Train Alzheimer : bilan de la première édition

Le Train Alzheimer, inauguré le 6 septembre 2010 par la ministre de la Santé Roselyne Bachelot et la secrétaire d’Etat chargée des Aînés Nora Berra, termine son périple aujourd’hui, à 11 heures à la gare du Nord à Paris. Profitons du retour de ce train exceptionnel pour réaliser un petit bilan de cette toute première édition : 20.000 visiteurs ont circulé dans ce convoi de 350 mètres de long et près de 5 000 personnes ont assisté aux conférences données à son bord durant les douze étapes. D’ores et déjà, un rendez-vous est pris pour 2011 où le « Train Alzheimer » sillonnera à nouveau la France selon un circuit différent.

PAR SENIORACTU.COM | Publié le Mardi 21 Septembre 2010

21 septembre 2010 : Journée mondiale de la maladie d’Alzheimer

La mission du train Alzheimer

Face au défi que représente la maladie d’Alzheimer, la SNCF et France Télévisions ont décidé de créer le Train contre la maladie d’Alzheimer. Du 7 au 21 septembre 2010, ce 258ème train-expo a sillonné la France pour informer et apporter des réponses concrètes sur la maladie d’Alzheimer et faire le point sur les recherches en cours.

Maladie d’Alzheimer : ce qu’il faut savoir

Décrite pour la première fois, il y a à peine plus d’un siècle par le Pr. Alois Alzheimer, médecin allemand psychiatre, neurologue et neuropathologiste, la maladie d'Alzheimer se caractérise par la perte progressive de la mémoire et des fonctions cognitives. En outre, elle s'accompagne fréquemment de troubles du comportement.

La maladie d’Alzheimer est associée à deux types de lésions dans le cerveau : les plaques amyloïdes et les dégénérescences neurofibrillaires. Ces plaques se forment entre les cellules nerveuses alors que la dégénérescence touche les neurones et conduit à leur mort. On sait aujourd’hui que c’est l’accumulation anormale de certaines molécules qui provoque ces lésions : peptide bêta-amyloïde pour les plaques et protéine tau pour la dégénérescence.

Mais bien des inconnues demeurent sur les mécanismes de cette maladie, dont les lésions se développent pendant plusieurs décennies à bas bruit et qui, de surcroît, peuvent se retrouver au cours du vieillissement normal. Une hypothèse actuellement à l’étude –renforcée par l’observation de centaines de cerveaux de personnes décédées– est que dans la maladie d’Alzheimer la présence des plaques accélère le processus de dégénérescence. Résultat : le cerveau qui, normalement, met en place des phénomènes de compensation, ne peut plus faire face à cette destruction massive de neurones et les signes cliniques apparaissent.

On associe souvent la maladie d’Alzheimer à la perte de mémoire car ce sont effectivement les neurones localisés dans la région de l’hippocampe, siège de la mémoire, qui sont les premiers atteints. Malheureusement, petit à petit d’autres zones du cerveau seront touchées et mèneront à la disparition progressive des capacités d’orientation dans le temps et dans l’espace, de reconnaissance des objets et des personnes, d’utilisation du langage, de raisonnement, de réflexion…

Etroitement liée au vieillissement de la population et à l'allongement de la durée moyenne de vie, cette affection devrait continuer à progresser dans les prochaines années. D’ores et déjà, après 85 ans, une femme sur quatre et un homme sur cinq sont touchés. Des chiffres qui font de la maladie d'Alzheimer et des troubles apparentés, un enjeu majeur de santé publique.

Les chiffres à connaître

Aujourd’hui, en France, plus de 800.000 personnes seraient touchées par la maladie d’Alzheimer ou une maladie apparentée, selon les études épidémiologiques, Une partie de ces malades -entre 30.000 et 50.000 personnes- n’ont pas encore soixante ans. Car la maladie d’Alzheimer ne concerne pas seulement les personnes âgées.

Parmi les malades Alzheimer, 450.000 sont suivis médicalement, dont 225.000 bénéficient d’une prise en charge au titre de l’affection de longue durée. En outre, près de 165 000 nouveaux cas de maladie d’Alzheimer sont recensés chaque année.

Toutefois, à ce jour, la maladie d’Alzheimer reste insuffisamment diagnostiquée, ou trop tardivement : 50% des patients ne sont pas diagnostiqués et, quand ils le sont, seulement 33% des patients le sont au stade précoce de leur maladie, 46% au stade intermédiaire et 73% au stade avancé. Actuellement, le coût de la prise en charge de la maladie est estimé à 10 milliards d’euros.

Plan Alzheimer : un engagement politique fort

En 2008, le Président de la République a lancé un Plan Alzheimer, afin de mieux connaître, mieux diagnostiquer et mieux prendre en charge la maladie. D'une durée de cinq ans (2008-2012), il représente un effort cumulé de 1,6 milliard d'euros (1,2 milliards d’euros pour le médico-social, 200 millions d’euros pour la santé et 200 millions d’euros pour la recherche), financé par l'Etat, l'Assurance-maladie et les franchises médicales.

Le plan Alzheimer 2008-2012 a été élaboré sur la base des travaux de la Commission présidée par le Professeur Joël Ménard, qui a remis le 8 novembre 2007 un rapport insistant sur la nécessité d’organiser et de fédérer une prise en charge globale autour et pour le bénéfice de la personne malade et de ses aidants. Ce plan s’articule autour de 44 mesures réparties en trois axes qui doivent s’enrichir mutuellement pour satisfaire au mieux les besoins de la personne malade.

Ces trois axes sont :

- Améliorer la qualité de vie des malades et des aidants : les capacités de diagnostic hospitalières vont être augmentées afin de réduire les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous. Les conditions de l’annonce de la maladie doivent être améliorées avec l’élaboration d’un référentiel permettant de mieux informer le malade au
moment du diagnostic sur l’accompagnement médical, psychologique et social dont il pourra bénéficier. Après l’annonce du diagnostic, la priorité est de permettre le maintien à domicile car la majorité des personnes malades souhaitent rester chez elles.

Des équipes spécialisées, des places de services à domicile et des structures de répit seront créées dans ce but. Toutefois, le placement en établissement s’avère parfois indispensable. Des unités d’hébergement feront l’objet d’un renforcement en personnel afin que les soins et les activités soient plus adaptés à la spécificité des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.

Enfin, une porte d’entrée unique dans le système de prise en charge sera proposée aux patients et aux familles, à travers les « Maisons pour l’autonomie et l’intégration des malades d’Alzheimer » (MAIA). Un nouveau métier, le coordonnateur, chef d’orchestre de la prise en charge sanitaire et médico-sociale du malade, permettra d’assurer la liaison entre les équipes et garantira une véritable prise en charge multidisciplinaire adaptée à la situation de chacun.

- Connaître pour agir : oubliée dans les politiques précédentes, la recherche est pilotée par une fondation de coopération scientifique. Elle coordonne un effort sans précédent en faveur de la maladie d’Alzheimer : soutien aux jeunes chercheurs et médecins, financement d’équipements lourds, synergies entre recherche fondamentale, recherche clinique et recherche en sciences sociales, partenariats avec les industriels de santé. Ce nouvel élan permettra à notre pays de rattraper son retard et favorisera la découverte ou la validation d’un diagnostic ou d’un traitement en France.

- Se mobiliser pour un enjeu de société : trois grandes actions permettront d’enrichir et d’appuyer les mesures précédentes : informer et sensibiliser le grand public, promouvoir une réflexion et une démarche éthique et faire de la maladie d’Alzheimer une priorité européenne.

Un convoi exceptionnel pour informer et sensibilier

Long de 375 mètres (soit près de deux TGV), le Train contre la maladie d’Alzheimer a abordé la pathologie sous quatre aspects différents : 1/ Comprendre la maladie d’Alzheimer ; 2/ Vivre avec au quotidien ; 3/ L’implication des aidants et 4/ Le point sur la recherche.

1/ Comprendre la maladie

Définition, chiffres, symptômes et diagnostic, tout était expliqué et détaillé de façon simple et pédagogique. Des experts étaient également présents pour répondre à toutes les questions lors de conférences, pour améliorer la qualité de vie des malades et de leur famille, mais aussi afin de mieux connaître la maladie, devenue enjeu de société.

Facteurs de risque : ce qu’il faut savoir

Parmi les facteurs de risque qui augmentent l’émergence de la maladie d’Alzheimer, citons :
- l’âge et le sexe (les femmes sont les plus touchées)
- la dépression chronique
- une courte scolarité
- les facteurs de risque cardiovasculaire : hypertension artérielle, diabète, excès de cholestérol…
- un environnement pollué (tabac, pesticides…

Signes précurseurs : ceux qui doivent alerter

- les pertes de mémoire répétées qui nuisent aux activités quotidiennes
- la difficulté à exécuter des tâches ménagères du quotidien
- les problèmes de langage (ne pas trouver le mot juste, le nom d'un objet ou d'une personne familière. Au début, il est remplacé par une périphrase ou par "truc" ou "machin")
- la perte de repères dans l’espace et dans le temps
- l’affaiblissement du jugement (enfiler trois chandails en plein été, utiliser une paire de lunettes à la place de la fourchette, une paire de ciseaux pour écrire…)
- les difficultés face aux notions abstraites (difficultés à s’occuper de ses comptes et factures …)
- les objets égarés
- les changements d’humeur ou de comportement (sautes d'humeur ou de changement brutal de comportement)
- le manque d’enthousiasme
- les changements de personnalité
- le manque d’initiative
- la perte de poids

Le diagnostic

Ces signes doivent inciter le patient, ou son entourage, à consulter le médecin référent. Celui-ci proposera, si nécessaire, une orientation vers une consultation mémoire, spécialisée et pluridisciplinaire, qui procèdera au diagnostic par des tests à la fois cliniques, psychologiques, par imagerie et biologie. Le diagnostic permettra ensuite d’établir un plan de soins, lui aussi pluridisciplinaire et immédiatement mis en oeuvre.
Train Alzheimer : bilan de la première édition

2/ Vivre avec la maladie

Quels traitements ? Quel accompagnement ? Quelles prises en charge -à la maison et en établissement ? Quelles aides sociales et financières ? Comment vivre au quotidien avec un proche malade ? Autant de questions pratiques auxquelles des réponses adéquates ont été apportées aux visiteurs.

A retenir : aujourd’hui, il n'existe aucun traitement curatif de cette maladie, mais il existe des thérapeutiques médicamenteuses et non médicamenteuses qui diminuent les symptômes gênants et peuvent améliorer la vie quotidienne. Et aussi : on peut aussi prévenir ou corriger certains facteurs aggravants, telle que la dénutrition. En effet, 30 à 40% des malades Alzheimer perdent involontairement du poids, signe de dénutrition. L’alimentation est donc un point clé de la prise en charge du patient, malheureusement trop souvent méconnu des aidants. Or, c’est un point essentiel pour lequel l’aidant peut s’impliquer de façon efficace.

3/ L’implication des aidants

Comment « aider les aidants » ? Tel était l’un des axes de réflexion proposé à bord du Train contre la maladie d’Alzheimer. Car partager le quotidien d’une personne atteinte de la maladie d’Alzheimer, c’est veiller à la sérénité de son environnement, qui doit être à la fois calme, apaisant et stable. Et ce, 24 heures sur 24. Or, parfois cela relève du sacerdoce et il faut savoir être conscient de ses limites. Il est important, en effet, qu’un aidant apprenne à prendre soin de lui et trouve un espace de vie dans lequel il peut prendre du recul, se ressourcer. A son tour, il doit accepter de recevoir de l’aide pour continuer dans la durée à accompagner son proche malade.

En effet, l’aidant familial risque, à terme, de s’épuiser. La maladie évoluant, il se retrouve à devoir assurer une aide et une présence de plus en plus importante auprès de son proche malade. Et il finit par ne plus prendre en compte ses propres besoins. Aussi est-il essentiel de lui proposer des espaces d’information, de formation et de soutien, qui l’accompagneront et s’adapteront à ses besoins. A retenir : actuellement, trois malades Alzheimer sur cinq sont à la charge de leur entourage.

Le saviez-vous ?

Selon l’association France Alzheimer (partenaire du Train Alzheimer), la dépendance résultant de la maladie d'Alzheimer mobilise les aidants à la mesure des dépendances physiques les plus lourdes. Ainsi l’aidant principal, le plus souvent issu de la famille, consacre-t-il entre 5 et 17,5 heures par jour à l'accompagnement de la personne malade.

Conséquence : la moitié des aidants souffrent de troubles dépressifs (étude Pixel).
Dans un tel contexte, France Alzheimer rend régulièrement hommage aux aidants lors de la Journée mondiale Alzheimer (chaque 21 septembre). « Les pouvoirs publics doivent assurer aux aidants familiaux les moyens de vivre leur engagement dans les meilleures conditions possibles », rappelle l’association.

4/ Le point sur la recherche

Quels sont les nouveaux médicaments en cours d’élaboration ? Et les nouveaux traitements, que faut-il en attendre ? Quelle recherche pour un diagnostic plus précis et plus précoce ? Quelles aides technologiques peut-on espérer ? Peut-on vraiment prévenir la maladie d’Alzheimer ? Une fois encore des experts ont répondu aux interrogations de chacun sans dramatiser ni inquiéter.

A savoir :

Des essais sont en cours concernant des médicaments stoppant l’évolution de la maladie et ciblant les protéines (tau et amyloïde) en cause. Parallèlement, deux tests permettant de détecter les marqueurs de la maladie à partir de quelques gouttes de sang sont en cours de validation. On attend leur commercialisation d’ici à la fin de l’année 2010. Ils pourraient ainsi révolutionner le diagnostic actuel qui combine des tests neuropsychologiques et de l’imagerie cérébrale.




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