Claude Barzotti : « Je suis un chanteur d’émotions »

Telle une hirondelle revenant d’un long voyage, Claude Barzotti est de retour avec un nouvel album où il se dévoile à cœur ouvert. De confidences en confidences, de blessures en cicatrices, il s’est confié au reporter du magazine Nos tendres et douces années, se laissant gagner par l’émotion au fil de ses réponses. Rencontre avec un rital très attachant.


Je reviens d’un trop long voyage,
J’ai jeté mes bouteilles à la mer.
J’veux plus jamais voir les rivages,
Les pièges empoisonnés de l’enfer.
Je reviens d’un si long voyage,
D’un vrai paradis artificiel.
Crois-moi, crois-moi pas,
Je m’engage à sortir enfin de ce tunnel.


Nos Tendres et Douces Annés : tel est le refrain de votre prochain titre « Je reviens d’un voyage ». À quel genre de voyage faites-vous allusion ?
Claude Barzotti : Pour être sincère avec vous, je dois vous avouer que j’ai un peu picolé dans ma vie, j’ai donc écrit une chanson sur ce long voyage qu’est la boisson.

NTDA : quelle est la recette Barzotti lorsque vous composez une chanson : vous construisez d’abord le texte ou la mélodie ?
Claude Barzotti : ça c’est une très bonne question. Eh bien, je pars toujours d’un titre. Quand j’ai commencé avec « Madame » j’avais 20 ans et j’avais rencontré une dame qui en avait le double. J’ai eu le flash et ne sachant pas comment elle s’appelait, je l’ai intitulé tout simplement « Madame ».

NTDA : Peut-on chanter des chansons d’amour à 20 ans comme à 55 ans ? Les sentiments changent-ils beaucoup ?
Claude Barzotti : disons qu’on est plus fébrile à 20 ans. Mais je ne chante pas que l’amour, je ne suis pas Iglesias ! Je suis plutôt un chanteur d’émotions. En fait j’ai écrit une chanson sur l’incommensurable tendresse que j’ai pour ma mère, une autre dédiée à mon père, mais aussi sur mes meilleurs amis. L’amitié aussi compte beaucoup mais je ne chante pas que l’amour.

NTDA : Comment vivez-vous votre cinquantaine ?
Claude Barzotti : Je la vis comme d’habitude, en solitaire avec un petit chat que j’ai depuis le 6 décembre 2001 très exactement. Sinon je n’ai jamais été marié mais cela ne m’a pas empêché d’avoir deux filles que j’aime plus que tout et à qui j’ai également consacré deux chansons « Vanessa » et « Sarah ».


NTDA : Justement, si vos filles vous faisaient part de leur désir de chanter, quels conseils leur donneriez-vous ?
Claude Barzotti : Elles feront ce qu’elles voudront. Je ne vois pas pourquoi je leur interdirais de chanter. Il y en a une qui a 32 ans et la dernière vient d’en avoir 17, elle a donc encore le temps…

NTDA : Pouvez-vous nous parler de la fidèle amitié qui vous liait avec le regretté Bernard Estardy avec qui vous avez longuement travaillé ?
Claude Barzotti : J’ai recommencé à retravailler sérieusement la musique en 1980 (ndlr : Claude a sorti son premier disque sous le nom de Franco Angeli en 1970, ainsi que plusieurs 45 tours jusqu’en 1980 sans rencontrer le succès). J’avais arrêté de chanter et en 1981, les producteurs de « La danse des canards », Michel et Pierre Célie, m’ont donné un coup de fil me disant qu’ils voulaient me voir. Je pensais que c’était une blague ! Lorsqu’ils m’ont posé la question de savoir qui j’aimerais comme directeur artistique, j’ai tout de suite répondu que je souhaitais Bernard Estardy qui était un géant de studio.

NTDA : Adolescent, quelles étaient vos idoles ?
Claude Barzotti : Elles n’étaient pas françaises car j’avais surtout une culture italienne : Lucio Battisti qui a révolutionné la chanson italienne car jusque-là, nous avions surtout des chanteurs dit « à voix », et lui est arrivé avec une voix fluette. Mais j’aimais aussi Sardou avec sa « Maladie d’amour », Gérard Lenorman et Mike Brant (nous avons eu tous les deux Charles Talar comme producteur).

NTDA : Vous participez à la nouvelle tournée des idoles « Âge tendre et tête de bois ». Comment êtes-vous arrivé dans cette aventure ?
Claude Barzotti : Lorsque l’on m’a contacté, je pensais que je n’avais rien à faire avec cette tournée car ces artistes ont une génération de plus que moi. Puis les producteurs ont insisté et je suis allé voir un concert. J’en suis sorti agréablement surpris. Les musiciens sont extraordinaires et l’ambiance merveilleuse. J’ai ensuite remplacé plusieurs fois Demis Roussos.

NTDA : Quels souvenirs gardez-vous de votre passage à l’Olympia en 2004 ?
Claude Barzotti : Vous savez, on monte sur la scène de cette salle mythique avec plus de peur que d’habitude. On a toujours peur de se faire descendre par les journalistes parisiens. Sinon le public a été très chaleureux avec moi.

NTDA : Quel style de musique écoutez-vous ?
Claude Barzotti : J’ai des goûts complètement éclectiques. J’adore le musette et le rap, du moment que c’est bien fait.

NTDA : Quel est votre public ?
Claude Barzotti : Je me souviens qu’en 1986, lorsque j’ai chanté dans la plus grande salle à Montréal, il n’y avait qu’un seul homme : le portier (rires). En fait, il n’y avait que des femmes. Actuellement, il y a beaucoup plus d’hommes qu’auparavant.

NTDA : Avez-vous déjà songé à écrire votre autobiographie ? Est-il facile de se dévoiler ?
Claude Barzotti : Oui je l’ai déjà commencée. Mais c’est très compliqué c’est vrai. J’ai la chance de travailler avec Anne-Marie Gaspard qui me connaît très très bien. Je profite d’ailleurs pour vous dire qu’on écrit ensemble une comédie musicale intitulée « Les nouveaux nomades ». C’est l’histoire de banlieusards de cultures et religions différentes, avec au milieu de tout ça, une belle histoire d’amour.

NTDA : Chez les Italiens, on sait que la famille compte énormément. Mais parfois, elle peut être très imposante. Votre chanson « C’est ça la famille » (1989) restitue bien les choses sur le sujet. Quels souvenirs gardez-vous de votre enfance ?
Claude Barzotti : Que de bons souvenirs. J’ai eu une enfance très heureuse même si mes parents étaient fauchés. Le temps des vaches maigres, j’ai connu. Je n’ai jamais eu un jouet car ils n’avaient pas les possibilités de me l’offrir. Mes parents ont toujours vécu à deux familles pour payer le loyer moins cher, le chauffage et le reste. C’est pour mes 6 ans qu’ils ont enfin pu m’offrir quelque chose. Ce fut d’abord un accordéon, puis pour mes 12 ans, enfin, une guitare. De là j’ai commencé à écrire mes premières chanson à 17 ans.

NTDA : Imaginez-vous un jour prendre votre retraite ?
Claude Barzotti : Non, même si je sais qu’il faudra pourtant un jour se retirer. Mais moi, je n’en ai pas envie. Je m’emmerderais vite chez moi ! (rires).

Propos recueillis par Teddy Lévy

Fan-Club Claude Barzotti

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Publié le 05/08/2008 à 10:43 | Lu 21403 fois