L'hôpital face au vieillissement de la population française

Ce 4ème observatoire mené par Cap Retraite, site de placement de personnes âgées en maison de retraite, montre -sans trop de surprise d’ailleurs- que le vieillissement de la population sera ressenti en première lieu par les hôpitaux dans un futur proche. Détails.


Avec le vieillissement de la population (en France mais également à l’étranger), forcément, le nombre de personnes devant faire face à des maladies et des accidents va augmenter. C’est malheureusement mathématique. Et forcément, dans ce contexte, les hôpitaux seront parmi les premiers établissements à devoir faire face à cette tendance… On estime ainsi que d’ici 2030, cinq millions d’hospitalisations concerneront alors les seniors, soit un tiers des prises en charge !
 
En France, les personnes âgées ont fortement recours à l’hôpital. Et souvent, cela concerne des cas complexes, voire polypathologiques. Dans moins de quinze ans, les centres hospitaliers des départements français vieillissants comme la Creuse (44,1% des séjours en 2030), le Lot (39,7%) et le Cantal (39,7%), seront particulièrement exposés à cette évolution démographique.
 
A terme, sans nul doute, les seniors et surtout les personnes âgées deviendront « le cœur de métier de l’hôpital ». Les services d'urgence, clairement en première ligne, devraient voir les demandes spécifiques s'accroître de 42% pour atteindre plus de 3 millions de consultations en 2030. Il ne faut pas se voiler la face, sans mise en place rapide de solutions, les départements en manque de médecins généralistes ou de gériatres, comme la Lozère ou l’Ariège, risquent de connaître des engorgements sans précédents (+54% de consultations). Avec des drames à la clé.
 
Autre point à souligner : sur les 241.359 lits ou places disponibles en France, seuls 4,8% sont dédiés à la gériatrie. Pour répondre aux besoins démographiques à venir, il faudrait augmenter d'au moins 100.000 le nombre de possibilités d’hospitalisations dédiées aux personnes âgées. Les régions qui devront fournir les efforts les plus importants sont l’Occitanie (+10 439 lits ou places), les Pays de la Loire (+6 163) et la Bretagne (+6 045).
 
D'ici à 2030, il faudra également trouver une solution pour les 10% de patients âgés qui suite à une hospitalisation, ne pourront plus regagner leur domicile de manière autonome. Si rien n’est fait, nous compterons une carence de 61.000 lits de convalescence. Le Rhône et le Nord, qui subissent déjà le manque de places en maison de retraite, seront les touchés.
 
Pour garantir une qualité de soins identiques à celle d’aujourd’hui (qui n’est d’ailleurs pas toujours optimale), il faudrait accroitre le nombre de fonctionnaires hospitaliers de près de 110.000, soit près de 43% en plus pour atteindre l'équivalent de 363.000 postes dédiés aux hospitalisations de personnes âgées en 2030. Paris, le Nord et le Rhône devront recruter massivement. Ce sont les Alpes-de-Hautes Provence (+56,3%) et l’Aude (+56,1%) qui auront, proportionnellement, les efforts les plus importants à fournir.
 
Dernier point : le budget associé au travail de ces fonctionnaires en lien avec le grand-âge s’élèverait à 13,4 milliards d'euros (contre 9,9 milliard en 2016), financés par les cotisations sociales et les impôts. « Dès lors, le rôle de l’État reste primordial pour maintenir un équilibre entre les régions. Car si le financement était décentralisé, les habitants des départements à faible dynamisme économique subiraient de plein fouet cette augmentation de cotisations (la Creuse 1.110 euros/actif, la Haute-Vienne 1.008 euros/actif et l'Allier 910 euros/actif) » conclut le communiqué de ce site web.

Publié le 23/03/2017 à 01:00 | Lu 3017 fois