"Leocadia" de Jean Anouilh au Funambule Montmartre : Tournez Manège !

Écrite en 1939, la pièce fut créée par Yvonne Printemps dans son théâtre de la Michodière, avec Pierre Fresnay et Marguerite Deval, en décembre 1940. Francis Poulenc lui-même, composa une valse pour l’occasion.


Peu jouée depuis, il y eut pourtant une reprise mémorable, dont certains se souviennent peut-être.

C’était dans les années 80, à la Comédie des Champs Élysées, avec sur scène Sabine Haudepin, Lambert Wilson et Edwige Feuillère dans le rôle de la Duchesse. La même Edwige Feuillère qui fut aussi, en son temps, une inoubliable Folle de Chaillot.
 
 « Léocadia » fait partie des pièces appelées « roses » par l’auteur lui-même, théâtre à mi-chemin entre Giraudoux et Pirandello, qui nous plonge dans un univers onirique et hors du temps.
 
Une vieille duchesse excentrique et riche se lamente de voir son neveu Albert sombrer dans le chagrin après la mort subite de la grande cantatrice Léocadia Gardi, qu’il ne vit que trois jours.
 
Mais ce fut une durée suffisante pour qu’il en tombe follement amoureux et que, depuis, il se languisse de l’avoir perdue.
 
Alors, notre Duchesse, bonne tante, imagine de reconstituer dans le parc du Château, les décors de ces fameux trois jours, en allant même jusqu’à embaucher les personnages que les deux amants avaient côtoyés. Il ne lui manquait plus que de trouver sa Léocadia.
 
Arrive alors une jeune fille fraiche et naïve, qu’elle décide de recruter et, qui sera peut-être celle qui pourra faire remonter le temps au malheureux Prince…
 
Cette fois, c’est la Compagnie des Ballons Rouges qui propose cette reprise, avec une mise en scène de David Legras, en collaboration avec Camille Delpech qui tient aussi le rôle d’Amanda.
 
Le texte d’Anouilh est en grande partie respecté, avec quelques coupures bien venues et le rajout d’un prologue et d’un épilogue, où un narrateur nous explique « le besoin constant qu’ont les humains de se raconter des histoires ».
 
Car c’est bien une histoire qui nous est proposée ici, ou plutôt un conte moderne, et parfois grinçant, à mi-chemin entre le rêve et la poésie, plein de légèreté et de drôlerie, comme les aimait Anouilh.
 
Le metteur en scène a choisi un décor unique, fait d’un manège à colonnettes dorées garni de lierre et tournant au fil de l’action.

Quelques accessoires, en particulier un petit napperon central, différent à chacun des cinq tableaux, nous rappellent le lieu où nous sommes transportés, du boudoir de la duchesse au bar tzigane voisin.
 
Il s’agit d’un spectacle de troupe, où tous les acteurs se donnent la main sans chercher à tenir la vedette. Les costumes sont colorés, bien éclairés par un beau travail de lumières. La mise en scène est alerte et l’ensemble respire la fantaisie chère à ce dramaturge.
 
Ce n’est pas si souvent qu’on remonte du Anouilh à Paris, et d’une si jolie manière en plus, deux bonnes raisons de se rendre dans ce délicieux petit théâtre sis en contre-bas de la Butte Montmartre, où l’accueil est très chaleureux.
 
Théâtre Le Funambule-Montmartre
53 rue des Saules
75018 Paris
 
Du 6 février au 9 avril
Samedi 17h. dimanche 18h lundi 19h ou 21h en alternance

Publié le 13/02/2023 à 08:03 | Lu 4328 fois





Dans la même rubrique
< >