HAS : diagnostiquer plus précocement la dénutrition des 70 ans et plus

La Haute Autorité de Santé (HAS), vient d’actualiser ses recommandations sur la dénutrition chez les 70 ans et plus, les plus à risque d'être exposés à ce problème et chez qui les conséquences peuvent être dramatiques. Elle fournit ainsi à ceux qui s’occupent des ainés des outils pour leur permettre d'identifier plus précocement les personnes âgées dénutries.





La dénutrition touche près de 3 millions de Français, parmi lesquels au moins un tiers a plus de 70 ans. Cette situation est préoccupante car la dénutrition s'accompagne d'une hausse des chutes, des fractures, des hospitalisations, des infections nosocomiales, de la perte d'autonomie et de la mortalité, quelle que soit la cause de la dénutrition.
 
Qui plus est, ces complications sont elles-mêmes des facteurs de dénutrition, installant les personnes âgées dans un cercle vicieux qui peut accélérer la fin de vie ! Les études montrent en effet que le risque de dénutrition s'accroît avec la perte d'autonomie : ainsi, près d'une personne âgée dénutrie sur 7 vit à domicile et près d'un quart dans une unité de soins de longue durée.
 
La définition de la dénutrition chez les ainés est semblable à celle des plus jeunes. Il s'agit d'un organisme en déséquilibre nutritionnel. Cependant certaines spécificités sont propres aux 70 ans et plus. Le diagnostic de la dénutrition dans cette population intègre ainsi des critères telle que la sarcopénie (perte de force musculaire)
 
Il faut savoir que le diagnostic de la dénutrition chez une personne âgée de 70 ans et plus repose sur un examen clinique qui doit permettre de repérer l'association d'au moins deux critères. Il faut au minimum 1 critère phénotypique, relatif à l'état physique de la personne, et au minimum 1 critère étiologique, c'est-à-dire lié à une cause possible de la dénutrition.
 
• Perte de poids ≥ 5 % en 1 mois ou ≥ 10% en 6 mois ou ≥ 10 % par rapport au poids habituel avant le début de la maladie ;
• IMC (indice de masse corporelle) < 22 kg/m ² ;
• Sarcopénie confirmée par l'association d'une réduction de la force et de la masse musculaire, conformément au Consensus Européen (EWGSOP 2019).

Les critères étiologiques sont les suivants (1 seul critère suffit) :
• Réduction de la prise alimentaire ≥ 50% pendant plus d'une semaine ou toute réduction des apports pendant plus de deux semaines par rapport à la consommation habituelle ou aux besoins protéino-énergétiques.
• Absorption réduite (malabsorption/maldigestion).
• Situation d'agression (avec ou sans syndrome inflammatoire) : pathologie aiguë ou pathologie chronique évolutive ou pathologie maligne évolutive.
 
Lorsque la situation de la personne âgée évolue et permet la disparition du critère étiologique, par reprise de l'alimentation ou à la suite de la guérison d'une maladie par exemple, cela ne doit pas modifier le diagnostic de dénutrition tant que persiste le critère phénotypique. C'est seulement lorsque les deux critères sont améliorés que l'état de dénutrition est résolu.
 
Une fois posé le diagnostic de dénutrition, il est recommandé de poursuivre les investigations et de réaliser un bilan étiologique complet à la recherche de toutes les causes possibles de dénutrition chez la personne concernée.
 
Trois critères de sévérité sont à prendre en compte
Une dénutrition est considérée comme sévère chez une personne de 70 ans et plus lorsqu'au moins un des trois critères suivants est présent :
• Un IMC inférieur à 20 kg/m2;
• Une perte de poids supérieure ou égale à 10% en 1 mois, supérieure ou égale à 15% en 6 mois ou par rapport au poids habituel avant le début d'une maladie ;
• Un dosage pondéral de l'albuminémie avec un résultat inférieur à 30 g/L, mesuré soit par immunonéphélémétrie soit par immunoturbidimétrie qui sont les seules méthodes fiables.
 
Diagnostiquer la dénutrition, en rechercher les causes et en établir la sévérité ne suffit pas. Il faut la prendre en charge et surveiller l'état nutritionnel.
 
La surveillance de l'état nutritionnel d'une personne de 70 ans et plus ne relève pas de sa seule responsabilité, elle doit impliquer les proches aidants, les professionnels du « care ». Elle requiert de peser le patient, de calculer son IMC, d'évaluer son appétit et sa consommation alimentaire et enfin, de déterminer sa force musculaire en s'appuyant sur la mesure de la force de préhension ou sur le test de lever de chaise.
 
Pour ce qui concerne la fréquence, cette surveillance dépend du lieu de vie des personnes âgées :
• 1 fois par mois à domicile et à chaque consultation ;
• A leur entrée à l'hôpital, puis toutes les semaines pour celles qui sont hospitalisées en MCO (médecine, chirurgie, obstétrique) et SSR (soins de suite et de réadaptation) ;
• A leur entrée puis au moins une fois par mois pour les personnes hébergées dans un EHPAD (établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes) ou en USLD (unités de soins de longue durée). Elle doit être plus fréquente en cas d'évènement médical (infection, chirurgie...) ou de diminution de l'appétit et des apports alimentaires.
• A la sortie du malade des établissements.
 
L'obésité n'exclut pas la dénutrition chez une même personne
Il est important de souligner qu'obésité et dénutrition ne sont pas incompatibles et peuvent coexister chez une même personne.
 
Ainsi, pour faire le diagnostic, il est recommandé de rechercher une perte de poids (≥ 5 % en 1 mois, ou ≥ 10% en 6 mois, ou ≥ 10% par rapport au poids habituel avant le début de la maladie) et une sarcopénie confirmée.
 
Lorsque le diagnostic de dénutrition est établi, il est recommandé de déterminer la présence de critères de sévérité. La présence d'un seul établit une dénutrition sévère : une perte de poids plus importante (≥ 10 % en 1 mois ou ≥ 15% en 6 mois ou ≥ 15% par rapport au poids habituel avant le début de la maladie) ainsi qu'une albuminémie < 30 g/L.
 
La surveillance de l'état nutritionnel des personnes âgées doit être régulière, qu'elles souffrent ou non d'obésité.

Article publié le 12/11/2021 à 01:00 | Lu 11203 fois