Les deux protagonistes turcs se retrouvent dans un hôpital psychiatrique en Suède.
Le plus jeune, Sami Baran, est un réfugié politique qui a fuit son pays il y a quelques années suite au coup d'état militaire. On l'accuse à tort d'avoir des activités subversives alors qu'il n'avait été que le témoin d'une bavure qui causa la mort de sa fiancée. C'est lui qui reconnut son compatriote dans la chambre voisine à l'hôpital. Et pour cause : l'autre homme fut son tortionnaire jadis dans la prison turque.
Aidé par d'autres réfugiés issus de tous horizons, Sami projettera d'assassiner son bourreau. Pas si facile quand des liens équivoques lient peu à peu les deux hommes. « Et je me demandai : la nostalgie peut-elle se montrer plus forte que la haine ? Le sentiment d'appartenance peut-il se révéler supérieur à la haine ? Peut-on oublier la haine ? » confie Sami.
Toute la complexité de ces rapports est parfaitement rendue dans ce roman audacieusement composé. L'histoire est doublement racontée : d'abord par le narrateur dépositaire des confessions de Sami, puis par Sami lui-même, qui intervient par le biais d'un manuscrit corrigeant ainsi les propos du narrateur.
Ce procédé donne une profondeur confondante au texte. On en vient à s'interroger sur la capacité d'un auteur à relayer la souffrance d'un autre. Livaneli y répond d'une manière magistrale.
Il faut préciser que l’auteur est lui aussi réfugié en Suède depuis le putsch de 1971 en Turquie.
Une saison de solitude
Livaneli
(traduit du turc par Timour Muhidine)
Editions Gallimard
238 pages
21 euros
Le plus jeune, Sami Baran, est un réfugié politique qui a fuit son pays il y a quelques années suite au coup d'état militaire. On l'accuse à tort d'avoir des activités subversives alors qu'il n'avait été que le témoin d'une bavure qui causa la mort de sa fiancée. C'est lui qui reconnut son compatriote dans la chambre voisine à l'hôpital. Et pour cause : l'autre homme fut son tortionnaire jadis dans la prison turque.
Aidé par d'autres réfugiés issus de tous horizons, Sami projettera d'assassiner son bourreau. Pas si facile quand des liens équivoques lient peu à peu les deux hommes. « Et je me demandai : la nostalgie peut-elle se montrer plus forte que la haine ? Le sentiment d'appartenance peut-il se révéler supérieur à la haine ? Peut-on oublier la haine ? » confie Sami.
Toute la complexité de ces rapports est parfaitement rendue dans ce roman audacieusement composé. L'histoire est doublement racontée : d'abord par le narrateur dépositaire des confessions de Sami, puis par Sami lui-même, qui intervient par le biais d'un manuscrit corrigeant ainsi les propos du narrateur.
Ce procédé donne une profondeur confondante au texte. On en vient à s'interroger sur la capacité d'un auteur à relayer la souffrance d'un autre. Livaneli y répond d'une manière magistrale.
Il faut préciser que l’auteur est lui aussi réfugié en Suède depuis le putsch de 1971 en Turquie.
Une saison de solitude
Livaneli
(traduit du turc par Timour Muhidine)
Editions Gallimard
238 pages
21 euros
