Rajeunir les cellules, c’est possible : un pas de plus vers la longévité, un pas de plus vers l’éternité…

Une équipe de l’Inserm* dirigée par Jean Marc Lemaitre vient de parvenir à rajeunir des cellules de donneurs âgés vieilles de plus de cent ans ! Ces cellules âgées, reprogrammées in vitro en cellules souches ont retrouvé leur « jeunesse » et surtout, les caractéristiques des cellules souches embryonnaires : elles peuvent donc se différencier à nouveau en cellules de tous types après cette véritable cure de « jouvence » !. Ces résultats constituent une avancée significative et une nouvelle étape vers la médecine régénérative.


Les cellules souches embryonnaires humaines (hESC) sont des cellules dites « à tout faire » qui sont indifférenciées. Par leurs divisions, elles assurent la mise en place de toutes les cellules adultes différenciées de l'organisme (neurones, cellules cardiaques, cellules de peau, cellules du foie, cellules du pancréas, etc.).

Depuis 2007, quelques équipes de recherche dans le monde sont capables de reprogrammer des cellules adultes humaines en cellules souches pluripotentes (iPSC), qui présentent des caractéristiques et un potentiel similaires aux cellules souches embryonnaires humaines (hESC).

Cette reprogrammation, rappelle le communiqué de l’Inserm, offre la possibilité de reformer tous les types cellulaires de l'organisme en dehors des contraintes éthiques liées à l'utilisation de cellules souches de type embryonnaires.

Cependant, jusqu'alors, les résultats de recherches publiés montraient que la sénescence, point ultime du vieillissement cellulaire, restait une limite à l'utilisation de cette technique pour des applications thérapeutiques chez des patients âgés…

Aujourd'hui, le scientifique Jean Marc Lemaitre, chargé de recherche à l'Inserm et son équipe, viennent de franchir cette limite. En effet, les chercheurs sont parvenus à rajeunir des cellules de donneurs âgés -jusqu'à plus de 100 ans- démontrant ainsi la réversibilité du processus du vieillissement cellulaire !

Rajeunir les cellules, c’est possible : un pas de plus vers la longévité, un pas de plus vers l’éternité…
Un peu de technique… Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé une stratégie consistant à reprogrammer des cellules, grâce à un « cocktail » spécifique de six facteurs génétiques tout en effaçant les marques du vieillissement. Les chercheurs ont montré que les cellules souches iPSC obtenues, ont alors la capacité de reformer tous les types cellulaires de l'organisme. Elles possèdent des caractéristiques physiologiques de cellules « jeunes », tant du point de vue de leur capacité proliférative que de leur métabolisme cellulaire.

Les chercheurs ont d'abord multiplié des cellules de la peau (fibroblastes) d'un donneur de 74 ans pour atteindre la sénescence caractérisée par l'arrêt de la prolifération des cellules. Ils ont ensuite procédé à la reprogrammation in vitro de ces cellules. Dans cette étude, Jean Marc Lemaitre et son équipe ont d'abord confirmé que cela n'était pas possible avec le lot de quatre facteurs génétiques classiquement utilisé et ont ajouté deux facteurs supplémentaires qui ont permis de franchir cette barrière !

Ainsi, grâce à ce nouveau « cocktail » de six facteurs, les cellules sénescentes, reprogrammées en cellules souches pluripotentes iPSC fonctionnelles, réacquièrent les caractéristiques de cellules souches de type embryonnaires. En clair : elles ont retrouvé leur capacité d'auto-renouvellement et leur potentiel de différentiation d'antan, ne conservant aucune trace de leur vieillissement antérieur.

Les résultats obtenus ont conduit l'équipe de recherche à tester le cocktail sur des cellules plus âgées de 92, 94, 96 jusqu'à 101 ans. « Notre stratégie a fonctionné sur les cellules de centenaires. L'âge des cellules n'est définitivement pas une barrière à la reprogrammation », conclut-il. Et d’ajouter : « Ces travaux ouvrent la voie à l'utilisation thérapeutique des iPS à terme, en tant que source idéale de cellules adultes tolérées par le système immunitaire, pour réparer des organes ou des tissus chez des patients âgés ».

Ce travail a fait l'objet d'une demande de brevet auprès d'Inserm Transfert.

Les résultats de cette étude sont publiés dans la revue Genes & Development datée du 1er novembre 2011

*Plasticité génomique et vieillissement dirigée par Jean Marc Lemaitre, chargé de recherche Inserm à l'Institut de génomique fonctionnelle (Inserm/CNRS/Université de Montpellier 1 et 2).

Source : Inserm

Publié le 02/11/2011 à 12:06 | Lu 3616 fois