Et si on traitait le diabète avec des anti-inflammatoires ?

Et si le diabète pouvait se traiter à l'aide d'un anti-inflammatoire ? C’est ce que suggèrent des travaux de recherche publiés dans la revue scientifique Diabetes qui montrent que les cellules adipeuses des personnes obèses produisent des leucotriènes, molécules favorisant l’inflammation et la résistance à l'insuline, première étape vers un diabète... Une nouvelle cible potentielle pour lutter contre l'inflammation associée au diabète et donc… contre le diabète lui-même !





Plusieurs études ont montré que l'obésité s'accompagnait d'une inflammation au niveau du tissu adipeux et qu'elle contribuait à la résistance à l'insuline, au diabète et aux maladies cardiovasculaires.

Mais les mécanismes d'apparition de cette inflammation restaient mal connus. Quelques travaux ont pointé du doigt une augmentation de la concentration de leucotriènes dans les tissus adipeux des personnes obèses.

Plus concrètement, ces molécules sont des lipides capables de se fixer sur la membrane des cellules et d'attirer des cellules pro-inflammatoires comme des macrophages et des lymphocytes T. Elles sont déjà connues pour leur rôle inflammatoire chez les patients asthmatiques.

Pour en savoir plus sur le rôle de ces molécules chez les patients obèses, des chercheurs de l'Inserm ont étudié la production et la fonction de ces leucotriènes dans des tissus adipeux humains de personnes de poids normal à obèses ayant un indice de masse corporel compris entre 21 et 38, ainsi que chez des souris.

Ils ont constaté que la production de ces leucotriènes se faisait par les cellules adipeuses elles-mêmes. Elle augmente avec la prise de poids et est proportionnelle à la taille de ces cellules du tissu adipeux. Ce phénomène s'accompagne du recrutement croissant de cellules et de molécules pro-inflammatoires dans le tissu adipeux et d'une augmentation de la résistance à l'insuline, première étape vers l'apparition d'un diabète…

Les chercheurs ont ensuite confirmé le rôle de ces lipides en travaillant sur des souris génétiquement modifiées rendues déficientes en leucotriènes. Soumises à un régime riche en graisses, elles présentaient une meilleure sensibilité à l'insuline que leurs acolytes sauvages.

L’équipe est d’ailleurs parvenue à bloquer la synthèse de ce lipide chez des souris obèses, grâce au zileuton, molécule utilisée comme anti-inflammatoire dans l'asthme. La prise de ce médicament a réduit l'inflammation locale et la résistance à l'insuline.

« Nous observons ces résultats après seulement deux semaines de traitement » a précisé Jaap Neels (Inserm U 1065), co-auteur des travaux. « Les leucotriènes apparaissent donc comme une nouvelle cible potentielle pour lutter contre l'inflammation associée au diabète et le diabète lui-même. Pour confirmer ces travaux, il serait intéressant d'étudier un groupe de patients asthmatiques et obèses traités par zileuton, afin de voir si ce produit permet effectivement de réduire leur résistance à l'insuline ».

Article publié le 05/07/2012 à 12:50 | Lu 1460 fois