Maltraitance des seniors : un nouvel engagement gouvernemental

Valérie Létard, secrétaire d’Etat à la Solidarité a présenté cette semaine l’opération « Bientraitance des personnes âgées en établissements ». Elle a précisé à cette occasion « que l’investissement en direction des personnes dépendantes est au cœur des concertations en cours sur le cinquième risque de protection sociale ». Détails et réactions de l’AD-PA





La secrétaire d’État chargée de la Solidarité a tenu à souligner que malgré « l’excellent travail de l’immense majorité des responsables et personnels des établissements et la qualité de prise en charge des personnes âgées », la maltraitance active ou passive n’est pas totalement éradiquée. Une maltraitance qui revêt des formes multiples : physiques, médicamenteuses, financières...

L’opération bientraitance met en place des mesures qui se veulent « fortes » pour rétablir la dignité des aînés maltraités en établissement. Elle a aussi pour objet de rassurer les Français quant à la volonté des acteurs d’offrir des prestations de qualité à leurs aînés.

Le plan de bientraitance s’articule autour de trois axes majeurs :
Mieux contrôler et informer
Pour faire reculer la maltraitance, il a été décidé :
- d’augmenter de 50 % à 80 % le taux des contrôles-surprise dans les établissements hébergeant des personnes âgées dépendantes (Ehpad) ;
- de relancer le 3977, numéro d’appel dédié à la lutte contre la maltraitance mis en place en février 2008, avec une nouvelle campagne d’affichage et de sensibilisation.

Faire confiance aux professionnels
Chaque année, les établissements adresseront aux tutelles (Etat et conseil général) un questionnaire rempli et visé par la direction, le médecin et l’infirmier coordonnateurs ainsi que le ou la présidente du Conseil de vie sociale. Ce questionnaire comportera notamment des questions sur les formations dont ont bénéficié les membres du personnel en matière de bientraitance. Les questionnaires seront diffusés début 2009 pour un retour en mai 2009.

En l’absence d’autoévaluation ou en cas d’incohérence manifeste dans le remplissage du questionnaire, une enquête flash sera diligentée afin d’identifier les problèmes rencontrés par l’établissement.

Former les personnels aux techniques d’accompagnement personnalisé
Pour adapter les personnels à la spécificité des techniques d’accompagnement personnalisé des résidents :
- quelque 250 000 professionnels de maisons de retraite seront formés en trois ans ;
- les recommandations éditées par l’Anesms seront diffusées sur le terrain. L’agence nationale montera des formations spécifiques en lien avec les fédérations d’établissement et de services et la CNSA.

Pour renforcer la concertation et le dialogue et mobiliser tous les acteurs du secteur, le comité national de vigilance contre la maltraitance se réunira le 4 novembre prochain et des Assises départementales de la bientraitance seront organisées à l’initiative des préfets.

De leur côté, les professionnels (AD-PA) soulignent que :

La bientraitance des personnes âgées fragilisées vivant en établissement et à domicile suppose des professionnels formés, rémunérés correctement et en nombre suffisant, et des familles qui ne s’épuisent pas au quotidien.

A lieu de cela l’Etat prépare dans le projet de Loi de Finances pour la Sécurité Sociale 2009 des moyens ridiculement faibles (en hausse de 4,5 % alors que le nombre des personnes âgées fragilisées augmente de 7 % par an !), annonce qu’il va diminuer le nombre de personnels dans certaines structures, ne financera plus les conventions collectives des salariés, et ne dit rien sur la nécessaire amélioration des rémunérations des personnels à domicile.

Pour faire oublier ses responsabilités l’Etat communique sur des inspections surprises dans les établissements !

La maltraitance doit être combattue résolument.
L’AD-PA attend tout d’abord les propositions de l’Etat contre les maltraitances à domicile qui représentent 70 % de l’ensemble et imposent de soutenir personnes âgées, familles et professionnels.

L’AD-PA demande ensuite la plus grande transparence sur les 3 à 4 % d’établissements indignes dont elle réclame la fermeture depuis de nombreuses années. L’Etat renforce la confusion quand il annonce des chiffres invérifiables ; l’association demande donc la création de Commissions départementales de transparence, composées de personnes âgées, familles, consommateurs et professionnels devant lesquelles les Pouvoirs Publics doivent faire le bilan des actions entreprises et présenter concrètement leur stratégie.

Enfin, l’AD-PA demande que les annonces ministérielles soient précédées d’un dialogue au sein des Comités Nationaux de Vigilance contre la Maltraitance (établissement et domicile) prévus à cet effet.

Article publié le 17/10/2008 à 13:57 | Lu 6482 fois