Problèmes cardiovasculaires, supplémentation en vitamine B et oméga 3 et cancer… le point avec l’Inserm

Des chercheurs français* viennent de publier une étude qui montre que, chez les hommes avec antécédents de pathologies cardiovasculaires, la supplémentation en vitamines du groupe B et en acides gras poly-insaturés oméga-3** n’accentue pas de manière significative la survenue de cancers. En revanche, les femmes avec antécédents cardiovasculaires semblent présenter un risque plus élevé de cancer au terme des cinq ans de supplémentation.





Bien que certaines études aient suggéré un bénéfice de la supplémentation en vitamine du groupe B sur la survenue de cancer, les quelques essais cliniques randomisés menés sur ce sujet au plan international au cours des dernières années, restent équivoques.

Les résultats des études menées sur l’influence de la supplémentation en acides gras poly-insaturés sont quant à eux hétérogènes.

C’est pourquoi ces scientifiques ont souhaité étudier les effets des vitamines du groupe B et des acides gras poly-insaturés oméga-3 sur les cancers en suivant pendant cinq ans -entre 2003 et 2009- plus de 2.500 personnes âgées de 45 à 80 ans, ayant survécu à un infarctus, un accident vasculaire cérébral ou une angine de poitrine au cours des douze derniers mois.

Plus concrètement, l’objectif de l’essai était de vérifier l’hypothèse de l’intérêt d’un apport supplémentaire en5-methyl-THF (et en vitamines B6 et B12) et/ou en oméga-3 dans la prévention de la récidive de pathologies ischémiques chez des sujets coronariens avérés ou ayant présenté un accident vasculaire cérébral.

Ainsi, l’effet de la supplémentation a été testé sur le développement de cancer au cours de ces cinq ans de suivi survenu chez 145 hommes et 29 femmes. Tous les types de cancers ont été suivis. « Malgré le faible effectif, les résultats sont significatifs, estiment les auteurs car la méthodologie utilisée, un essai randomise en double aveugle, est rigoureuse ».

Dans ce contexte, les chercheurs concluent que « ni la supplémentation en vitamines du groupe B ni la supplémentation en AGPI oméga-3 n’a eu d’effet significatif sur la survenue des cancers chez les hommes. En revanche, les femmes recevant des AGPI oméga-3 ont eu tendance à présenter un risque plus élevé de cancer par rapport au groupe placebo. Si les mécanismes sous-jacents ne sont pas clairs, un potentiel effet médiateur sur le métabolisme des oestrogènes est suggéré » ajoutent-ils.

Pour confirmer ou infirmer ces résultats, il faut maintenant attendre de nouvelles études : essais randomisés, études de cohortes et études mécanistiques. Ces travaux ont été publiés dans les Archives of Internal Medicine.

*Unité mixte de recherche en épidémiologie nutritionnelle (Inserm-Inra-Cnam-Université Paris13)
**les acides gras contenus dans les poissons gras, les fruits secs

Article publié le 21/02/2012 à 09:21 | Lu 2393 fois