Mortalité et cancer du sein : toutes les femmes européennes ne sont pas égales

Une étude, menée par le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) et que vient de publier le British Medical Journal (BMJ), met en évidence des variations considérables dans les tendances de la mortalité associée au cancer du sein entre les différents pays européens. Détails.


Cette étude a examiné les taux de mortalité entre 1989 et 2006 et constaté que la plupart des pays ont connu une réduction globale de ces taux de mortalité, même si l'ampleur de cette baisse est très variable. La moitié des trente pays étudiés enregistrent en 2006 une baisse de plus de 20% des taux de décès par rapport à 1989. Seules la Grèce, l'Estonie, la Lettonie et la Roumanie ont connu une augmentation globale au cours de cette même période.

La baisse de la mortalité associée au cancer du sein est généralement attribuée à une combinaison de détection précoce, en partie grâce à des programmes de dépistage et aux progrès des traitements. Les différences mises en évidence dans le présent rapport laissent penser que la façon dont le dépistage, les programmes de détection précoce et le traitement du cancer du sein sont mis en oeuvre dans différents pays aura une incidence importante sur la mortalité. « Pour la plupart des pays, ces taux sont le signe de progrès significatifs » souligne le communiqué du CIRC.

Le cancer du sein est le cancer le plus fréquent chez les femmes dans le monde avec 1,4 million de nouveaux cas estimés en 2008, représentant un cas sur cinq de tous les nouveaux cas de cancer. C'est aussi la forme la plus fréquente de décès par cancer chez les femmes dans le monde, représentant près de un sur huit de tous les décès par cancer.

Au cours de la période de cette étude (1989-2006), le dépistage du cancer du sein et des traitements efficaces ont été largement introduits en Europe. Comme le souligne le Dr Christopher Wild, directeur du CIRC : « il est nécessaire d'examiner quelles innovations ont contribué à cette réduction du risque de cancer du sein en Europe et comment ces leçons peuvent apporter de précieux bénéfices en termes de santé publique au niveau mondial, comme en Europe elle-même. Les tendances notables à l'augmentation ou à la stagnation de la mortalité dans certains pays européens représentent des décès par cancer évitables ».

La base de données de mortalité de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), sur laquelle s'appuie la présente étude, fournit des données annuelles telles qu'elles sont notifiées sur les statistiques de mortalité par âge, sexe et cause de décès obtenues à partir des registres d'état civil des différents pays. Cette étude a cherché à harmoniser les tendances de ces données en tenant compte de l'évaluation par l'OMS de la qualité des données, des modifications intervenues dans la classification des maladies (CIM), de l'interpolation pour les années manquantes, et du lissage des petites populations.

En conclusion, les statistiques sur la survie au cancer du sein sont fortement influencées par l'ampleur de dépistage dans un pays donné. Un dépistage très répandu se traduit par le diagnostic de nombreux cancers de petite taille et qui sont de bon pronostic. Par eux-mêmes, les résultats de survie au cancer du sein peuvent être de meilleurs indicateurs de l'intensité de dépistage plutôt que de la réduction de la mortalité. Améliorer le recueil des données pertinentes en matière de dépistage et de coordination des soins est essentielle pour améliorer la compréhension des disparités dans la mortalité associée au cancer du sein en Europe.

Publié le 19/08/2010 à 12:36 | Lu 2662 fois