Financement de la « grande fragilité » et rôle de la CNSA, chronique par Serge Guérin

Il paraît essentiel de rappeler que l’autonomie des personnes ne peut être possible sans que soit assuré un bouclier minimal de sécurité. Or, l’autonomie s’acquiert par le « porte-monnaie » pour reprendre une formule de Simone de Beauvoir à propos du travail des femmes.


La personne fragilisée conserve son libre arbitre et son autonomie dès lors qu’elle n’est pas dépendante du bon vouloir de la famille, du voisinage ou de la charité.

Il s’agit de mettre en place une sorte de bouclier universel de compensation du handicap. Et cela quelque soit l’âge, pour en finir avec cette frontière détestable entre les handicaps de naissance ou de vie et ceux vécus par les plus de 60 ans.

Organiser la solidarité vis-à-vis des plus fragiles à l’échelle de la Nation permet de développer une vision globale la personne âgée et non de la « découper » en tranches. La piste qui me semble la plus opératoire consiste à confier à la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie), qui a déjà la responsabilité du financement des prestations handicap et grand âge, la collecte et la gestion des fonds et la garantie d’un traitement équitable sur l’ensemble du territoire. Elle a développé un savoir faire reconnu par tous dans la gestion et la répartition des crédits.

Sans doute que la CNSA peut assumer le rôle d’arbitre chargé de permettre l’équité entre les territoires pour répartir au mieux les sommes collectées. Les départements les plus riches ont à soutenir les plus modestes. Ceux qui voient partir leur population vieillissante devraient contribuer à financer les conseils généraux qui accueillent ces populations.

Serge Guérin
Professeur à l’ESG
Vient de publier Vive les vieux !, Editions Michalon
Financement de la « grande fragilité » et rôle de la CNSA, chronique par Serge Guérin

Publié le 13/05/2008 à 10:28 | Lu 6429 fois