Des obsèques nationales pour le dernier des poilus

Alors que Louis de Cazenave est décédé le 20 janvier 2008, le dernier des 8.5 millions de poilus français de la première guerre mondiale, Lazare Ponticelli a finalement accepté des « obsèques nationales sans tapage important et ni de grand défilé » après avoir refusé à plusieurs reprises cette cérémonie, comme la plupart de ses congénères d’ailleurs.


Finalement, Lazare Ponticelli a indiqué jeudi dernier dans le quotidien Le Parisien/Aujourd’hui en France, qu’il a décidé « d'accepter des obsèques nationales au nom de tous ceux qui sont morts, hommes et femmes ». Et de préciser « si c'est dans la dignité, sans tapage important, ni de grand défilé », en souhaitant « une messe aux Invalides en hommage à mes camarades morts dans cette horreur de la guerre et auxquels j'ai promis de ne jamais les oublier ».

Rappelons que selon une décision de l'ancien président de la République Jacques Chirac, prise en 2005 lors d'une réunion du Haut Conseil de la mémoire combattante à l'Elysée, le dernier poilu devait avoir droit à des « obsèques solennelles de portée nationale ».

Après le décès de Monsieur Louis de Cazenave, dimanche 20 janvier 2008, la France ne compte plus qu'un seul survivant de la Grande Guerre. Il s'agit de Lazare Ponticelli, 111 ans.

Italien, immigré en France à 9 ans, Lazare a 15 ans quand il ramone des maisons à
Nogent-sur-Marne puis devient crieur de journaux à Paris. Il se souvient : « Je distribuais
L’Intransigeant, entre le Bon Marché et la Bastille. Le jour où Jaurès a été assassiné, rue du Croissant, je me suis retrouvé en rupture de stock. »

Quand la guerre éclate, il veut défendre la France, son pays d’accueil : « c’est ma manière de dire merci. » Sur le front à Soissons, dans l’Argonne puis à Douaumont, il est d’abord affecté à creuser des fosses pour enterrer les morts et ensuite des tranchées.

En 1915, l’Italie entre en guerre et Lazare est enrôlé dans le 3ème régiment de chasseurs alpins italiens pour combattre les autrichiens dans le Tyrol. Il n’accepte pas cette décision et se cache mais il est ramené à Turin de force.

« C’est à la face qu’une balle autrichienne m’a atteint. Le sang me coulait dans les yeux.
Je me suis dit que si je m’arrêtais, j’étais mort. J’ai continué à tirer malgré la blessure. Et tout à coup, les Autrichiens sont sortis. Ils agitaient des torchons blancs… Un peu plus tard, j’ai été transféré dans un hôpital à Naples


« Mon meilleur souvenir, c’est les lettres que m’envoyait ma marraine de guerre, une porteuse de lait que j’avais rencontré avant de partir sur le front. Ne sachant ni lire ni écrire, c’est des copains qui m’aidaient

« Dans le Tyrol, nous étions dans les tranchées, à quelques mètres de l’armée autrichienne. On en venait même à échanger nos boules de pain contre leur tabac. Mais au bout de quelques jours, n’entendant plus de bruits de balles, les états-majors se sont méfiés et ont changé les bataillons des premières lignes. »

« On a appris l’armistice sur le front. Tous les gars levaient les bras en l’air. Mais les chasseurs alpins italiens m’ont gardé jusqu’en 1920, avant que je réussisse à rentrer en France. » De retour en 1921, il fonde, avec ses deux frères, l’entreprise de chauffage et de tuyauterie « P. Frères » qui devient une grande entreprise nationale. Elle compte aujourd’hui près de 2 000 salariés qui travaillent dans le domaine du pétrole et du nucléaire.

Durant la Seconde Guerre mondiale, il a réussi à faire perdurer son entreprise en zone sud et après 1942, s’est investi aux côtés de la résistance parisienne. Le 19 février 2006, Lazare a reçu la médaille de « Citoyen d’honneur » de la Ville de Nogent-sur-Marne, où il est arrivé d’Italie en 1906.

Source : Onac

Publié le 25/01/2008 à 11:17 | Lu 4993 fois