Médica France et la prise en charge de la douleur des personnes âgées en maison de retraite

Estimer l’intensité de la douleur représente une difficulté majeure, tant pour le soignant que pour le résidant ou le patient lui-même. Partant de ce constat, le groupe de maisons de retraite Médica France a souhaité retravailler ses « Bonnes Pratiques » en associant à la fois les professionnels du terrain en interne, et l’avis d’experts externes sur les sujets de la douleur et des soins palliatifs.


Comme le précise le groupe dans un communiqué, « les objectifs de la démarche sont d’aider à la prise en charge des personnes âgées douloureuses chroniques et de favoriser le dépistage systématique et la réalisation d’une évaluation initiale rigoureuse pour permettre ensuite un suivi comparatif au fil du temps ».

Dans ce contexte, un groupe de travail sur la prise en charge de la douleur a ainsi été constitué en février 2008 sous l’égide du Dr Didier Armaingaud, directeur médical et qualité de Médica France, pour une révision complète de la procédure d’évaluation et de suivi de la douleur chronique ou induite chez la personne âgée.

Concrètement, ce comité regroupe une dizaine de personnes : des médecins coordonateurs et des psychologues du groupe, deux formateurs issus du soin de l’organisme Action Santé, ainsi que deux médecins membres de l’ONG Douleurs Sans Frontières, le Dr Alain Serrie, Chef de service, médecine de la douleur, médecine palliative et urgences céphalées (Hôpital Lariboisière) et le Dr Annick Sachet, ancienne responsable des soins palliatifs (Hôpital Charles Foix).

Les réunions –au début mensuelles puis trimestrielles- ont permis, affirme Médica France, de travailler sur trois axes : l’évaluation de la douleur, le traitement médicamenteux et la prise en charge non médicamenteuse de la douleur.

Premières conclusions et recommandations du groupe de travail
Le groupe de travail a dans un premier temps procédé à une simplification des grilles d’évaluation, considérant que les outils existants à disposition des professionnels soignants relèvent plus des pratiques hospitalières que d’un EHPAD.

Il a été décidé que chaque établissement du groupe pourra désormais choisir sa propre grille d’analyse de la douleur en utilisant soit des outils nationaux (tels que doloplus, ECPA, EVA, EVS, …) ou des outils plus locaux développés par des réseaux de proximité comme les centres antidouleur.

En outre, le dépistage de la douleur sera effectué devant toute plainte du patient ou lors d’un changement de comportement pouvant faire évoquer une douleur. En l’absence de plainte spontanée, la douleur sera systématiquement recherchée dans les quinze jours qui suivront l’entrée en établissement et à titre de veille au minimum une fois par an, lors des évaluations périodiques.

La nouvelle procédure insiste beaucoup sur l’importance d’une évaluation initiale et recommande en ce sens la réalisation d’une première évaluation de la douleur par les professionnels soignants au quinzième jour après l’arrivée de la personne en établissement à titre d’évaluation initiale.

« Ce n’est pas tant l’innovation que nous avons cherché mais plutôt l’adaptation de nos prises en charges, à ce que vit le résidant ou le patient au quotidien. Il n’est pas normal d’accepter la douleur. Il ne faut pas non plus la banaliser en se disant « c’est comme çà ». Il existe des solutions pour rendre certains actes de soins moins douloureux. Par exemple passer un analgésique quelques heures avant une piqûre ou une injection pour limiter la douleur est tout à fait possible. Certes, cela nécessite une réflexion en amont dans l’organisation du travail mais ce n’est ni long, ni compliqué. Ces protocoles existent déjà sur certains de nos établissements, les Bonnes Pratiques vont « juste » les systématiser », rappelle le Docteur Armaingaud.

Rappelons que depuis l’été 2008, Medica France propose aux infirmiers et infirmières de suivre des formations « gestion de la douleur » animées par l’organisme Action Santé, afin qu’eux-mêmes sensibilisent les équipes soignantes sur les modalités de prise en charge. Cette formation sera reconduite en 2009.

Et le groupe de conclure qu’il communiquera en mai 2009, les travaux du groupe de travail sur les douleurs induites.

Publié le 14/01/2009 à 10:13 | Lu 8669 fois