La transmission intergénérationnelle, une dynamique pour mieux vivre ensemble

Selon un récent sondage réalisé par la société OPINEA pour le compte de l’Ecole des Grands-Parents Européens (EGPE) présenté mi-novembre à l’occasion d’un colloque intitulé « Grands-parents-enfants-petits-enfants, relations et attentes réciproques en 2009 », il apparaît que la transmission intergénérationnelle est un sujet fondamental pour la quasi-totalité des grands-parents. Détails.





La transmission est-elle un sujet important ? Oui, pour 96% des grands parents (dont très important : 69%). Et oui également pour 95% des parents (dont très important : 58%).

C’est encore plus important pour les jeunes seniors ayant des petits-enfants très jeunes.

Les deux-tiers (64%) des grands-parents sont d’accord pour dire qu’« il est de plus en plus urgent pour moi de transmettre ».

A quoi pense-t-on en priorité lorsqu’on parle de transmission : d’abord et avant tout à des valeurs qui aident à être heureux et à bien vivre ensemble. A noter que les grands-mères pensent en priorité au « respect de l’autre, à la tolérance » (26%) et à « l’amour, à la générosité, au bonheur » (24%). Seules 5% pensent au « patrimoine ». De leur côté, les grands-pères, s’ils rejoignent les grands-mères sur « l’amour et la générosité… » (17%), pensent autant au « patrimoine » (15%) qu’au « respect de l’autre, la tolérance » (15%).

A noter aussi que les parents, s’ils pensent également aux valeurs « de générosité, d’amour, d’affection », parlent beaucoup plus de transmission « des souvenirs, de la mémoire » et « de l’expérience professionnelle, du savoir faire ». Et beaucoup moins des valeurs de « bonne éducation ». Ils sont 6% (ce qui pour une expression spontanée est élevé) à parler de « sagesse »… Comme s’ils attendaient des grands-parents qu’ils jouent leur rôle de « personnes âgées » pleines d’expérience, de repères, passeurs de mémoire et de savoir-faire...

Comment est vécue la relation grands-parents/petits-enfants ? Très bien ! Surtout vu par les grands-parents. Les parents étant un tout petit peu moins optimistes ! Et comme on peut s’en douter, les relations sont plus faciles, plus simples avec les plus jeunes et tendent à devenir distantes, voire conflictuelles à l’adolescence pour 17% des grands-parents…

L’éloignement physique semble n’avoir aucune influence sur la qualité des relations. Par contre, la qualité des relations parents/grands-parents est clairement corrélée avec celle grands-parents/petits-enfants. Elle atteint aussi le souci de transmettre : lorsque les relations sont distantes ou conflictuelles, seulement 43 à 57% des grands-parents considèrent comme très important de transmettre alors qu’ils sont 74% lorsque les relations sont très bonnes.
La transmission intergénérationnelle, une dynamique pour mieux vivre ensemble

La transmission intergénérationnelle, une dynamique pour mieux vivre ensemble
Que souhaite-t-on partager et que fait-on effectivement ? Les points de vue des parents et des grands-parents, même s’ils sont globalement parallèles, montrent quelques divergences…

Plus précisément, grands-parents et parents se rejoignent exactement sur deux points : « jouer avec eux » et « les associer à vos activités de type bricolage ou jardinage » : le faire ensemble prime sur le souci éducatif.

Toutefois, il y a deux points que les parents considèrent nettement plus importants que les grands-parents : « leur raconter des souvenirs de votre vie » et « leur parler de sa vie professionnelle ».

Et que pensent les parents de ce que font effectivement les grands-parents ? Sur trois points, les parents estiment que les grands-parents en font nettement moins qu’ils ne le croient… : « transmettre le goût de la lecture », « les accompagner dans des activités culturelles » ou « leur faire découvrir les arts ». Et sur trois autres points, qu’ils en font plus qu’ils ne le pensent : « parler de leur vie professionnelle », « raconter des souvenirs de leur vie » et… « les gâter » !

De leur côté, les grands-parents ont conscience d’en faire moins qu’ils ne voudraient pour « donner le goût de la lecture » (13%) mais aussi, qu’ils sont moins leurs confidents (14%) et leur parlent moins de leurs souvenirs (15%) qu’ils ne le souhaiteraient. Pour autant, les grands-parents restent très partagés sur le fait « d’être à leur disposition » : 50% sont tout à fait ou plutôt d’accord et 50% pas vraiment ou pas du tout !

Sans trop de surprise, les grands-parents manifestent beaucoup d’inquiétude pour leurs petits-enfants : ils ne sont que 7 % à ne pas s’en faire du tout et 25% pas vraiment. A noter également qu’ils sont très partagés (50/50) sur le fait de les voir assez. Un tiers craint même « qu’ils ne les connaissent pas ».

Qu’en est-il de la transmission des croyances ? Un tiers des parents comme des grands parents considère que la transmission de croyances est importante. Est-ce beaucoup ou peu ? Dans tous les cas, c’est nettement supérieur au taux d’enfants qui suivent une formation religieuse par exemple.

La transmission intergénérationnelle a-t-elle une place dans l’univers professionnel ? Le statut de grand-parent s’acquière bien souvent à un âge où la retraite est proche ou déjà là. Ce sondage effectué exclusivement auprès de grands-parents, comportait 27% d’actifs et 63% de retraités.

Les « encore actifs » étaient 41% à avoir déjà un projet pour la retraite et 35% indiquaient qu’ils allaient y réfléchir... Mais parmi les retraités, seuls 6% ont dit être partis car ils avaient un projet de vie une fois à la retraite.

Par ailleurs, 40% des retraités ont quitté leur travail « sous pression », 21% car « le stress devenait trop important » et 19% « pour des raisons personnelles ». Les autres (53%) sont partis « normalement ». Miroir déformant du temps qui passe ou évolution du contexte professionnel ? Peut-être un peu des deux !

Si le vécu de ce passage est très majoritairement positif (« enfin, on revit » pour 68% et « les relations familiales évoluent positivement » pour 62%) cela ne se fait pas toujours sans douleur. De fait, le « sentiment de ne rien avoir transmis » professionnellement fait partie de ce qui est « le plus dur » pour près de la moitié des retraités (45%).

Quelle place occupe l’engagement associatif, avant et après la retraite ? 43% des grands-parents sont membres d’une association (et même de plusieurs pour 22%). Toutefois, les grands-pères semblent nettement plus actifs que les grands-mères (55% vs 35%).

Parmi ces grands parents « engagés », 59% le sont dans une association « culture, loisirs », mais 68% le sont dans des organismes à but altruiste (humanitaire/solidarité, accueil/service, éducation/formation, santé/handicap, femmes/famille…).

Le passage à la retraite, assez logiquement, favorise ces actions : la moitié des membres actifs d’association déclarent que la retraite a amené (ou va amener) un renforcement de leur engagement en rejoignant de nouvelles associations pour 23%, soit en renforçant leur implication dans une association dont ils sont déjà membres pour 28%. Mais le temps consacré reste modeste, soulignent les responsables de cette enquête : moins d’une demi-journée par semaine pour 48% des grands-parents membres d’association. Deux jours ou plus par semaine pour seulement 10%.

Quelles motivations à ces engagements ? Autant de motivations altruistes que de recherche d’épanouissement personnel. Le bien-vivre ensemble est primordial (se rendre utile, rencontrer des gens intéressants, sortir de son train-train quotidien…). A noter également l’importance du souhait de « transmettre son expérience » pour 81%.

Quelle place aux échanges monétaires et au souci de patrimoine, dans les relations grands-parents/petits-enfants ? On l’a vu au début, seuls les grands-pères (15%) pensent spontanément au patrimoine financier ou immobilier lorsque l’on évoque le sujet de la transmission. Les grands-mères ne sont que 5% à y penser en priorité et les parents 2%.

Toutefois, les relations monétaires sont intenses : au delà des cadeaux d’usage pour les fêtes ou anniversaires, 45% des grands-parents aident financièrement des petits-enfants. De leur côté, les parents semblent sous-évaluer légèrement le phénomène, ou peut-être, les grands-parents surévaluent-ils un peu leur générosité !

A remarquer cependant c’est sur « l’argent en dépannage » que la différence est la plus marquante. Probablement parce que les coups de pouce -sans mettre les parents au courant- sont-ils réels ! Ce sont d’ailleurs les grands-parents d’adolescents (plus de 11 ans) qui le citent le plus. Quant aux versements réguliers, relevés par 10% des grands-parents, ils sont pratiqués surtout par des grands-parents de très jeunes petits-enfants (moins de 3 ans). Doit-on y voir l’effet de l’activisme des réseaux bancaires et de leurs propositions de livrets ou comptes d’épargne à ouvrir au nom de l’enfant dès sa naissance ?

Echantillons représentatifs de la population nationale issus du panel d’Internautes :
- 627 grands parents, représentant 1068 fratries et 1976 petits enfants
- 412 parents, correspondant à 1330 grands parents,
Sondage réalisé entre juin et septembre 2009.

Article publié le 01/12/2009 à 12:19 | Lu 10992 fois