Retraites : « pour une gauche présente et offensive », chronique de Jean-Marie Le Guen (PS)

En publiant une note* à la Fondation Jean Jaurès sur les conséquences du vieillissement sur notre société, ma volonté est de contribuer à une prise de position offensive du Parti Socialiste sur le dossier des retraites.


Je suis en effet convaincu que sur ce dossier incontournable, il faut imposer notre approche, notre méthode et nos contreparties pour un nécessaire compromis social.

Certains sont peut être hésitants sur ce dernier terme, et le considèrent comme trop conciliant. Néanmoins, il rejoint l'esprit des propos de Martine Aubry lorsqu'elle critique l'agressivité d'Eric Woerth, et évoque un « consensus nécessaire ».

J'ai pris acte de la décision de la Première Secrétaire d'aborder le dossier en suggérant que c'était d'abord à la droite d'avancer ses propositions avant que nous présentions les nôtres. L'évolution de la situation dans les semaines qui viennent nous permettra de juger du bien-fondé de cette attitude. Surtout, je me félicite que la journée d'hier ait permis que s'engage un rapprochement entre les positions des socialistes.

Lorsque Henri Emmanuelli parle de « tabou contre tabou » pour justifier son refus de parler d'allongement de la durée de cotisation en prenant prétexte du refus de la droite d'opérer des prélèvements supplémentaires, ne laisse t-il pas entendre que l'abandon symétrique des tabous est la seule solution possible ?

Et lorsqu'au Bureau National du PS, Martine Aubry rappelle, à juste titre, que le financement des retraites par le seul allongement de la durée des cotisations nécessiterait cinq ans de cotisations supplémentaires, elle valide les calculs, dont ceux de T. Piketty, qui évoquent comme alternative une augmentation évaluée à cinq points des cotisations pour atteindre le même objectif. Là encore, une solution mixant les approches apparaît nécessaire.

C'est pourquoi nous devons nous mobiliser pour obtenir qu'avec l'allongement des cotisations soient mises en oeuvre des contreparties fortes sur la prise en compte de la pénibilité et sur une vraie politique d'emploi des seniors.

En tout état de cause, l'ensemble de ces prises de position, pour techniques qu'elles soient, consacrent l'enterrement de l'idée, défendue par certains à gauche, que le problème des retraites pourrait se résoudre de lui-même par le retour miraculeux au plein-emploi ou la seule mobilisation de prélèvements sur les revenus financiers.

Ainsi, alors que les positions convergent et que nous progressons sur le fond, une question fondamentale pour la crédibilité de la gauche demeure ouverte : saurons-nous être présents et offensifs dans le débat ?

*www.jean-jaures.org/Publications/Les-essais/Retraites-et-vieillissement

Publié le 27/04/2010 à 09:04 | Lu 1399 fois