Seniors en Vacances : facteur de bien-être et de prévention

A l’occasion du Salon des Seniors qui s’est déroulé à Paris le week-end dernier, l’Agence Nationale pour les Chèques-Vacances (ANCV), établissement public dont la mission est de favoriser le départ en vacances pour tous, a organisé une conférence sur le thème : Seniors en Vacances, facteur de bien-être et de prévention. En voici les principales conclusions…


Des effets néfastes de l’isolement

« Bien vieillir » n’est pas une évidence même si cette notion paraît légitimement naturelle. C’est un équilibre qui doit s’établir dans les nécessités physiologiques (régime alimentaire – activité sportive), mais aussi dans les nécessités psychologiques, car, bien trop souvent, le lien social est rompu au moment de la retraite.

Associant rencontres avec un médecin gériatre et un psychologue, les bilans (environ 10.000 par an) organisés dans les centres de prévention dont s’occupent les fédérations AGIRC/ARRCO permettent de faire le point à la fois sur la santé, les activités quotidiennes et la situation psychique des bénéficiaires.

Le Docteur Philippe Dejardin, directeur du Centre de prévention de Troyes, précise que ce sont avant tout des conseils qui sont prodigués aux personnes rencontrées et que 43 % d’entre elles ont d’ailleurs avoué avoir modifié leur comportement suite à ces entretiens (chiffre 2008). Il constate également que ces rendez-vous, renouvelables tous les deux ou trois ans, permettent de distinguer les personnes souffrant d’isolement.

Situation complexe et sournoise, l’isolement (à ne pas confondre avec la solitude) a plusieurs conséquences sur la personne : une mémoire qui s’atténue par manque de stimulation ; des carences alimentaires liées à une routine alimentaire, provoquant un déséquilibre et une baisse de forme musculaire ; un repli sur soi faute de contacts personnels, pouvant parfois déboucher sur une dépression ; de plus, le fait de s’isoler, de perdre ce contact social nécessaire, peut engendrer une dégradation de l’image de soi.

De ce fait, tous les dispositifs qui sortiront ces personnes de chez elles et leur permettront de rencontrer et de retrouver « l’autre », ne peuvent être que bénéfiques pour lutter contre le processus de vieillissement. Dans cet esprit, l’ANCV développe des séjours associés à des formations de conseil et de prévention -pour sensibiliser les seniors aux thèmes de la santé, la nutrition, la mémoire- toutes animées par des organismes agréés.

Préserver le lien social

Pour l’AGIRC et l’ARRCO, développer la prévention pour bien vieillir et éviter une rupture sociale est une action majeure de leurs orientations sociales. Comme le rappelle Anne Saint-Laurent, directrice de l’action sociale, l’AGIRC et l’ARRCO ont organisé des actions à destination de leurs retraités, y compris après 80 ans. Car, comme elle le souligne, « il n’y a pas d’âge au-delà duquel le lien social n’a plus d’importance».

Ainsi, depuis 2004, le service « Sortir Plus » permettant aux personnes de plus de 80 ans d’obtenir l’aide d’une personne pour les accompagner hors du domicile a été mis en place. Souvent autonomes chez elles, ces personnes craignent parfois de sortir par peur de tomber dans la rue ou parce qu’elles n’ont pas les moyens de se déplacer sur des courtes distances. Financé par l’intermédiaire du CESU, ce service leur offre la possibilité de sortir à nouveau de chez elles en toute confiance et sécurité.

Au même titre que cette opération, « Seniors en Vacances » permet aux seniors de sortir de chez eux à l’occasion de séjours de vacances de 5 jours/4 nuits ou 8 jours/7nuits, leur permettant de renouer des liens sociaux mais également de s’évader en toute sécurité.

En décembre 2009, une enquête réalisée par l’ANCV a permis de relever que 28% des seniors ayant répondu (âge moyen : 70 ans) n’étaient jamais partis en vacances. Plus des trois-quarts (78%) ont réalisé des activités en groupe et 52% ont gardé des contacts avec d’autres participants, confortant l’impact des vacances sur la vie sociale de nos aînés. Une très large majorité (97%) des partants souhaitent renouveler leur séjour. Au-delà de ce constat, pour 73% d’entre eux les séjours ont eu un effet certain sur leur état de santé, réaffirmant ainsi l’action préventive des vacances sur le bien-être des personnes.

Identifier et aider les personnes en situation de fragilité, de précarité

Dans la mise en place du programme « Seniors en Vacances », l’ANCV travaille particulièrement en collaboration avec la CNAV afin de déceler, et ainsi aider, les personnes fragiles financièrement et socialement.

Comme le rappelle, Claude Perinel, directeur de l’action sociale de la CNAV, l’action sociale de l’Assurance retraite intervient au profit de quelque 350.000 retraités du régime général de la sécurité sociale en situation de fragilité économique ou sociale, en particulier en raison des incidences de leur isolement, de leur état de santé ou de leurs ressources.

Une étude du CREDOC réalisée à l’initiative de la CNAV montre que ces retraités présentent un profil comportant des éléments de fragilité significatifs. C’est ainsi que 70% d’entre eux sont seuls, 51% sont veufs et 60% vivent avec moins de 1.000 euros par mois. Comme le confirment des travaux similaires réalisés au niveau européen, cette étude montre qu’il s’agit d’une population en situation de précarité.

Les interventions à domicile sont fondées sur l’évaluation de la situation des retraités et tiennent compte de leur situation personnelle, mais aussi de leur entourage et des caractéristiques de leur logement. Ce cadre général permet de mettre en oeuvre des solutions plus diversifiées favorisant non seulement le maintien à domicile mais aussi le développement de liens sociaux en dehors du domicile, dans une perspective de prévention de la perte d’autonomie.

C’est dans ce contexte que la CNAV a tenu à s’associer au programme « Seniors en Vacances », car en fonction de l’évaluation personnalisée du retraité, une aide des caisses régionales peut être mobilisée pour participer à la réalisation d’un séjour.

En 2009, 72% des 14.000 retraités partis avec l’ANCV étaient éligibles à l’aide financière (non imposables) : à ce titre, 50% des frais de leur séjour « Seniors en Vacances » ont été pris en charge, soit une aide de 150 ou 180 euros (hors transport). A noter que les personnes en situation de handicap ou de perte d’autonomie ayant recours à un accompagnant ou aidant familial bénéficient également de l’aide financière de l’ANCV.

Des vacanciers comme les autres

Julien Faucher, responsable du Développement chez Cap’Vacances, fait un constat très positif de ces séjours. D’une part, les voyages « Seniors en Vacances » sont devenus une composante à part entière de l’offre printemps-automne proposée par Cap’Vacances vers des destinations mer, campagne et montagne. D’autre part, ce programme bénéficie d’activités complètes et de qualité adaptées à la population des seniors et leur permettant de participer, au même titre que n’importe quel vacancier, à des visites, des animations, des soirées proposées par les structures touristiques les accueillant. Entre activités sportives douces, visites culturelles, découvertes du terroir, les aînés peuvent ainsi profiter pleinement de leurs vacances, dans des conditions normales de confort et d’accueil.

Cap’Vacances fait également partie des premiers sites à accueillir le nouveau programme Seniors en Vacances qui offre la possibilité aux grands-parents de partir avec leurs petits-enfants, dans le but de consolider ou retisser des liens.

Enfin, les seniors partant avec ce programme sont accueillis et encadrés comme tous les autres clients avec lesquels ils partagent leur séjour. Au sein de cette mixité, ils (re)découvrent (rappelons-le une fois de plus, certaines personnes ne sont jamais parties en vacances) le plaisir de partager et de discuter. Au même titre que les personnes en activités, les seniors ont besoin de vacances, leur redonnant, jour après jour, tonus et vitalité.

Soucieuse de partager les mêmes valeurs dans le champ du social, l’ANCV a construit un partenariat avec des établissements touristiques pouvant accueillir (hors juillet et août) les seniors dans le cadre des programmes groupes ou individuels. Ce partenariat est établi sur la base d’un cahier des charges qualitatif fixant les obligations tant dans le domaine de l’accueil, des prestations que dans le domaine de l’accessibilité en particulier pour les personnes en perte d’autonomie. Ainsi 13 des 193 destinations proposées sont classés Tourisme et Handicap.

Rappelons que « Seniors en Vacances », soutenu par le secrétariat d’Etat au Tourisme, est une offre de séjours à vocation sociale qui vise à lutter de façon préventive contre la solitude et l’isolement des personnes âgées. En 2009, plus de 14 000 retraités de 60 ans et plus en ont bénéficié.

Toutes les informations et les modalités d’inscription au programme : www.ancv.com.. Pour les particuliers, en utilisant le numéro magique Azur : 3240, dites « Seniors en Vacances ».

L’Agence Nationale pour les Chèques-Vacances est un établissement public fondé en 1982 et placé sous la tutelle du ministre de l’Economie, de l’industrie et de l’emploi et du secrétaire d’Etat chargé du Commerce, de l’artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme, des services et de la consommation. Elle a pour mission sociale le développement de l’accès aux vacances pour tous. Elle s’appuie sur deux piliers : le Chèque-Vacances destiné aux salariés du secteur public et privé (3,2 millions de bénéficiaires) et des programmes d’action sociale au profit des publics en difficulté : familles notamment monoparentales, jeunes adultes, personnes en situation de handicap, personnes âgées (130 000 personnes sont parties en vacances en 2009).

Publié le 30/03/2010 à 14:18 | Lu 4289 fois