Resvératrol et vieillissement : mimer les effets bénéfiques de la restriction calorique

A l’occasion du Forum Micronutrition qui s’est tenu le 10 mars dernier à l’Institut Pasteur de Paris, le Dr Fabien Pifferi de l’UMR CNRS-MNHN 7179 a présenté des travaux qui s’intéressent à la relation entre le resvératrol (un antioxydant qui pourrait mimer les effets bénéfiques de la restriction calorique) et le vieillissement. Détails.





Par le docteur Fabien Pifferi

La restriction calorique (RC) modérée chronique a été identifiée chez de nombreuses espèces (incluant des mammifères) comme une intervention permettant d’augmenter la longévité tout en limitant l’apparition des pathologies liées à l’âge. En gros, et pour schématiser : « manger peu et vivre vieux ».

C’est le cas notamment pour le microcèbe, un petit primate d’une centaine de grammes, chez qui nous avons démontré un effet positif de la RC modérée chronique sur la longévité. Cependant la RC n’est pas applicable à l’homme à long terme et il n’est pas envisageable de la débuter chez la personne âgée… Il semble donc indispensable d’identifier des traitements capables de mimer les effets positifs de la RC.

De nombreuses avancées ont permis d’identifier certains mécanismes cibles de la RC et d’ouvrir la voie à l’identification de molécules potentiellement mimétiques de ce traitement. Dans ce contexte, nous nous intéressons actuellement à une molécule potentiellement mimétique de la RC, le resvératrol (RSV) pour étudier les potentialités de ralentir voire restaurer les déficits liés à l’âge.

Il a été démontré notamment que le RSV a des effets positifs sur la physiologie et la longévité chez des rongeurs obèses. Des travaux récents suggèrent que ces effets soient dus à des changements impliquant le métabolisme énergétique et les rythmes circadiens (régulés pas l’horloge biologique). Parmi les effets observés, le RSV augmente l’activité des sirtuines, une famille de gènes impliquée dans la régulation du métabolisme énergétique, qui pourraient être une cible thérapeutique pour le traitement des maladies liées à l’âge.

Le RSV est aussi décrit comme améliorant les fonctions mitochondriales et l’expression du gène PGC-1. Ce dernier participe à la régulation de l’horloge circadienne en stimulant l’expression de certains gènes clés de l’horloge biologique.

Nos travaux s’intéressent notamment aux impacts à court et long terme de supplémentations alimentaires en RSV, d’une part sur les fonctions de l’horloge biologique, d’autre part sur certains paramètres métaboliques, et enfin sur la longévité et l’apparition de pathologies liées à l’âge. Cette intervention résume l’ensemble des travaux de l’équipe Mécanismes Adaptatifs et Evolution (MECADEV) de l’UMR CNRS-MNHN 7179 portant sur les relations entre RSV et vieillissement, qui constituent les premières études réalisées chez un primate non humain.

Rappelons que le resvératrol (RSV) est un composé polyphénolique connu pour ses activités antioxydantes. Il est présent dans des plantes comme la vigne, le raisin, les arachides, les mûres, la rhubarbe et dans d’autres plantes très résistantes comme le Polygonum cuspidatum ou le Veratrum album. Il fait partie de la classe des phytoalexines, une substance antibiotique produite par la plante lors d’un stress ou pour se défendre contre les agresseurs bactériens, fongiques (mildiou, oïdium ou botrytis) ou certains produits phytosanitaires.

Article publié le 14/03/2012 à 09:26 | Lu 4310 fois