La mule de Clint Eastwood : l'octogénaire qui passait de la drogue pour les cartels (partie 2)

À plus de 80 ans, Earl Stone (Clint Eastwood) est aux abois. Il est non seulement fauché et seul, mais son entreprise risque d'être saisie. Il accepte alors de devenir passeur de drogue pour un cartel mexicain. C'est la première fois depuis Gran Torino (2009) que Clint Eastwood, artiste oscarisé, est à la fois devant et derrière la caméra. Sortie en salles le 23 janvier prochain.


Clint Eastwood a engagé plusieurs acteurs qui ont déjà travaillé sous sa direction, notamment Bradley Cooper, Laurence Fishburne, Michael Peña et Alison Eastwood, ainsi que d’autres avec qui il avait depuis longtemps envie de travailler, à commencer par Dianne Wiest et Andy Garcia. Taisse Farmiga et Ignacio Serricchio complètent ce casting impressionnant.
 
Clint Eastwood explique : « Le casting, c’est important : on recherche toujours un certain profil pour chaque rôle et on a aussi envie qu’il y ait une bonne ambiance pendant le temps qu’on va passer à travailler ensemble. On peut parfois choisir des acteurs qu’on ne connaît pas personnellement, mais il faut au moins avoir une certaine admiration pour leur talent. En l’occurrence, c’était formidable de travailler avec ce groupe en tant qu’acteur et réalisateur ».
 
« On peut finir par accepter n’importe quelle réflexion, à condition d’y réfléchir suffisamment … ou pas du tout », affirme Clint Eastwood, reprenant les arguments avancés par Earl pour expliquer son comportement passé et présent. « Il se justifie sans arrêt ».
 
Earl part du principe que s’il ne peut pas rendre à ses proches toutes les années où il les a négligés, il peut au moins se racheter à leurs yeux, maintenant qu’il en a les moyens. Sa bienveillance ne s’arrête pas à la famille Stone : il finance également la remise en état du local des vétérans du coin. Clint Eastwood ajoute : « Plus il donne de l’argent, plus il s’imagine qu’il fait quelque chose de bien en transportant la drogue. Assez vite, il se retrouve à mener une existence assez dingue, y compris sur le plan des relations sociales. C’est sûr que pour quelqu’un de son âge, il vit dans un autre monde ».
 
En effet, Earl fait des choses que peu d’hommes de son âge oseraient faire. Certaines de ces activités s'inspirent de la vie de celui qui a servi de modèle au personnage, comme le raconte Clint Eastwood : « On ne sait pas vraiment ce qui se passait quand il faisait ses trajets, mais on a remarqué qu’il lui arrivait de s’arrêter et d’aider des voyageurs au bord de la route. Il a aussi utilisé l’argent pour lever l’hypothèque sur sa ferme ».
 
« Dans ce film, nous nous attachons aux inconvénients des avantages, si je puis dire », poursuit-il. « Il aide les gens, il aide à reconstruire le local de ses amis vétérans et redonne un coup de jeune à sa ferme de lis d'un jour… avec tout ça, il a l’impression d’être un sauveur, mais il connait une déchéance sur le plan moral. Il sait que ce qu’il fait est mal et qu’un jour il devra en assumer les conséquences ».
 
Bien que Clint Eastwood ait le même âge qu’Earl, la ressemblance s’arrête là, et il a dû se documenter pour composer le personnage qu’il incarne. « J'ai déjà beaucoup vécu si bien que je peux le comprendre en partie », reconnaît-il. « Sa passion pour les hémérocalles m’a étonné, mais j’ai fait le lien avec le travail de mon grand-père qui élevait des poulets. Dans une certaine mesure, j’ai calqué le personnage d’Earl sur lui et sur son physique, notamment sa démarche d’homme âgé ».
 
« Ce qui est génial chez Clint, c’est qu’à 88 ans, il a dû jouer le fait d’être vieux tellement il est en forme », s’amuse Bradley Cooper, qui joue un des protagonistes aux côtés de Clint Eastwood. « Clint saute de sa chaise comme un kangourou, mais ce n’est pas le cas d’Earl. C’était amusant de le regarder se comporter comme quelqu’un d’âgé, justement parce que lui est encore un vrai athlète ».
           
Parallèlement à l’histoire d’Earl, on suit celle des membres des forces de l’ordre qui tentent d’arrêter les mules des différents cartels de drogue. À l'exemple de l’agent Colin Bates, fraichement arrivé. Bradley Cooper campe cet agent de la Drug Enforcement Administration (DEA) prêt à tout pour mettre la main sur la mystérieuse « mule » que personne n’arrive à coincer.
 
Bradley Cooper déclare : « Colin Bates vient d’emménager à Chicago et il essaie de laisser sa trace, dans l’espoir d’évoluer à un poste où les horaires seront moins contraignants. Il passe beaucoup de temps loin de sa famille et ses proches s’en plaignent. Mais quand on lui donne pour mission de neutraliser la mule qui a transporté des tonnes de cocaïne à travers tout le pays, il se met en chasse. Il se dit que c’est peut-être sa chance de faire impression ».
 
Comme l’explique Bradley Cooper, le plus amusant, c’est que lorsque les chemins des deux personnages finissent par se croiser, “il y a une sorte de proximité entre eux, en raison des erreurs qu’ils ont commises, et du fait qu’aucun d’eux n’a fait passer sa famille avant le reste. Earl incite Colin à passer tout le temps dont il dispose avec eux ».
 
C’est la perspective de travailler pour la deuxième fois avec Clint Eastwood qui a séduit Bradley Cooper : « J’avais eu l’honneur de tourner avec lui pour AMERICAN SNIPER, mais il ne jouait pas dans le film », rappelle-t-il. « Le fait d’avoir l’occasion de jouer avec lui dans ce film-ci m’a fait dire oui tout de suite ».
 
Bradley Cooper a adoré partager quelques scènes avec Clint Eastwood, mais aussi le regarder jouer quand il n'était pas à l'image. "À deux reprises quand j’étais sur le plateau à le regarder jouer, je n’ai pas pu m’arrêter de pleurer”, se souvient-il. “Il y a même une fois où je tournais une scène avec lui, et mon personnage n’était pas du tout censé pleurer si bien que j’ai dû détourner le regarde. C’était très émouvant. C’est un acteur exceptionnel et il ne joue que rarement. Je pense qu’on avait tous conscience que travailler avec lui est un vrai privilège ».

Avec : Clint Eastwood, Laurence Fishburne, Bradley Cooper, Dianne Wiest, Alison Eastwood, Michael Peña, Taissa Farmiga

Publié le 11/01/2019 à 01:00 | Lu 1463 fois