositifs à distance (9%).

3. Aidants familiaux & Vie professionnelle

Une conciliation plutôt bien vécue

• La grande majorité des aidants (90%) dit réussir à concilier vie familiale et activité professionnelle et indique même que le fait de s’occuper d’une personne malade a des répercussions positives sur leur vie professionnelle. Dans ce contexte, seulement 3% d’entre-eux ont dû arrêter de travailler en raison de la dépendance de leur proche.
• 72% en ont parlé sur leur lieu de travail, principalement aux collègues (68%), puis aux supérieurs hiérarchiques directs (38%) et beaucoup moins au médecin du travail (14%).
• Les difficultés rencontrées tiennent principalement au manque de temps (39%), au stress engendré (22%) et à la fatigue (19%).

Une prise en compte mesurée au sein du monde économique

• 58% des aidants ont le sentiment d’être suffisamment pris en compte en tant qu’aidant par leur supérieur ou leur Direction. D’ailleurs près de 52% ne souhaitent pas l’être davantage.
• Les soutiens semblent plutôt importants, émanant principalement des collègues (77%), mais aussi des supérieurs hiérarchiques (63%).
• S’agissant des actions menées en faveur des aidants au travail, les aidants soulignent majoritairement l’implication des associations de patients (59%) puis, loin derrière, des pouvoirs publics (29%) et des organisations syndicales (22%).

Un impact significatif

• Si 74% des aidants déclarent ne pas avoir dû s’absenter du fait de leur situation durant les 12 derniers mois, pour les 26% restant, le nombre moyen de jours de congés (arrêt maladie, congé sans solde…) s’établit à 16 jours. Il faut toutefois noter que près de 30% d’entre-eux ignorent les congés auxquels ils pourraient prétendre (ex. congé de soutien familial).
• 44% des aidants ont eu recours à au moins une forme d’aménagement au cours de leur vie professionnelle : principalement la flexibilité des horaires (30%) et le temps partiel (12%), loin devant le télétravail (5%)
• 15% des aidants estiment par ailleurs avoir été pénalisés dans leur évolution professionnelle, soit en se voyant refuser une promotion (9%), soit en devant la refuser de leur propre initiative (11%). Au total, le manque à gagner annuel lié à leur situation d’aidant est estimé à environ 20% de leurs revenus.

Des attentes fortes liées à des modes d’aménagement qui favorisent le maintien de la dynamique professionnelle

• 64% des aidants souhaiteraient bénéficier d’un aménagement de leurs horaires ou lieu de travail afin d’avoir plus de temps pour s’occuper de leur proche.
• En termes d’attentes, elles convergent prioritairement vers des solutions privilégiant une dynamique professionnelle : temps partiel mieux rémunéré (41%) et aménagement des horaires de travail (37%) plutôt que congé temporaire (29%) ou retraite anticipée (26%).
• Par ailleurs, les aidants semblent favoriser des formes de maintien sur le lieu de travail, puisque les possibilités de télétravail sont faiblement évoquées (23%).

Méthodologie
Ce panel représentatif initial de 1.023 personnes a été constitué du 25 janvier au 5 juillet 2008 via un recrutement au sein d’une population générale de 28.205 personnes (28 vagues omnibus représentatives de 1.000 personnes). Il a donné lieu à des vagues de sondage omnibus successives permettant d’interroger 600 à 850 aidants (selon les vagues).

Article publié le 06/10/2010 à 12:47 | Lu 2649 fois