ONU : examen des différents programmes d’action en faveur des personnes âgées (partie 2)

La Commission du développement social (CDS) a récemment organisé, dans le cadre d’une table ronde, un examen des plans et programmes d’action des organismes des Nations Unies concernant la situation des personnes âgées dans le monde. En voici les grandes lignes…


Carlos Roverssi Rojas, vice-ministre des affaires étrangères du Costa Rica a indiqué que, depuis le cinquième anniversaire du Plan d’action de Madrid en 2007, les pays de la région d’Amérique latine et des Caraïbes ont pris des mesures devant servir de base à un développement plus équitable qui permettrait d’y intégrer les personnes âgées.

Lors de la troisième Conférence régionale intergouvernementale sur le vieillissement, tenue en mai 2012, ces pays ont adopté la Charte de San José sur les droits des personnes âgées en Amérique latine et dans les Caraïbes. Selon les prévisions, le nombre de personnes âgées aura triplé, par rapport à ce qu’il est aujourd’hui, d’ici à la fin du XXIe siècle, a dit M. Rojas.

En 2036, les personnes du troisième âge seront plus nombreuses que les enfants dans la région Amérique latine et Caraïbes. Le vice-ministre a dès lors jugé important d’harmoniser les droits des différentes générations. Il a déploré que les personnes âgées n’aient pas accès à des pensions de retraite ni aux services de santé.

Dans la région, 17 pays ont adopté une politique nationale sur le vieillissement et 13 ont une loi pour protéger les droits des personnes âgées, la plupart ayant en outre créé des institutions pour gérer ces questions. Les pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont mis en place des programmes de santé pour les personnes âgées au sein des ministères concernés.

Il nous faut aussi œuvrer en faveur de l’autonomisation des personnes âgées et de la reconnaissance de leurs droits, a poursuivi le panéliste. Résumant la Charte de San José, M. Rojas a évoqué l’engagement pris en vue de surmonter les inégalités existant entre les systèmes de protection sociale ou même à l’intérieur de ces systèmes, qui affectent particulièrement les femmes âgées, les personnes âgées en milieu rural et les autochtones du troisième âge. Nous voulons aussi renforcer l’autonomie des personnes âgées, grâce à des services leur permettant de jouir d’une certaine indépendance, a indiqué le panéliste. Il a enfin souligné la nécessité du renforcement des capacités nationales pour que les droits des personnes âgées ne restent pas lettre morte.

Gisela Nauk, déléguée de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale (CESAO), a indiqué que bien que le vieillissement de la population reste à un stade précoce dans cette région, le nombre de personnes âgées de plus de 65 ans y a doublé entre 1980 et 2010. Elles devraient représenter entre 22 et 36% de la population de 12 des 17 États membres de la CESAO d’ici à 2050, a précisé Mme Nauk.

Ce vieillissement accéléré signifie que les États concernés ont moins de temps pour se préparer aux conséquences du vieillissement de leur population et des besoins que cela entraine sur les plans social, économique et sanitaire. Les décideurs doivent donc élaborer des directives à l’avance pour créer un environnement politique propice afin de pouvoir s’ajuster et réagir aux changements entrainés par le vieillissement de leur population, a-t-elle préconisé.

Les États membres de la CESAO se sont engagés à mettre en œuvre le Plan d’action international de Madrid sur le vieillissement ainsi que le Plan d’action arabe sur le vieillissement, mais des défis persistent en matière de mise en œuvre, de suivi et d’évaluation, a indiqué la représentante. Mme Nauk a notamment pointé du doigt des ressources limitées, des priorités concurrentielles, le manque d’information et de recherche sur cette tranche de la population et l’absence de normes pour garantir la qualité des services.

Débat interactif avec les délégations

Ouvrant les échanges de la table ronde, la représentante du Chili a indiqué que la région de l’Amérique latine et des Caraïbes voulait s’appuyer sur la Charte de San José de 2012 comme feuille de route pour traiter de toutes les questions liées au vieillissement.

Elle a plaidé en faveur de l’adoption d’un instrument juridiquement contraignant pour améliorer la protection des personnes âgées dans le monde entier. Le principal défi qui se pose est celui de la création d’institutions autonomes dotées de ressources suffisantes qui seront chargées de fournir des principes directeurs aux instances étatiques dans le domaine du vieillissement, a-t-elle estimé. Elle a aussi souligné l’utilité des associations de personnes âgées. Dans chaque pays de notre région, nous avons créé un comité consultatif sur les personnes âgées, a-t-elle à cet égard indiqué.

La représentante du Mexique a ajouté combien il est important d’intégrer les facteurs économiques et sociaux dans une démarche commune d’autonomisation des personnes âgées. C’est à l’État d’assurer la sécurité sociale à ces personnes, et l’action de l’État ne doit pas seulement se limiter à un soutien aux personnes qui ont un emploi, a-t-elle estimé, se disant favorable à l’établissement d’un système de retraite qui ne soit pas basé sur les seules contributions qu’auraient fait les retraités. Elle a insisté pour que des politiques économiques et sociales appropriées soient adoptées, afin de ne pas faire des personnes âgées des laissés-pour-compte abandonnées à elles-mêmes.

« Quel a été le meilleur moyen utilisé dans chaque région pour faire entendre les voix des personnes âgées ? » a demandé la représentante de la Finlande. Répondant à cette question, la représentante de la Commission économique et sociale pour l’Asie occidentale a indiqué qu’une loi palestinienne encourage la participation des personnes âgées aux différentes activités socioéconomiques. L’Autriche a créé un Comité des citoyens âgés, composé d’organisations non gouvernementales, a pour sa part indiqué le ministre du travail de l’Autriche chargé aussi des affaires sociales et de la protection du consommateur. Le vice-président du Comité national chinois sur le vieillissement a salué les activités menées par les associations de personnes âgées, tandis que le vice-ministre des affaires étrangères du Costa Rica a invité la Commission et la communauté internationale à écouter la société civile « sans crainte ».

Intervenant au nom de ce type d’association, la représentante de HelpAge International, réseau mondial d’ONG et d’organisations de la société civile, a noté les défis qui se posent en matière de santé et d’abus et qui restent à relever par les gouvernements dans la conception et la mise en œuvre de leurs politiques sociales.

Elle a regretté que la question du vieillissement ne soit pas incluse dans le programme de développement post-2015. « Comment pouvons-nous être sûrs que les personnes âgées pourront faire entendre leur voix ? » a-t-elle demandé. La représentante du Réseau international pour la prévention des abus faits aux personnes âgées a, pour sa part, soulevé le manque de responsabilité des États Membres dans l’application du Plan d’action international de Madrid.

La représentante du Brésil a demandé comment la communauté internationale pourrait encourager une meilleure application de politiques spécifiques bénéficiant aux personnes âgées. Le représentant de l’Union européenne a jugé utile d’encourager les décideurs à développer des partenariats à tous les niveaux. Il a demandé que des avis soient fournis sur le rôle des instruments de vérification. Les réunions d’évaluation sont à cet égard importantes, a répondu le vice-ministre des affaires étrangères du Costa Rica.

La représentante des États-Unis a reconnu que les ONG sont devenues une force importante et puissante pour la défense des droits des personnes âgées. En octobre 2012, les États-Unis ont créé un Conseil de coordination qui permet aux agences gouvernementales de collaborer sur les questions touchant aux abus dont souffrent les personnes âgées, a-t-elle indiqué. Sur le plan de santé, elle a mentionné la loi « Obamacare » qui permet aux personnes âgées d’être prises en charge sur les plans médical et social. Elle a aussi soulevé le problème de logement que connaissent souvent les aînés. Elle a tenu à préciser que l’adoption de la Charte de San José a été assez controversée, une position qui a été contestée par le vice-ministre des affaires étrangères du Costa Rica.

Plusieurs délégations ont invoqué des différences de vulnérabilité existant au sein même du groupe des personnes âgées. Le représentant de l’Allemagne a souligné la différence entre un homme de 55 ans et un autre de 80 ans par exemple. « Existe-t-il des mesures permettant de considérer différents groupes d’âge dans les régions afin de les prendre en charge différemment ? » a-t-il demandé. Par ailleurs, la représentante du Kenya a estimé qu’il était regrettable que les personnes handicapées qui vieillissent ne soient pas prises en compte dans les mesures visant les personnes âgées. De son côté, le représentant d’Israël a voulu connaître l’avis des experts concernant les défis à relever en ce qui concerne les femmes âgées.

Abordant la question du veuvage, la représentante du Gabon a rappelé la résolution adoptée par l’Assemblée générale, à l’initiative de son pays, qui a déclaré le 23 juin, « Journée internationale des veuves ». Pour répondre à une question de cette délégation, le vice-président du Comité national chinois sur le vieillissement a souligné qu’en dehors des mesures que peut prendre l’État, qu’il faut promouvoir le renforcement du rôle des familles, qui est important. Pour améliorer le bien-être des femmes en situation de veuvage, nous devons aussi nous appuyer sur les associations de soutien aux veuves, a-t-il ajouté.

Publié le 12/02/2013 à 08:00 | Lu 996 fois