Générations 50 ans et + : aujourd’hui et demain ? les résultats du Baromètre Humanis 2011 (partie 1)

L’édition 2011 du Baromètre Humanis/Harris Interactive* vient d’être dévoilée. Parrainé par le ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale et piloté par Humanis -3ème groupe national de protection sociale- avec l’institut Harris Interactive et le concours de deux chercheurs, l'un à l'Université Paris Dauphine et l'autre à Toulouse Paul Sabatier, ce grand sondage est aujourd’hui une référence pour comprendre le comportement des seniors. Force des liens familiaux, dépendance, rôle de l’aidant, etc. Détails…





« Quand optimisme rime avec réalisme, pour les 50-65 ans », c’est le thème de l’édition 2011 du Baromètre Humanis / Harris Interactive « Générations 50 ans et + : aujourd’hui et demain ? ». De précieux et nombreux enseignements en ressortent.

Pour les 50-65 ans, bien vivre son âge, c’est d’abord être en bonne santé à 42%. Une large majorité (82%) d’entre eux s’estime en bonne santé aujourd’hui et se voit en moyenne vivre en bonne santé jusqu’à 79 ans, soit une vingtaine d’années de plus. 5,5% disent même espérer vivre ainsi jusqu’à 100 ans. Nous nous sommes tous déjà posés la question de l’âge jusqu’auquel nous pensions vivre. Du côté des panélistes, lorsqu’on les interroge sur le sujet, ils estiment leur durée de vie attendue dans l’absolu à 88 ans.

Un optimisme flagrant qui s’explique par les expériences vécues, l’impact des événements de vie (la maladie, la dépendance, …) et du contexte socio-économique (pouvoir d’achat, chômage, …) actuel et futur, un ensemble de facteurs anxiogènes qui pousse à voir la vie du bon côté et à profiter au maximum des années à venir.

Pouvoir d’achat et chômage : deux enjeux majeurs en 2011 pour les 50-65 ans. Viennent ensuite la santé et les retraites. La dépendance n’arrive qu’en 7ème position (avec 19%). Étonnant, car lorsqu’on les interroge sur les événements clés déterminants pour leur avenir, ils citent à 85% la maladie grave et en deuxième position la dépendance (à 80%), le signe du passage à la vieillesse. La dépendance reste un sujet tabou, générateur de stress, beaucoup plus que la mort (plus « normale »), puisqu’elle est la privation de la liberté, si chère aux yeux des 50-65 ans.

Les événements qui donnent un regain d’énergie contre les événements qui donnent « un coup de vieux ».

Pour les 50-65 ans, un divorce ou une séparation, la dépendance financière d’un proche, la maladie grave d’un proche, la dépendance financière d’un enfant ou la naissance ou l’adoption d’un enfant apporte un regain d’énergie, à l’inverse, le décès d’un proche, d’un parent, un changement d’emploi, la perte d’emploi d’un proche ou une catastrophe naturelle donne « un coup de vieux ».

Générations 50 ans et + : aujourd’hui et demain ? les résultats du Baromètre Humanis 2011 (partie 1)
Les 50-65 ans se trouvent dans une situation charnière de leur existence, partagés entre leurs ascendants et leurs descendants. Alors que l’édition 2010 du Baromètre Humanis/Harris Interactive révélait un certain hédonisme de cette tranche d’âge, un certain goût pour la liberté, ils ne sont pas pour autant égoïstes. Ils restent très attachés à la famille.

Une majorité (88%) d’entre eux exprime un fort engagement envers leur famille, étant tout à fait prêts à leur venir en aide. Néanmoins, une hiérarchie se profile entre les différents membres de la famille. L’accent est plutôt mis sur les enfants. Ils disent d’ailleurs à 69% favoriser les projets de leurs enfants aux leurs, mais privilégient davantage les leurs à ceux de leurs parents.

L’asymétrie entre les liens à l’égard des parents et ceux à l’égard des enfants est un phénomène souvent observé, sentiment probablement lié à un plus fort sentiment de responsabilité envers ses enfants, auxquels ils souhaitent donner toutes les armes pour affronter le monde de demain (concept de générativité) et perpétuer l’histoire familiale (rendre ce que nos propres parents nous ont transmis). Le sentiment de responsabilité familiale est la variable clef pour comprendre les liens envers les ascendants, et envers les descendants, pour lesquels l’aspect affectif entre encore plus en ligne de compte.

Ce qu’ils souhaitent transmettre à leurs enfants, ce sont avant tout des valeurs, puis un savoir, une culture et des traditions. La transmission d’un patrimoine n’arrive qu’en 5ème position. Une transmission de valeurs et de mémoire qui est sans doute liée à un effet d’accommodation : on a des difficultés à transmettre un patrimoine matériel, parce que l’on n’en possède pas et quand elle est possible, elle s’inscrit souvent dans une logique de don circulaire (parce que l’on a soi-même hérité), donc on se sent obligé de transmettre à son tour. Une transmission matérielle qui passe avant tout par la souscription à une assurance vie (à 61%) ou des placements financiers (à 53%). 83% des personnes interrogées ont déjà pris des mesures formalisées de transmission. C’est essentiel pour elles, pour éviter les soucis liés à la succession (à 83%) ou pour éviter les conflits (à 71%).

La moitié (49%) des 50-65 ans est confrontée à la dépendance d’un proche et 21% se présentent comme des aidants. Les aidants familiaux, une population souvent peu valorisée, car encore peu représentée, mais qui ne va pas cesser de grandir. Près d’une personne interrogée sur deux a déjà dû faire face à la dépendance d’un proche, celle d’un ascendant essentiellement. Une personne sur cinq aide un proche en situation de dépendance, principalement un parent ou un beau-parent.

À noter que les hommes n’aident pas moins que les femmes et que la part la plus importante d’aidants a entre 55 et 59 ans. Des aidants qui se caractérisent eux-mêmes plus par la générosité (à 64% contre 59% pour l’ensemble des personnes interrogées), puis par l’utilité (à 62% contre 57%). Les aidants ont recours à 51% à une aide professionnelle (pour préserver leur vie) et ont ajusté leur temps libre à 34%.

L’ajustement du temps de travail, l’aide financière et l’aide professionnelle pour le foyer sont jugés inutiles pour plus de trois aidants sur cinq. Il n’est pas facile d’être aidant, car les informations manquent sur le sujet, sur les solutions et aides disponibles. L’impact psychologique est également significatif, l’aidant étant tiraillé entre le sentiment de responsabilité familiale et la préservation de son propre bien-être, de sa liberté. On parle même parfois de la dépendance de l’aidant.

Une situation néanmoins qui peut être vécue par certains comme une fierté, comme une source de satisfaction : « J’ai eu dû mal à accepter cette situation, mais quand je vois le sourire de maman, et quand je l’entends parfois chanter, je suis heureuse. Je me dis qu’elle a accepté son handicap et qu’elle est heureuse malgré tout. Et ça, c’est grâce à moi et j’en suis fière » Francine D, 63 ans, retraitée.

Les chercheurs signalent même que la personne qui aide un conjoint se sent plus jeune et physiquement mieux (effet de comparaison). Tout comme ceux qui aident un parent, qui vont aller à la recherche d’émotions positives, profiter davantage de la vie et relativiseront plus. Les aidants : une population pivot pour l’avenir.

*Entre mai et août dernier, 1 934 panélistes (dont 326 du Baromètre 2010), âgés de 50 à 65 ans, ont été interrogés sur le web et via un blog collaboratif, pour connaître leurs attentes et leurs besoins aujourd’hui et demain, mais également leur ressenti sur leur vécu et la situation actuelle. Le questionnaire a été élaboré autour de six thèmes : les activités et styles de vie, la perception de leur âge, les événements de vie, la dépendance, les relations intergénérationnelles et la transmission du patrimoine.

Article publié le 22/09/2011 à 10:48 | Lu 3043 fois