Le stress géré par quel(s) cerveau(x) : l'intestin sous l'angle sophrologique par Céline André

On en parle de plus en plus, le stress est un mal sociétal. En mai 2022, 15% des Français montraient des signes d’un état dépressif et un quart des signes d’un état anxieux. Pour illustrer ce phénomène, l’expansion du marché des compléments alimentaires qui adresse cette thématique. Il y a une vraie préoccupation des Français sur le sujet : la promesse Stress et Humeur étant la 2e la plus vendue en pharmacies, magasins bio et GMS selon Synadiet. Pour en parler, Céline André, sophrologue, partage avec nous ses expériences de consultations en cabinet.


Effectivement, les Français sont stressés. Or, ils ne font pas le lien entre l’état de stress et les manifestations de leur corps, et notamment le lien avec leur système intestinal. Alors que tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime dans le corps.
 
Certaines expressions parlent d’ailleurs d’elles-mêmes : « avoir la boule au ventre » ou « ne pas digérer telle ou telle situation », introduit Céline André.
 
Jusqu’ici, nous avons parlé du nerf vague dans le rôle de lien qu’il joue entre notre ventre, notre intestin (le 2e cerveau) et notre « 1er » cerveau.
 
La sophrologie, par la pratique, agit sur le système nerveux autonome (dont fait partie le nerf vague). La respiration inconsciente mais aussi consciente permet d’agir sur le nerf vague et ainsi de ralentir le rythme cardiaque, de relâcher les tensions et d’améliorer la digestion. Tout le corps se met en action pour ce qui est important à un instant T.
 
La respiration est un outil fabuleux et magique. En la régulant, on peut ainsi activer le calme intérieur et poser le corps. Je travaille énormément sur le nerf vague lorsqu’il est déséquilibré. En plus d’une alimentation vraie, je propose de pratiquer la cohérence cardiaque, la médiation, et bien d’autres techniques complémentaires », conseille Céline André.
 
Isabelle Descamps est aussi de cet avis : « Le travail de respiration comme la cohérence cardiaque a une réelle influence sur l’alimentation et permet par exemple de baisser la glycémie post-repas. »
 
Le lien entre le cerveau et l’alimentation est évident. On parle souvent d’alimentation émotionnelle : “Nous mangeons nos émotions.” C’est en rapport avec ce que nous vivons, comme une colère qui va s’imprégner dans le corps et que l’on va compenser avec une alimentation refuge. Il y a aussi l’impact des traumatismes.
 
Et tout le système des croyances, nous entendons souvent : “S’ils ne se resservent pas, c’est que ce n’est pas bon, ou qu’ils ne sont pas bons vivants”, ou encore : “Finis ton assiette !” ».
 
Moralité, nous vivons dans une société où le repas est un pilier de la culture : ne pas se resservir peut être perçu comme un manque de politesse qui vient biaiser le rapport à l’alimentation et l’écoute du fonctionnement interne de son corps », décrit Céline André.
 
L’étude MeatLab Charal l’a souligné : 71% des Français mangent en faisant une autre activité. Dans ce contexte, la sophrologie permet de revenir dans une conscience de son corps. C’est-à-dire à une reconnexion aux sensations du métabolisme (comme la faim, la satiété) et aussi à une reconnexion à ses différents besoins : ai-je vraiment faim, suis-je plutôt fatigué, etc.
 
Les trois experts s’accordent sur le rôle primordial de la pleine conscience. Il est essentiel d’être en conscience de ce que l’on fait, d’être à l’écoute de ses vrais besoins et sensations, notamment lorsque l’on parle d’alimentation.
 
En effet, selon Céline André : « Manger en conscience permet de retrouver des sensations (on prend le temps de déguster l’aliment, de percevoir le contact dans la bouche, sa texture, son goût, sa saveur, et tous les bienfaits qu’il procure…). C’est donc primordial pour nos deux cerveaux car cela peut entraîner des conséquences positives très fortes sur notre santé et sur notre bien-être.
 
Pour se sentir mieux, je conseille aussi de se projeter vers du positif, car “nous créons ce que nous pensons”. Et donc de revenir à une alimentation plus intuitive.
»
 
Selon Isabelle Descamps : « Si l’on regarde la DME, la diversification menée par l’enfant, on observe que jusqu’à l’âge de 7 ans, si l’on pose plein d’aliments sur la table, l’enfant va être à l’écoute de ses besoins. À ce moment-là, la tête et le corps ne sont pas coupés. »
 
Gilles Mithieux complète : « Nous avons tous un microbiote différent et nous n’avons pas tous besoin de manger la même chose. Il est donc primordial de s’écouter et de revenir au plaisir de manger. Les personnes qui grignotent, notamment à cause du stress, ne ressentent plus la faim. Elles se privent donc du plaisir que l’on a au début du repas. De plus, faire quelque chose en même temps que manger altère ce plaisir puisque le cerveau n’est pas capable de faire correctement 2 choses en même temps : il donne donc la priorité à l’une des deux choses. »

Publié le 07/11/2022 à 02:00 | Lu 3655 fois