Pleut-il ? de Franz Bartelt : l’épris des sens


Dans l’expression « si ça tombe » que représente « ça » ? Le verbe rentamer est accepté dans le dictionnaire. Si entamer veut dire « ôter une partie à quelque chose dont on n’a encore rien pris », rentamer voudrait signifier qu’on peut « r’ôter quelque chose qu’on a déjà ôté ». Aïe, aïe, aïe la logique cartésienne !

Et vouloir « faire un dessin animé sur l’immobilité ? » ; « Existe-t-il seulement des statistiques concernant la gaufre ». A ces questions, et à bien d’autres, Franz Bartelt apporte ses réponses. Parfois définitives, comme celle-ci : « la question est : quel avenir pour la jeune création ? Réponse : à terme, certainement la vieille création ».

L’auteur, malicieux, tient des propos sérieux. Il étudie des petits riens qui amusent puis qui déconcertent. C’est Nathalie Sarraute qu’aurait relu Woody Allen. Franz Bartelt porte la logique du langage à son paroxysme, tient le mot à distance et réinstalle le sens.
Pleut-il ? de Franz Bartelt

Sur un thème donné, il décortique les possibles pour prouver que chaque hypothèse n’est pas plus folle que le réel. Délibérément goguenards et digressifs, où l’autodérision n’est pas absente, ces textes courts font réfléchir en faisant sourire.

Juste pour le plaisir cette dernière réflexion de l’auteur : « je ne sais par quel trop respectueux préjugé, les hommes pensent que tout ce qu’entreprend la nature est exécuté dans la perfection universelle (…) Pourtant ce n’est pas offenser la création et le créateur que supposer qu’il existe des fleurs débiles, des grosses blondes qui se dandinent dans les lacunes végétales, des géraniums qui n’ont jamais été foutus de décrocher leurs bacs à fleurs, des tulipes qui ne savent pas qu’elles sont tulipes ».

Pleut-il ? de Franz Bartelt
Editions Gallimard
221 pages
15.90 euros

Publié le 21/01/2008 à 08:46 | Lu 3503 fois