Journée nationale des aides à domicile : trois questions à Julie L'Hotel Delhoume

Alors qu’avait lieu le 17 mars dernier, la première édition de la Journée nationale des aides à domicile, visant à mettre en lumière la place essentielle que cette profession occupe dans notre société auprès de nos concitoyens les plus fragiles, Julie L’Hotel Delhoume* revient en trois questions sur le rôle des assistants de vie pour répondre aux enjeux du vieillissement de la population et rendre possible le souhait majoritaire des Français de vivre chez eux le plus longtemps possible.



Ce 17 mars 2023 se tenait la première édition de la Journée nationale des aides à domicile, que vous inspire-t-elle ?

La journée nationale dédiée aux aides à domicile est l’occasion de donner un coup de projecteur sur une profession qui manque injustement de reconnaissance malgré le rôle fondamental qu’elle joue au quotidien dans la société auprès de nos aînés au quotidien.
 
Dans le secteur de l’emploi à domicile, ce sont ainsi près d’un million de particuliers employeurs fragiles qui sont accompagnés par presque 550.000 assistants de vie. Ces professionnels participent à l’accompagnement de la perte d’autonomie dans le contexte d’une population vieillissante qui constitue un véritable défi démographique.
 
Notre secteur est, par ailleurs, très attaché au principe du libre choix du mode d’intervention, le seul de nature à garantir à la personne accompagnée la maîtrise de son autonomie.
 
L’emploi direct d’un salarié ou par l’intermédiaire d’un mandataire constitue un mode d’intervention permettant à la personne en perte d’autonomie de déterminer parfaitement et personnellement l’accompagnement dont elle a besoin dans l’accomplissement des tâches du quotidien.
 
C’est aussi le meilleur moyen de tisser un lien de confiance, non marchand, et durable avec le salarié qu’elle emploie.
 
Cette journée, plus généralement encore, permet de mettre en lumière le secteur des particuliers employeurs et de l’emploi à domicile. Ce secteur, unique et citoyen, se structure à l’aide d’un dialogue social dynamique au service de la garantie de droits sociaux pour les salariés du particulier employeur.
 
Ainsi, la convention collective garantit un certain nombre de droits grâce à la mutualisation des moyens des particuliers employeurs, je pense singulièrement à la formation professionnelle, à l’indemnité conventionnelle de départ volontaire à la retraite, à la prévoyance, aux activités sociales et culturelles et à la santé au travail.
 
Notre secteur est, plus que jamais, contributeur des politiques publiques en matière de perte d’autonomie.

Vous parliez de libre choix, est-on libre de recourir à l’emploi direct sur l’ensemble du territoire ?

La réponse est clairement et malheureusement non ! En théorie, aucun département ne peut refuser le choix d’une personne quant au mode d’intervention choisi.
 
Toutefois, en pratique, le montant de l’APA en emploi direct et mandataire varie toujours d’un territoire à un autre alors que les bénéficiaires de services à la personne disposent d’un montant de l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) plancher garanti par la Sécurité sociale.
 
Cette inégalité de traitement d’un mode d’intervention à un autre, d’un département à l’autre, oriente sensiblement et artificiellement la personne en perte d’autonomie vers les services à la personne au détriment de l’emploi à domicile entre particuliers et au mépris du libre choix.
 
Le particulier employeur devrait disposer d’un dispositif similaire, un tarif socle pour le particulier employeur, lui permettant d’assurer financièrement l’accompagnement de la perte d’autonomie. En plus d’assurer la prise en charge de la personne en perte d’autonomie et le libre choix du mode d’intervention, un tel dispositif serait de nature à revaloriser le salaire des assistants de vie.

Qu’en est-il pour les particuliers employeurs en situation de handicap ?

Les personnes en situation de lourd handicap affectionnent particulièrement le modèle de l’emploi à domicile compte tenu du lien privilégié tissé avec l’assistant de vie. C’est un binôme qui se constitue entre employeur et salarié, entre personne accompagnée et accompagnant, entre personne vulnérable et assistant de vie.
 
Toutefois, le montant de la prestation de compensation du handicap (PCH) demeure trop faible et ne comprend pas encore toutes les dépenses inhérentes à la relation contractuelle. Toutes ces dépenses qui ne sont pas assurées par la PCH reposent sur l’allocation adulte handicapée (AAH), précarisant d’autant nos concitoyens les plus vulnérables.
 
C’est pourquoi notre secteur milite pour une revalorisation du montant de la PCH et pour l’élargissement de son périmètre afin de prendre en compte l’ensemble des dépenses relatives à la relation contractuelle entre particulier employeur en situation de handicap et assistant de vie.Possibilité d’interview sur demande avec Julie L’Hotel Delho
 
*Julie L’Hotel Delhoume est la présidente de la délégation Ile-de-France de la Fepem, l’organisation socioprofessionnelle représentative des particuliers employeurs qui contribue à structurer le secteur de l’emploi à domicile entre particuliers depuis 70 ans. Elle représente les 3,3 millions de particuliers qui emploient à domicile plus d’1,3 million de salariés.

Publié le 30/03/2023 à 03:00 | Lu 4042 fois