Le roi blanc de György Dragoman : les condamnés aux bravos forcés

Lorsque débute le roman, le narrateur a onze ans et il assiste au départ de son père que deux hommes sont venus chercher. Les messieurs, croit le garçon, sont des collègues de son papa et ils partent pour une mission présentée comme étant à la gloire de la Roumanie et du régime qui la gouverne dans les années quatre-vingt.


Nous savons, nous, ce que cela alors signifiait. Mais le jeune garçon, tout de candeur et de sensibilité, ne se doute de rien, hormis un trouble qui le tracasse.

Autour de lui, c'est-à-dire principalement sa mère, tout est fait pour qu’il soit préservé de la vérité. Il a beau entendre ses camarades d’école lui dire -avec ce sadisme propre à l’enfance- que son père ne reviendra jamais, il ne perd jamais sa certitude de le revoir bientôt.

Le roman, composé de dix-huit nouvelles, met en opposition l’innocence et la réalité d’un régime politique d’oppression. Ceci est rendu avec force par une joie naïve qui irradie le texte, une joie où se mélangent tendresse, peur et cocasserie.

Le contenu dramatique du récit est rehaussé par la narration toute en férocité et drôlerie faite par un gosse qui a les yeux grands ouverts sur l’interrogation du monde.

Et on frémit encore, que de tels épisodes se soient réellement déroulés.

Le roi blanc
György Dragoman
(traduit du hongrois par Joëlle Dufeuilly)
Editions Gallimard
288 pages
23.50 euros
Le roi blanc, DR

Publié le 29/06/2009 à 08:34 | Lu 2665 fois





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