Psychotropes : la consommation chez les seniors canadiens augmente, lentement, mais augmente…

Selon une étude de l’Institut canadien d'information sur la santé (ICIS), organisme qui recueille de l'information sur la santé et les soins de santé au Canada, l'utilisation d'antipsychotiques chez les personnes âgées continue d'augmenter, mais à un rythme plus lent…


Selon cette étude publiée début juillet, la proportion de seniors au Canada soumettant des demandes de remboursement pour des antipsychotiques a atteint 5% en 2006-2007, par rapport à 4,3% en 2001-2002, une fois les redressements effectués en fonction du vieillissement de la population.

Les antipsychotiques ont été mis au point surtout pour traiter la schizophrénie et les troubles bipolaires, mais ils sont de plus en plus utilisés pour traiter les symptômes comportementaux et psychologiques associés à la démence chez les aînés, comme le délire, les comportements agressifs et l'agitation.

Ces symptômes, qui touchent plus de la moitié des patients atteints de la maladie d'Alzheimer et d'autres formes de démence, peuvent entraîner des blessures chez les patients et les personnes qui les soignent. Les antipsychotiques se classent en deux catégories : typiques et atypiques. On tend de plus en plus à utiliser de nouveaux agents atypiques.

« Les études démontrent que les antipsychotiques peuvent présenter de légers avantages dans le traitement des symptômes comportementaux et psychologiques de la démence, notamment l'agitation et les comportements agressifs. Cependant, de nouvelles données sur l'innocuité des antipsychotiques, recueillies au cours de la dernière décennie, indiquent que ces médicaments sont également associés à des risques accrus d'effets secondaires graves chez les patients âgés atteints de démence, dont une augmentation du risque de décès », explique le Dr Nathan Hermann, chef de la psychiatrie gériatrique au Sunnybrook Health Sciences Centre.

Et de poursuivre : « les médecins prescrivant des antipsychotiques doivent donc soupeser méticuleusement les bienfaits de l'administration d'antipsychotiques par rapport aux risques pour chacun des patients. C'est, selon moi, un couteau à deux tranchants. Du côté négatif, l'étude de l'ICIS démontre qu'en général, l'utilisation de ces médicaments a augmenté chez les aînés, d'où les préoccupations grandissantes concernant la sur-utilisation chez les patients souffrant de démence. Cependant, sur une note positive, le taux de croissance semble diminuer légèrement, probablement en raison des nouvelles mises en garde sur les antipsychotiques. »

Toujours selon l'étude de l'ICIS, l'utilisation d'antipsychotiques atypiques, dans les provinces où elle a pu être évaluée, s'est révélée de loin plus marquée dans les centres de soins infirmiers que dans la collectivité. (…) « Il n'est pas étonnant d'observer un taux d'utilisation d'antipsychotiques plus élevé dans les centres de soins infirmiers, puisque la démence y est plus prévalente, et que les pensionnaires sont généralement à un stade plus avancé de la maladie », indique Michael Hunt, gestionnaire des Produits pharmaceutiques à l'ICIS. « Néanmoins, il importe de suivre étroitement l'utilisation des antipsychotiques chez tous les patients âgés. »

En 2006-2007, le taux d'utilisation d'antipsychotiques chez les femmes âgées était de 5,8%, dans les six provinces canadiennes qui ont fait l'objet de l'étude, comparativement à 4,2% pour les hommes âgés. Selon l'étude de l'ICIS, l'utilisation du médicament augmentait en fonction de l'âge, peu importe le sexe. Les aînés âgés de 65 à 74 ans présentaient le taux d'utilisation d'antipsychotiques le plus faible (3% pour les hommes et 3,6% pour les femmes), tandis que les aînés de 85 ans ou plus présentaient le taux d'utilisation le plus élevé (9,1% chez les hommes et 11,4% chez les femmes).

L'utilisation accrue du médicament chez les aînés de plus de 85 ans est probablement attribuable, en partie du moins, au fait que la prévalence de la démence augmente avec l'âge. L'étude a également révélé que la dose quotidienne moyenne d'antipsychotiques atypiques utilisés par les aînés diminuait avec l'âge.

Publié le 16/07/2009 à 18:52 | Lu 2119 fois