Trop de somnifères et de tranquillisants pour les seniors

Selon une enquête de la Haute autorité de santé (HAS), rendue public cette semaine, les seniors de plus de 65 ans consomment trop de médicaments psychotropes… Et souvent à mauvais escient. Parmi eux, les somnifères (hypnotiques), les tranquillisants (les anxiolytiques de type benzodiazépines) et les neuroleptiques (aussi appelés antipsychotiques).


Dans cet état des lieux chiffré -le premier du genre selon l’HAS- qui réunit les données fournies par les trois régimes de l’Assurance maladie, la quasi-totalité (97%) de la population française de 65 ans et plus a pu être étudiée, soit près de 10 millions de personnes.

On y apprend qu’un tiers (32%) des plus de 65 ans et près de 40% des plus de 85 ans se sont vus prescrire un hypnotique ou un anxiolytique entre septembre et décembre 2007 pour combattre l'insomnie, l'anxiété ou des affections y ressemblant.

On y apprend également que 13% des plus de 65 ans et 18% des plus de 85 ans se sont vus prescrire régulièrement en 2007 des antidépresseurs. Dans ce cas précis, l’HAS, ignore s’ils sont trop ou pas assez élevés…

Concernant les troubles du comportement, 3% des plus de 65 ans et près de 6% des plus de 85 ans et 18% chez les personnes souffrant de maladie d'Alzheimer ont eu « de façon régulière » une prescription de neuroleptiques.

Quatre situations sont à l’origine de la majorité de ces prescriptions
Les plaintes relatives au sommeil sont courantes, mais ne correspondent pas forcément à une insomnie, surtout chez le sujet âgé. Les insomnies avérées ne justifient de toute façon pas d’un traitement au long cours par benzodiazépines ou composés Z, qui ont des effets délétères. Cependant les plaintes relatives au sommeil sont source d’une forte consommation de ces médicaments.

La dépression, fréquente chez le sujet âgé, est fortement liée aux affections somatiques, à l’environnement et aux évènements de la vie de la personne âgée. Le traitement antidépresseur, qui devrait être associé à la prise en compte de ces éléments, n’est souvent pas prescrit, faute de diagnostic, et trop de benzodiazépines sont administrées.

Les signes anxieux sont également un fréquent motif de consultation du sujet âgé, cachant en réalité souvent une dépression. Dans tous les cas, les benzodiazépines ont peu de place dans la prise en charge. Or il existe une sur prescription de benzodiazépines à visée anxiolytique en France.

Les troubles du comportement dits «productifs » survenant dans la maladie Alzheimer (et pathologies apparentées) - cris, agitation, agressivité, déambulation –, conduisent à une surprescription de neuroleptiques, très délétère et non indiquée. Les troubles du comportement lors d’un épisode aigu de confusion constituent également une situation pourvoyeuse de prescription délétère de psychotropes chez le sujet âgé.

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Publié le 16/10/2008 à 10:54 | Lu 6051 fois